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Cosima Dannoritzer - Prêt à jeter - documentaire

  • 0:28 - 0:30
    Voici Marcos, de Barcelone.
  • 0:30 - 0:34
    Mais ce pourrait être
    n'importe qui, n'importe où.
  • 0:35 - 0:38
    Il va être confronté à quelque chose
    qui arrive tous les jours
  • 0:38 - 0:40
    dans les bureaux et les foyers
    du monde entier.
  • 1:00 - 1:02
    L'imprimante ne fonctionne plus,
  • 1:02 - 1:06
    et le fabricant dirige Marcos
    vers le service technique.
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    Le technicien va faire un devis,
  • 1:10 - 1:13
    mais le devis coûte 15 euros hors taxes.
  • 1:13 - 1:16
    Ce sera difficile de trouver
    les pièces pour la réparer.
  • 1:16 - 1:19
    Ça ne vaut pas la peine de la réparer.
  • 1:19 - 1:22
    La réparer coûterait entre
    115 et 120 euros.
  • 1:22 - 1:24
    Il y a des imprimantes
    à partir de 39 euros.
  • 1:24 - 1:27
    Je te conseille de prendre
    une imprimante neuve.
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    Je pense que j'en achèterai plutôt
    une neuve.
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    Ce n'est pas un hasard
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    si les trois vendeurs recommandent
    d'acheter une nouvelle imprimante.
  • 1:36 - 1:40
    S'il accepte, Marcos sera
    une victime de plus
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    de l'obsolescence programmée.
  • 1:42 - 1:46
    Le mécanisme secret situé au cœur
    de notre société de consommation.
  • 1:49 - 1:51
    Notre but dans la vie
    est de consommer à crédit,
  • 1:51 - 1:55
    d'emprunter de l'argent pour acheter
    des choses dont nous n'avons pas besoin.
  • 1:55 - 1:59
    Nous vivons dans une société dominée
    par une économie de croissance
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    dont la logique est
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    non pas croître pour satisfaire
    les besoins
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    mais croître pour croître.
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    Si le consommateur n'achète pas,
    il n'y aura pas de croissance économique.
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    Obsolescence programmée :
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    volonté de la part du consommateur
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    de posséder quelque chose,
  • 2:21 - 2:23
    d'un peu plus neuf,
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    un peu plus tôt que nécessaire.
  • 2:27 - 2:31
    Ce film révèle comment
    l'obsolescence programmée
  • 2:31 - 2:34
    a défini notre vie depuis les années 20,
  • 2:34 - 2:35
    quand les fabricants
  • 2:35 - 2:38
    ont commencé à raccourcir
    la durée de vie des produits
  • 2:38 - 2:40
    pour augmenter les ventes.
  • 2:40 - 2:45
    Ils décidèrent donc de limiter
    la durée de vie à mille heures.
  • 2:47 - 2:50
    Nous découvrirons comment
    les designers et les ingénieurs
  • 2:50 - 2:51
    ont été contraints d'adopter
  • 2:51 - 2:53
    de nouvelles valeurs et
    de nouveaux objectifs.
  • 2:53 - 2:58
    Ils ont dû retourner à leur planches
    pour concevoir quelque chose
  • 2:58 - 2:59
    de plus fragile.
  • 2:59 - 3:00
    « Tout ça c’est prévu.
  • 3:00 - 3:02
    La durée de tout est calculée pour que,
  • 3:02 - 3:04
    quand vous avez fini de payer,
    ce soit foutu »
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    UTILISEZ PUIS JETEZ!
  • 3:07 - 3:10
    Une nouvelle génération de consommateurs
  • 3:10 - 3:13
    a commencé à s'opposer aux fabricants.
  • 3:15 - 3:17
    Est-il possible d'imaginer
    une économie viable
  • 3:17 - 3:19
    sans obsolescence programmée
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    et son impact sur l'environnement?
  • 3:22 - 3:25
    Les générations futures
    ne nous pardonneront jamais
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    quand elles découvriront la vérité
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    sur le mode vie gaspilleur
    des gens dans les pays développés.
  • 3:34 - 3:35
    ACHETER
  • 3:35 - 3:36
    JETER
  • 3:36 - 3:37
    ACHETER
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    L'HISTOIRE SECRÈTE DE
    L'OBSOLESCENCE PROGRAMMÉE
  • 3:44 - 3:46
    Bienvenus à Livermore, en Californie
  • 3:46 - 3:49
    où on trouve la plus ancienne
    ampoule du monde.
  • 3:50 - 3:55
    Je m'appelle Lyn Owens et je préside
    le Comité de l'Ampoule.
  • 3:57 - 4:00
    En 1972,
  • 4:00 - 4:03
    nous avons découvert que
    l'ampoule suspendue
  • 4:03 - 4:07
    au plafond de la caserne des pompiers,
    était unique.
  • 4:14 - 4:18
    L'ampoule de Livermore fonctionne
    sans interruption
  • 4:18 - 4:20
    depuis 1901.
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    Pour le moment,
    elle à survécu à 2 webcams
  • 4:23 - 4:26
    et elle en est à sa troisième.
  • 4:33 - 4:35
    En 2001, pour les 100 ans de l'ampoule,
  • 4:36 - 4:39
    Livermore a organisé
    une grande fête d'anniversaire.
  • 4:39 - 4:41
    À l'américaine!
  • 4:42 - 4:46
    Nous pensions réunir
    200 personnes au maximum,
  • 4:46 - 4:49
    et finalement, c'est 800 ou 900 personnes
    qui sont venues.
  • 4:49 - 4:51
    Une nation sous la protection de Dieux,
  • 4:51 - 4:55
    indivisible, avec liberté et
    justice pour tous.
  • 4:55 - 4:59
    Vous imaginez chanter Joyeux Anniversaire
    à une ampoule?
  • 4:59 - 5:01
    Nous non plus, et pourtant ils l'ont fait!
  • 5:01 - 5:05
    Joyeux anniversaire, chère ampoule,
  • 5:06 - 5:10
    Joyeux anniversaire!
  • 5:15 - 5:19
    L'ampoule originale a été fabriquée
    à Shelby, dans l'Ohio,
  • 5:20 - 5:22
    vers 1895
  • 5:22 - 5:26
    et assemblée par ces dames,
    dont j'ai quelques photos,
  • 5:26 - 5:30
    et par des homme qui avaient investi
    dans cette entreprise.
  • 5:30 - 5:33
    Le filament à été inventé par
    Adolphe Chaillet
  • 5:33 - 5:36
    Il a été conçu pour durer.
  • 5:42 - 5:45
    Pourquoi a-t-il duré? Je l'ignore.
  • 5:45 - 5:48
    Il a emporté le secret avec lui.
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    La formule pour le filament longue durée
  • 5:51 - 5:55
    n'est pas le seul mystère
    dans l'histoire des ampoules.
  • 5:55 - 5:56
    Il y a une autre énigme de taille :
  • 5:56 - 5:58
    comment, et pourquoi,
    ce simple produit
  • 5:59 - 6:01
    est-il devenu la première victime
  • 6:01 - 6:03
    de l'obsolescence programmée?
  • 6:05 - 6:08
    Le Noël de 1924 a été très spécial,
  • 6:08 - 6:13
    À Genève, des hommes en costume
    se réunirent
  • 6:13 - 6:15
    pour concevoir un plan secret :
  • 6:15 - 6:18
    ils allaient fonder le premier
    cartel international.
  • 6:19 - 6:23
    Leur but était de contrôler
    la production des ampoules incandescentes
  • 6:23 - 6:25
    dans tous les pays,
  • 6:25 - 6:28
    et de se partager le gateau
    du marché mondial.
  • 6:29 - 6:32
    Ce cartel s'appellait Phoebus.
  • 6:33 - 6:36
    Phoebus rassemblait
    les principaux fabricants d'ampoules
  • 6:36 - 6:38
    d'Europe et des États-Unis,
  • 6:38 - 6:42
    et même des lointaines colonies
    d'Asie et d'Afrique.
  • 6:44 - 6:48
    Le but était d'échanger des brevets,
    de réguler la production
  • 6:49 - 6:51
    et surtout de contrôler le consommateur.
  • 6:52 - 6:57
    Ils voulaient que les consommateurs
    achètent des ampoules régulièrement.
  • 6:58 - 7:02
    Si celles-ci duraient trop longtemps,
    cela représentait un préjudice économique.
  • 7:03 - 7:08
    Au début, les fabricants cherchent à
    produire des ampoules de longue durée.
  • 7:08 - 7:11
    Le 21 octobre 1871,
  • 7:12 - 7:15
    après bon nombre d'expériences,
  • 7:15 - 7:17
    nous avons produit
    une ampoule de petite taille
  • 7:17 - 7:20
    dotée d'une résistance colossale,
  • 7:21 - 7:24
    grâce à un filament
    particulièrement stable...
  • 7:25 - 7:30
    En 1881, Edison commercialisa
    sa première ampoule.
  • 7:30 - 7:33
    Elle avait une durée de vie
    de 1500 heures.
  • 7:34 - 7:38
    En 1924, quand Phoebus fut fondé,
  • 7:38 - 7:42
    les fabricants annonçaient avec orgueil
    des durées de vie de 2500 heures
  • 7:42 - 7:45
    et insistaient sur la longévité
    de leurs ampoules.
  • 7:45 - 7:51
    Le cartel a estimé qu'il fallait limiter
    la durée de vie des ampoules
  • 7:52 - 7:54
    à 1000 heures.
  • 7:58 - 8:03
    En 1925, le « Comité des
    1000 heures de vie » est créé
  • 8:03 - 8:08
    dans le but de limiter la longévité
    des ampoules à cette durée,
  • 8:08 - 8:11
    grâce à des moyens techniques.
  • 8:14 - 8:16
    Plus de 80 ans plus tard,
  • 8:16 - 8:18
    Elmut Euge, un historien berlinois,
  • 8:18 - 8:21
    a trouvé des preuves
    des activités du comité,
  • 8:21 - 8:24
    cachées parmi les documents internes
    des membres du cartel.
  • 8:25 - 8:27
    Des entreprises comme Philips,
    en Hollande,
  • 8:27 - 8:28
    Osram en Allemagne,
  • 8:28 - 8:30
    ou Lámparas Z, en Espagne.
  • 8:31 - 8:34
    Voici ce que dit ce document du cartel :
  • 8:36 - 8:39
    « La durée de vie moyenne
    des lampe destinées à l'éclairage général
  • 8:39 - 8:42
    ne peut être garantie,
    rendue publique ou proposée,
  • 8:42 - 8:45
    que si elle équivaut à 1000 heures. »
  • 8:47 - 8:49
    Définition de la Durée de vie
    d'une lampe
  • 8:49 - 8:53
    Sous la pression du cartel, les fabricants
    vont alors mener des expériences
  • 8:53 - 8:56
    pour concevoir une ampoule plus fragile
  • 8:56 - 8:59
    et conforme à cette nouvelle norme
    des 1000 heures.
  • 9:09 - 9:12
    La fabrication était
    rigoureusement contrôlée
  • 9:12 - 9:15
    pour s'assurer que la norme
    était bien respectée.
  • 9:17 - 9:21
    Une des mesures à consisté à installer
    des étagères avec des douilles
  • 9:22 - 9:25
    dans lesquelles on vissait
    des échantillons de chaque production
  • 9:25 - 9:29
    pour les tester.
  • 9:30 - 9:35
    Ensuite, des entreprises telles que Osram,
    consignaient méticuleusement
  • 9:36 - 9:38
    la durée de vie de chaque ampoule.
  • 9:39 - 9:42
    Phoebus mit en place une
    bureaucratie complexe
  • 9:42 - 9:44
    afin d'imposer ses règles.
  • 9:44 - 9:46
    Les fabricants étaient
    sévèrement sanctionnés
  • 9:46 - 9:50
    s'ils ne respectaient pas
    les objectifs fixés.
  • 9:55 - 9:59
    Nous avons ici une liste de 1929,
  • 9:59 - 10:03
    qui indique le montant des amendes,
    en Francs suisses,
  • 10:03 - 10:07
    payées par les membres du cartel,
  • 10:07 - 10:09
    dans le cas, par exemple,
  • 10:09 - 10:14
    où leurs ampoules
    dépassaient les 1500 heures.
  • 10:15 - 10:18
    (AMENDES POUR UNE USINE AUSTRALIENNE)
  • 10:20 - 10:23
    À mesure que l'obsolescence programmée
    produisait des résultats
  • 10:23 - 10:25
    la longévité des ampoules a
    commencé à se réduire.
  • 10:25 - 10:30
    En seulement deux ans, elle a basculé
    de 2500 à moins de 1500 heures.
  • 10:34 - 10:38
    Dans les années 40, le cartel
    avait déjà atteint son but :
  • 10:38 - 10:42
    une ampoule standard
    durait désormais 1000 heures.
  • 10:43 - 10:46
    Je comprends leurs motivations
    dans le contexte de 1932.
  • 10:47 - 10:51
    A l'époque, la durabilité
    n'était pas au centre des préoccupations
  • 10:51 - 10:57
    car ils n'imaginaient pas que la planète
    puisse avoir des ressources limitées.
  • 10:57 - 11:01
    Ils la voyaient plutôt comme
    une source abondante.
  • 11:02 - 11:08
    Paradoxalement, l'ampoule a toujours été
    le symbole des idées et de l'innovation
  • 11:08 - 11:11
    et pourtant, c'est l'un des premiers,
    et des meilleurs exemples
  • 11:11 - 11:14
    de l'obsolescence programmée.
  • 11:16 - 11:18
    Lors des décennies suivantes,
  • 11:18 - 11:21
    de nouvelles ampoules furent
    brevetées par douzaines.
  • 11:21 - 11:25
    Il y en avait même une
    qui durait 100 000 heures.
  • 11:25 - 11:28
    Mais aucune n'a été commercialisée.
  • 11:29 - 11:32
    Officiellement, Phoebus
    n'a jamais existé,
  • 11:32 - 11:35
    mais ses traces n'ont jamais disparu.
  • 11:35 - 11:39
    Leur stratégie consistait à
    changer sans arrêt de nom.
  • 11:39 - 11:43
    Ils se nommèrent
    « Cartel International de l'Électricité »,
  • 11:43 - 11:45
    puis ils changèrent encore.
  • 11:46 - 11:51
    L'important c'est que leur idée,
    en tant qu'institution, existe toujours.
  • 11:57 - 11:58
    À Barcelone,
  • 11:58 - 12:00
    Marcos n'a pas suivi
    le conseil des vendeurs
  • 12:00 - 12:03
    et n'a pas remplacé son imprimante.
  • 12:03 - 12:05
    Il est décidé à la réparer.
  • 12:05 - 12:07
    Sur Internet, il a trouvé quelqu'un
  • 12:07 - 12:10
    qui a découvert ce qui n'allait pas
    avec l'imprimante.
  • 12:13 - 12:16
    C'est le vilain petit secret
    des imprimantes à jet d'encre.
  • 12:16 - 12:20
    J'ai essayé d'imprimer et ça me dit
    que des pièces doivent être remplacées.
  • 12:20 - 12:23
    Donc, j'ai décidé de
    m'en charger moi-même.
  • 12:24 - 12:26
    Salut Marcos!
    J'ai reçu ton message.
  • 12:26 - 12:29
    Marcos a contacté l'auteur de la vidéo
  • 12:29 - 12:30
    Comment ça va?
  • 12:30 - 12:32
    J'ai regardé à l'intérieur
  • 12:32 - 12:34
    et il s'avère qu'au fond,
  • 12:34 - 12:37
    il y a une éponge réservoir
    où s'accumule l'excès d'encre.
  • 12:37 - 12:41
    Les imprimantes à jet d'encre
    nettoient constamment leurs têtes,
  • 12:41 - 12:44
    en envoyant des jets d'encre
    qui tombent dans un trou
  • 12:44 - 12:46
    au fond de l'imprimante,
    avant de finir sur l'éponge.
  • 12:47 - 12:50
    Et après un nombre déterminé de jets,
  • 12:50 - 12:54
    l'imprimante décide qu'elle est saturée
    et elle cesse de fonctionner.
  • 12:54 - 12:57
    Ils disent qu'ils ne veulent pas tâcher
    ton bureau avec de l'encre,
  • 12:57 - 12:59
    mais je crois que la vraie raison
  • 12:59 - 13:03
    c'est qu'elles sont conçues
    pour tomber en panne.
  • 13:13 - 13:16
    L'obsolescence programmée
    a surgi en même temps
  • 13:16 - 13:19
    que la production de masse
    et la société de consommation.
  • 13:20 - 13:24
    Le problème des produits conçus
    pour durer moins
  • 13:24 - 13:29
    fait partie d'un modèle qui est né
    avec la révolution industrielle
  • 13:29 - 13:33
    quand les nouvelles machines fabriquaient
    des produits à un très faible coût.
  • 13:33 - 13:35
    Ce qui était fabuleux
    pour les consommateurs.
  • 13:35 - 13:39
    Mais ils ne pouvaient pas
    suivre le rythme des machines ;
  • 13:39 - 13:41
    il y avait un énorme volume de production.
  • 13:42 - 13:47
    En 1928, un influent magazine publicitaire
    annonçait déjà
  • 13:47 - 13:52
    un produit inusable est une vraie
    tragédie pour les affaires.
  • 13:54 - 13:57
    D'ailleurs, avec la production de masse,
    les prix ont baissé
  • 13:57 - 14:00
    et les produits sont devenus
    plus abordables.
  • 14:00 - 14:03
    Les gens se sont mis à acheter par
    diversion plutôt que par nécessité.
  • 14:03 - 14:05
    La croissance économique
    s'est accélérée.
  • 14:26 - 14:29
    En 1929, le crash de Wall Street
  • 14:29 - 14:32
    stoppa net la progression de
    la toute jeune société de consommation
  • 14:32 - 14:36
    et conduit les États-Unis à une profonde
    récession économique.
  • 14:36 - 14:39
    Le chômage a atteint des
    chiffres effrayants
  • 14:40 - 14:44
    En 1933, le chômage touchait
    un quart de la population active.
  • 14:45 - 14:49
    On ne faisait plus la queue pour
    acheter mais pour demander du travail
  • 14:49 - 14:50
    et de la nourriture.
  • 14:53 - 14:57
    Une proposition radicale pour réactiver
    l'économie arriva de New York.
  • 15:00 - 15:03
    Bernard London, un éminent
    investisseur immobilier,
  • 15:03 - 15:06
    suggéra de parer à la crise
    grâce au recours obligatoire
  • 15:06 - 15:09
    à l'obsolescence programmée.
  • 15:09 - 15:12
    Ce fut la première fois que
    ce concept apparaissait par écrit.
  • 15:14 - 15:18
    London proposait que tous les produits
    aient une vie limitée,
  • 15:18 - 15:21
    avec une date d'expiration
    au delà de laquelle
  • 15:21 - 15:23
    ils seraient considérés
    comme cliniquement morts.
  • 15:23 - 15:27
    Les consommateurs devraient les renvoyer
    à une agence gouvernementale
  • 15:27 - 15:29
    pour y être détruits.
  • 15:30 - 15:33
    Il tentait de trouver un équilibre
    entre le capital et le travail
  • 15:33 - 15:36
    afin qu'il y ait toujours un marché
    pour les nouveaux produits,
  • 15:36 - 15:40
    et donc un besoin permanent
    de main d'œuvre,
  • 15:40 - 15:42
    et le capital serait récompensé.
  • 15:44 - 15:48
    Bernard London croyait qu'avec
    l'obsolescence programmée obligatoire,
  • 15:48 - 15:50
    les usines maintiendraient
    leur production,
  • 15:50 - 15:52
    les gens continueraient à consommer
  • 15:52 - 15:55
    et qu'il y aurait du travail pour
    tout le monde.
  • 16:00 - 16:02
    Giles Slade est à New York
    pour en savoir davantage
  • 16:02 - 16:05
    sur l'homme qui est derrière cette idée.
  • 16:05 - 16:07
    Il se demande si avec l'obsolescence,
  • 16:07 - 16:13
    London voulait maximiser les profits
    ou bien aider les chômeurs.
  • 16:15 - 16:16
    - J'ai une photo de Bernard London...
  • 16:16 - 16:20
    Dorotia rencontra Bernard London
    dans les années 30
  • 16:20 - 16:22
    lors d'une ballade en famille.
  • 16:22 - 16:25
    - Ne me dites rien!
  • 16:26 - 16:28
    N'est-ce pas intéressant?
  • 16:29 - 16:32
    Oui, le voilà avec son allure d'intellectuel.
  • 16:32 - 16:35
    Vous l'avez rencontré en 1933...
  • 16:35 - 16:41
    Quand j'avais 16 ou 17 ans,
    mes parents avaient une énorme Cadillac,
  • 16:41 - 16:43
    aussi grande qu'un ballon dirigeable
  • 16:43 - 16:47
    Ma mère conduisait, comme un chauffeur,
    mon père était devant
  • 16:47 - 16:51
    et les London étaient à l'arrière.
  • 16:51 - 16:55
    Papa a dit que M. London devrait
    m'expliquer sa philosophie.
  • 16:55 - 16:58
    C'était un homme très intéressant,
  • 16:58 - 17:02
    et en deux mots, il me fit part de son
    idée pour sortir de la dépression.
  • 17:03 - 17:07
    C'était un vrai désastre économique,
    bien pire qu'aujourd'hui.
  • 17:07 - 17:10
    Il était obsédé par cette idée,
  • 17:10 - 17:13
    comme un artiste avec ses tableaux.
  • 17:14 - 17:17
    Dans la voiture, il chuchotait,
  • 17:17 - 17:22
    tant il craignait que sa théorie
    ne soit trop radicale.
  • 17:23 - 17:27
    D'ailleurs, l'idée de Bernard London
    passa inaperçue
  • 17:27 - 17:31
    et l'obsolescence obligatoire ne
    fut jamais mise en place.
  • 17:36 - 17:39
    Vingt ans plus tard, dans les années 50,
  • 17:39 - 17:41
    l'obsolescence programmée refit surface
  • 17:41 - 17:43
    mais prit une tournure cruciale.
  • 17:43 - 17:46
    Il ne s'agissait plus d'obliger
    le consommateur
  • 17:46 - 17:48
    mais de le séduire.
  • 17:48 - 17:50
    Obsolescence programmée :
  • 17:50 - 17:53
    volonté de la part du consommateur
  • 17:53 - 17:57
    de posséder quelque chose
    d'un peu plus neuf, d'un peu mieux,
  • 17:57 - 18:00
    un peu plus tôt de ce qui est nécessaire.
  • 18:02 - 18:06
    C'est la voix de Brooks Stevens,
    l'apôtre de l'obsolescence programmée
  • 18:06 - 18:08
    dans l'Amérique d'avant-guerre.
  • 18:08 - 18:11
    Cet élégant designer industriel
  • 18:11 - 18:14
    a conçu de l'électroménager,
    des voitures et même des trains,
  • 18:14 - 18:17
    en se basant toujours
    sur l'obsolescence programmée.
  • 18:20 - 18:24
    En accord avec l'époque, les designs
    de Brooks Stevens
  • 18:24 - 18:26
    transmettaient une image de vitesse
    et de modernité.
  • 18:26 - 18:29
    Même sa maison était hors normes.
  • 18:29 - 18:32
    C'est la maison conçue par mon père,
    et où j'ai grandi
  • 18:32 - 18:34
    Lors de sa construction,
    en banlieue,
  • 18:34 - 18:38
    les gens pensaient que ce serait
    la nouvelle gare routière
  • 18:38 - 18:41
    car elle ne ressemblait pas
    à une maison traditionnelle.
  • 18:43 - 18:47
    Lors de la conception d'un produit,
    il était important pour mon père
  • 18:47 - 18:49
    que le produit sorte de l'ordinaire.
  • 18:49 - 18:51
    Il détestait la banalité des produits
  • 18:52 - 18:56
    qui ne suscitaient aucun désir chez
    le consommateur
  • 18:56 - 18:59
    et ne lui donnaient aucune
    envie de l'acheter.
  • 19:01 - 19:03
    Contrairement à l'ancienne
    approche européenne
  • 19:03 - 19:06
    qui consistait à créer des
    produits d'une qualité optimale
  • 19:06 - 19:07
    qui duraient pour toujours,
  • 19:07 - 19:11
    (Vous achetiez un costume de qualité
    que vous portiez de votre mariage
  • 19:11 - 19:14
    jusqu'à votre enterrement,
    sans raison d'en changer.)
  • 19:15 - 19:19
    l'approche américaine vise à rendre
    les consommateurs instaisfaits
  • 19:19 - 19:23
    du produit qu'il a utilisé
    pendant un certain temps
  • 19:23 - 19:26
    afin qu'il devienne un objet d'occasion
  • 19:26 - 19:30
    qui sera remplacé par un produit
    plus neuf et plus actuel.
  • 19:32 - 19:35
    Brooks Stevens a voyagé
    à travers tous les États-Unis
  • 19:35 - 19:36
    pour promouvoir l'obsolescence
    programmée
  • 19:36 - 19:38
    lors de conférences et de discours.
  • 19:38 - 19:42
    Ses idées furent bien accueillies et
    eurent beaucoup d'impact.
  • 19:47 - 19:49
    Les hommes comme les femmes
  • 19:49 - 19:52
    s'intéressent de plus en plus à l'allure
    des produits.
  • 19:52 - 19:58
    Ils accordent autant d'importance
    à ce qui est nouveau, beau et moderne.
  • 20:02 - 20:05
    Le design et le marketing séduisaient
    le consommateur
  • 20:05 - 20:08
    afin qu'il veuille toujours acquérir
    le dernier modèle.
  • 20:08 - 20:11
    Mon père n'a jamais créé
    délibérément
  • 20:11 - 20:16
    un produit conçu pour se détraquer
    ou être obsolète sur une courte période.
  • 20:16 - 20:22
    L'obsolescence programmée dépend
    totalement de la volonté du consommateur.
  • 20:22 - 20:27
    Personne ne le force à entrer dans
    un magasin et acheter un produit.
  • 20:28 - 20:31
    Ils font le choix d'y entrer,
    c'est leur décision.
  • 20:37 - 20:40
    Le bonheur et la liberté,
    grâce à la consommation illimitée.
  • 20:41 - 20:44
    Le style de vie américain
    des années 50,
  • 20:44 - 20:47
    a fondé les bases de l'actuelle
    société de consommation.
  • 21:02 - 21:05
    Sans obsolescence programmée,
  • 21:05 - 21:06
    ces endroits n'existeraient pas.
  • 21:09 - 21:12
    Il n'y aurait aucun produit,
    ni aucune industrie,
  • 21:13 - 21:15
    aucun designer, ni architecte,
  • 21:15 - 21:19
    il n'y aurait aucun vendeur,
    ni agent d'entretien,
  • 21:19 - 21:21
    aucun agent de sécurité.
  • 21:21 - 21:23
    Tous les emplois disparaîtraient.
  • 21:23 - 21:25
    Vous changez souvent
    de téléphone portable?
  • 21:26 - 21:27
    - Tous les 18 mois.
    - Une fois par an.
  • 21:27 - 21:29
    - Une fois par an?
  • 21:29 - 21:32
    De nos jours, l'obsolescence
    programmée
  • 21:32 - 21:35
    est enseignée dans les écoles de
    design et d'ingénierie.
  • 21:35 - 21:39
    Boris Knuf, donne des cours
    sur le cycle de vie d'un produit -
  • 21:39 - 21:42
    l'euphémisme moderne pour désigner
    l'obsolescence programmée.
  • 21:43 - 21:45
    J'ai fait des courses.
  • 21:46 - 21:48
    J'ai acheté quelques produits :
  • 21:48 - 21:48
    une poêle,
  • 21:50 - 21:52
    du sel, une chemise
  • 21:52 - 21:54
    une autre chemise...
  • 21:54 - 21:57
    On apprend aux étudiants à
    concevoir des produits
  • 21:57 - 22:00
    pour un monde commercial
    dominé par un seul objectif :
  • 22:00 - 22:02
    des achats fréquents et répétés.
  • 22:02 - 22:06
    Dites-moi quel est, à votre avis,
    la longévité du produit.
  • 22:07 - 22:09
    Quelle leur durée utile?
  • 22:11 - 22:15
    Les designers doivent comprendre
    pour quelle entreprise ils travaillent.
  • 22:15 - 22:19
    Selon son modèle commercial,
    l'entreprise détermine la fréquence
  • 22:19 - 22:22
    de renouvellement de ses produits
    ou de ses offres.
  • 22:22 - 22:27
    Les designers reçoivent cette formation
    afin de comprendre
  • 22:27 - 22:29
    et de concevoir un produit
  • 22:29 - 22:33
    en totale adéquation avec la
    stratégie commerciale de leur client.
  • 22:37 - 22:39
    L'obsolescence programmée
    est à la racine
  • 22:39 - 22:42
    de l'incroyable croissance économique
  • 22:42 - 22:45
    que le monde occidental
    a connu depuis les années 50.
  • 22:48 - 22:53
    Dès lors, la croissance est devenue
    le cheval de bataille de notre économie.
  • 22:56 - 22:58
    Nous vivons dans une
    société de croissance
  • 22:58 - 23:02
    dont la logique est non pas
    croître pour satisfaire les besoins,
  • 23:02 - 23:04
    mais croître pour croître.
  • 23:04 - 23:08
    Croître à l'infini, faire croître
    sans limites la production.
  • 23:08 - 23:11
    Et pour justifier cette croissance
    de la production,
  • 23:11 - 23:14
    faire croître sans limites
    la consommation.
  • 23:15 - 23:19
    Serge Latouche, un éminent opposant
    à la société de croissance,
  • 23:19 - 23:22
    consacre des ouvrages à ses mécanismes.
  • 23:23 - 23:26
    Il y a trois instruments fondamentaux
  • 23:26 - 23:28
    qui sont la publicité,
  • 23:28 - 23:31
    l'obsolescence programmée et le crédit.
  • 23:38 - 23:41
    Il semble que le rôle de notre
    dernière génération se limite
  • 23:41 - 23:45
    à consommer à crédit, pour acheter
    des choses dont nous n'avons pas besoin.
  • 23:45 - 23:47
    Cela n'a vraiment aucun sens.
  • 23:50 - 23:52
    Les détracteurs de
    la société de croissance
  • 23:52 - 23:55
    mettent en garde sur son manque
    de durabilité à long terme
  • 23:55 - 23:59
    car elle est basée sur une
    contradiction flagrante :
  • 23:59 - 24:02
    Celui qui croit qu'une croissance infinie
  • 24:02 - 24:04
    est compatible avec une planète finie,
  • 24:04 - 24:07
    est soit un fou, soit un économiste.
  • 24:07 - 24:11
    Le drame c'est qu'au fond, nous sommes
    tous des économistes maintenant.
  • 24:13 - 24:17
    Dans le monde, un nouveau produit
    est créé toutes les trois minutes ;
  • 24:17 - 24:20
    est-ce vraiment nécessaire?
  • 24:20 - 24:24
    Je pense que beaucoup de gens
    réalisent que les choses doivent changer
  • 24:24 - 24:28
    quand les politiciens leur
    disent qu'acheter et consommer
  • 24:28 - 24:30
    est la meilleure façon de
    relancer l'économie.
  • 24:31 - 24:33
    On peut dire qu'avec la
    société de croissance,
  • 24:34 - 24:37
    on est embarqués dans un bolide,
  • 24:37 - 24:41
    qui, désormais, manifestement
    n'a plus de pilote,
  • 24:41 - 24:45
    qui va à toute allure et dont on peut
    prévoir le destin
  • 24:45 - 24:49
    qui est soit de se fracasser
    contre un mur,
  • 24:49 - 24:51
    soit de sombrer dans un précipice.
  • 25:08 - 25:10
    En consultant des manuels d'instructions,
  • 25:10 - 25:13
    Marcos se rend compte que les ingénieurs
  • 25:13 - 25:15
    déterminent la durée de vie
    de beaucoup d'imprimantes
  • 25:15 - 25:17
    lors de leur conception.
  • 25:25 - 25:29
    Ils y parviennent en introduisant
    une puce dans l'imprimante.
  • 25:42 - 25:47
    C'est une puce EPROM qui comptabilise
    le nombre d'impressions.
  • 25:48 - 25:53
    Lorsqu'on atteint un nombre déterminé,
    l'imprimante cesse de fonctionner.
  • 26:02 - 26:06
    Que pensent les ingénieurs quand
    ils doivent concevoir un produit
  • 26:06 - 26:07
    pour qu'il tombe en panne.
  • 26:07 - 26:11
    Le dilemme est repris dans un classique
    du cinéma britannique de 1951
  • 26:11 - 26:15
    dans lequel un chimiste
    invente un fil inusable.
  • 26:16 - 26:18
    Il pense avoir accompli
    un énorme progrès.
  • 26:27 - 26:29
    Mais tout le monde n'est pas de cet avis.
  • 26:30 - 26:32
    En peu de temps, il est poursuivi
  • 26:32 - 26:34
    par les directeurs de l'usine,
  • 26:34 - 26:37
    et même par les ouvriers,
    qui sont inquiets pour leur emploi.
  • 26:38 - 26:40
    C'est très intéressant,
  • 26:40 - 26:43
    et ça me rappelle un événement
    qui a réellement eut lieu
  • 26:43 - 26:44
    dans l'industrie textile.
  • 26:47 - 26:50
    En 1940, le géant chimique DuPont
  • 26:50 - 26:52
    présente une fibre chimique
    révolutionnaire ;
  • 26:53 - 26:54
    le nylon.
  • 26:58 - 27:03
    Les bas durables représentaient
    un grand progrès pour les femmes,
  • 27:03 - 27:05
    mais la joie fut de courte durée.
  • 27:06 - 27:09
    Mon père travaillait pour DuPont,
    avant et après la guerre,
  • 27:09 - 27:11
    dans la section du nylon.
  • 27:11 - 27:15
    Et il me raconta que quand le nylon
    sortit pour la première fois
  • 27:15 - 27:19
    et qu'ils l'essayaient pour en faire
    des bas,
  • 27:19 - 27:23
    les hommes de sa section devaient
    ramener des bas à la maison
  • 27:24 - 27:27
    pour les faire essayer à leurs femmes
    ou à leurs fiancées.
  • 27:27 - 27:32
    Mon père en rapporta à ma mère ;
    elle était ravie des premiers produits
  • 27:32 - 27:34
    qui étaient très résistants.
  • 27:38 - 27:41
    Les chimistes de DuPont avaient
    de quoi d'être fiers ;
  • 27:42 - 27:46
    même les hommes admiraient
    la résistance des bas en nylon.
  • 27:46 - 27:49
    Le problème, c'est qu'ils duraient trop.
  • 27:49 - 27:53
    Les femmes étaient enchantées
    par ces bas qui ne se filaient pas,
  • 27:53 - 27:59
    mais cela signifiait que les fabricants
    n'allaient pas en vendre beaucoup.
  • 28:02 - 28:06
    DuPont donna de nouvelles instructions
    au père de Nicols Fox et aux autres.
  • 28:09 - 28:12
    Les hommes de la section ont dû
    retourner à leurs planches
  • 28:12 - 28:15
    afin de concevoir des fibres
    moins résistantes et trouver
  • 28:15 - 28:19
    un produit plus fragile, et cassant,
  • 28:19 - 28:22
    pour éviter que les bas
    durent aussi longtemps.
  • 28:25 - 28:28
    Les mêmes chimistes qui avaient mis
    toutes leurs compétences
  • 28:28 - 28:30
    dans la conception d'un nylon résistant,
  • 28:30 - 28:34
    suivirent le courant de l'époque,
    et ils le rendirent plus fragile.
  • 28:34 - 28:38
    Ce fil inusable disparut des usines,
    comme au cinéma.
  • 28:38 - 28:40
    - Nous voulons le contrôle total
    sur cette découverte
  • 28:41 - 28:45
    Si vous voulez, nous la paierons
    deux fois le montant de ce contrat.
  • 28:45 - 28:46
    - Un quart de million...
  • 28:48 - 28:50
    - Pour la faire disparaître?
    - Oui.
  • 28:50 - 28:54
    Que pensaient les chimistes du fait de
    réduire la durée de vie d'un produit
  • 28:54 - 28:55
    de manière délibérée?
  • 28:56 - 28:59
    Cela a dû être frustrant pour
    les ingénieurs,
  • 28:59 - 29:03
    de devoir utiliser leur savoir pour
    concevoir un produit de qualité inférieure
  • 29:03 - 29:06
    après avoir travaillé si dur pour
    créer un bon produit.
  • 29:06 - 29:10
    Mais, dans un sens,
    peut-être que
  • 29:10 - 29:12
    ce n'est qu'une perspective extérieure.
  • 29:12 - 29:14
    Eux ils faisaient seulement leur travail.
  • 29:14 - 29:18
    Le rendre plus résistant, moins résistant,
    c'était leur travail.
  • 29:20 - 29:22
    D'un point de vue éthique,
  • 29:22 - 29:23
    c'était compliqué pour les ingénieurs.
  • 29:23 - 29:26
    Être confrontés à
    l'obsolescence programmée,
  • 29:26 - 29:29
    les a poussés à revoir leurs valeurs
    les plus basiques.
  • 29:32 - 29:36
    Les ingénieurs de la vieille école
    pensaient que leur devoir était de créer
  • 29:36 - 29:38
    des produits durables qui ne se
    casseraient jamais,
  • 29:38 - 29:42
    et ceux de la nouvelle école, clairement
    motivés par le nouveau marché,
  • 29:42 - 29:46
    pensaient qu'ils devaient concevoir des
    produits aussi fragiles que possible.
  • 29:47 - 29:50
    Le débat se résout de lui-même,
  • 29:50 - 29:52
    quand la nouvelle école
    remporta la partie.
  • 29:56 - 30:00
    L'obsolescence programmée n'a pas
    affecté que les ingénieurs.
  • 30:00 - 30:02
    La frustration des consommateurs
  • 30:02 - 30:05
    transparaît dans la pièce à succès
    de Arthur Miller ;
  • 30:05 - 30:06
    « Mort d'un commis voyageur ».
  • 30:06 - 30:10
    À l'instar de Willy Loman, les
    consommateurs pouvaient juste se plaindre.
  • 30:11 - 30:14
    « Je voudrais posséder quelque chose
    avant que ce ne soit cassé!
  • 30:14 - 30:16
    C’est une course entre
    ce tas de ferraille et moi!
  • 30:16 - 30:19
    J'ai juste fini de payer ma voiture
    et elle s’effondre.
  • 30:19 - 30:23
    Le réfrigérateur bouffe de la courroie
    comme un fou.
  • 30:24 - 30:25
    Tout ça c’est prévu.
  • 30:25 - 30:27
    La durée de tout
    est calculée pour que,
  • 30:27 - 30:29
    quand vous avez fini de payer,
    ce soit foutu! »
  • 30:31 - 30:35
    Les consommateurs ignoraient que
    de l'autre côté du rideau de fer,
  • 30:35 - 30:38
    dans les pays du bloc de l'est,
  • 30:38 - 30:41
    il existait toute une économie sans
    obsolescence programmée.
  • 30:48 - 30:51
    L'économie communiste ne se basait pas
    sur le libre marché
  • 30:51 - 30:54
    mais était planifiée par l'état.
  • 30:54 - 30:58
    Elle était peu efficace et souffrait d'un
    manque chronique de ressources.
  • 30:58 - 31:04
    Dans ce système, l'obsolescence
    programmée n'aurait eu aucun sens.
  • 31:08 - 31:10
    Dans l'ex-Allemagne de l'Est,
  • 31:10 - 31:13
    l'économie communiste
    la plus efficace,
  • 31:13 - 31:14
    les normes stipulaient que
  • 31:14 - 31:16
    les réfrigérateurs et
    les machines à laver
  • 31:16 - 31:19
    devaient fonctionner pendant 25 ans.
  • 31:22 - 31:27
    J'ai acheté ce réfrigérateur
    en Allemagne de l'Est, en 1985.
  • 31:30 - 31:32
    Il a au moins 24 ans.
  • 31:32 - 31:36
    Je n'ai jamais eu à remplacer l'ampoule,
  • 31:36 - 31:38
    elle a presque 25 ans.
  • 31:42 - 31:46
    En 1981, une usine d'Allemagne de l'Est
    a commencé à produire
  • 31:46 - 31:48
    une ampoule longue durée.
  • 31:49 - 31:51
    Ils la présentèrent lors d'un
    salon international,
  • 31:51 - 31:53
    à la recherche d'acheteurs occidentaux.
  • 31:54 - 32:00
    « Quand les fabricants d'Allemagne de l'Est
    présentèrent ces ampoules longue durée
  • 32:00 - 32:02
    lors de la foire de Hanovre de 1981,
  • 32:03 - 32:07
    leurs collègues de l'Ouest leur dirent :
    « Vous allez vous retrouver au chômage! ».
  • 32:07 - 32:10
    Les ingénieurs d'Allemagne de l'Est
    rétorquèrent :
  • 32:11 - 32:15
    « Au contraire, on va garder nos emplois
    si nous économisons les ressources
  • 32:15 - 32:19
    et qu'on ne gaspille pas le tungstène. »
  • 32:22 - 32:26
    Les occidentaux refusèrent l'ampoule.
  • 32:27 - 32:29
    En 1989, le Mur de Berlin fut détruit
  • 32:30 - 32:33
    l'usine ferma et l'ampoule longue durée
  • 32:34 - 32:36
    ne fut plus fabriquée.
  • 32:38 - 32:42
    De nos jours, elle est seulement visible
    dans des expositions et des musées.
  • 32:52 - 32:55
    Plus de vingt ans après la chute du
    Mur de Berlin,
  • 32:55 - 32:59
    la consommation effrénée est aussi bien
    l'apanage de l'Est, que de l'Ouest.
  • 33:06 - 33:08
    Une différence subsiste :
  • 33:08 - 33:12
    à l'ère d'Internet, les consommateurs
    sont disposés à lutter
  • 33:12 - 33:14
    contre l'obsolescence programmée.
  • 33:15 - 33:17
    Notre premier film qui a vraiment
    eu du succès
  • 33:17 - 33:19
    c'était un court métrage sur l'iPod.
  • 33:20 - 33:23
    J'étais vraiment fauché,
    et j'ai acheté un iPod
  • 33:23 - 33:25
    qui coûtait entre 400 et 500 dollars.
  • 33:26 - 33:31
    Huit ou douze mois après,
    la batterie était foutue.
  • 33:31 - 33:35
    J'ai appelé Apple pour qu'ils
    remplacent la batterie,
  • 33:36 - 33:39
    et leur politique de l'époque
    était de dire aux clients
  • 33:39 - 33:41
    d'acheter un nouvel iPod.
  • 33:41 - 33:43
    - Il vaut mieux en acheter un neuf.
  • 33:43 - 33:44
    - Apple ne propose pas...
    - Non.
  • 33:44 - 33:47
    - Apple ne propose pas de
    batterie de rechange pour l'iPod?
  • 33:48 - 33:48
    - Non.
  • 33:49 - 33:52
    Le pire ce n'était pas que
    la batterie soit foutue.
  • 33:52 - 33:56
    Si ça arrive à mon portable Nokia,
    je peux acheter une nouvelle batterie.
  • 33:56 - 34:00
    Même pour mon ordinateur portable Apple,
    je pourrais en acheter une autre.
  • 34:01 - 34:05
    Mais pour l'iPod, qui est si cher,
    quand la batterie lâche,
  • 34:05 - 34:07
    tu dois carrément changer
    d'appareil.
  • 34:09 - 34:13
    Mon frère a eu l'idée de faire
    un court métrage sur ça.
  • 34:14 - 34:18
    On se baladait avec un pochoir
    et une bombe de peinture,
  • 34:18 - 34:20
    on peignait sur toutes les pubs
    pour iPod qu'on croisait.
  • 34:20 - 34:24
    « L'irremplaçable batterie de l'iPod
    ne dure que 18 mois. »
  • 34:27 - 34:31
    On a mis la vidéo sur notre site :
    www.ipodsdirtysecret.com
  • 34:31 - 34:35
    Le premier mois, elle a été vue
    cinq ou six millions de fois.
  • 34:35 - 34:38
    Et le site est devenu complètement fou.
  • 34:41 - 34:44
    Une avocate de San Francisco,
    Elizabeth Pritzker,
  • 34:44 - 34:46
    entendit parler de la vidéo
  • 34:46 - 34:50
    et décida de porter plainte contre Apple
    pour l'affaire de la batterie de l'iPod.
  • 34:50 - 34:52
    Un demi-siècle après l'affaire du cartel,
  • 34:52 - 34:56
    l'obsolescence programmée
    revint devant les tribunaux.
  • 34:58 - 35:02
    Au début du litige, l'iPod était
    sur le marché depuis deux ans
  • 35:02 - 35:06
    et Apple en avait vendu environ
    trois millions aux États-Unis
  • 35:09 - 35:13
    Beaucoup de ces iPods ont
    présenté des problèmes avec la batterie
  • 35:13 - 35:17
    et leurs propriétaires étaient décidés à
    porter l'affaire en justice.
  • 35:17 - 35:21
    L'un d'entre eux était Andrew Westley.
  • 35:22 - 35:25
    Parmi les consommateurs qui nous
    avaient contactés,
  • 35:25 - 35:29
    nous avons sélectionné des représentants
    pour une action collective.
  • 35:33 - 35:38
    Une action collective est un mécanisme
    propre aux États-Unis,
  • 35:38 - 35:43
    lors de laquelle un petit groupe de gens
    représente un plus grand groupe
  • 35:43 - 35:46
    pour engager une poursuite
    auprès des tribunaux.
  • 35:48 - 35:52
    Mon rôle dans ce procès a été
    de représenter des milliers,
  • 35:53 - 35:55
    voire des dizaines de milliers
    de personnes.
  • 35:55 - 35:59
    Le procès fut connu comme
    « L'affaire Wesltey vs. Apple ».
  • 36:02 - 36:06
    Quand mes proches ont su que
    c'était une affaire importante,
  • 36:06 - 36:10
    ils ont pensé que je me radicalisais,
  • 36:10 - 36:13
    que j'étais le nouvel Erin Brockovich.
  • 36:16 - 36:18
    En décembre 2003,
  • 36:18 - 36:22
    Elizabeth Pritzker présenta la plainte
    auprès du tribunal du comté de San Mateo,
  • 36:22 - 36:25
    à deux pas du siège central de Apple.
  • 36:29 - 36:33
    Nous avons demandé à Apple de nous
    fournir divers documents techniques
  • 36:33 - 36:35
    concernant la durée de vie
    des batteries de l'iPod
  • 36:36 - 36:40
    et nous avons reçu beaucoup de
    données techniques sur la conception
  • 36:40 - 36:42
    et les tests de la batterie.
  • 36:42 - 36:45
    C'est ainsi que nous
    avons découvert que
  • 36:45 - 36:49
    le type de batterie au lithium
    qui équipait l'iPod
  • 36:50 - 36:53
    a très certainement été conçue
    pour avoir une courte durée de vie
  • 36:57 - 37:01
    Je crois que l'iPod a
    été conçu selon le principe
  • 37:01 - 37:04
    de l'obsolescence programmée.
  • 37:05 - 37:10
    Après des mois de tensions, les deux
    parties aboutirent à un accord.
  • 37:11 - 37:13
    Apple créa un service de remplacement
  • 37:13 - 37:16
    et étendit la garantie à deux ans.
  • 37:16 - 37:19
    Les plaignants reçurent une compensation.
  • 37:21 - 37:23
    Une chose me dérange vraiment ,
  • 37:23 - 37:27
    c'est le fait que Apple se vende
    comme une entreprise
  • 37:27 - 37:30
    jeune, moderne et innovante...
  • 37:30 - 37:36
    Et qu'une telle entreprise n'aie
    pas une politique environnementale
  • 37:36 - 37:39
    qui permettrait au consommateur
    de renvoyer son produit
  • 37:39 - 37:41
    en vue de son recyclage
    ou de son traitement,
  • 37:41 - 37:45
    défie toute logique et va
    à l'encontre de leur message.
  • 37:54 - 37:58
    L'obsolescence programmée
    provoque un flux constant de déchets
  • 37:58 - 38:01
    qui finissent dans des pays du tiers-monde
    comme le Ghana, en Afrique.
  • 38:03 - 38:05
    Il y a huit ou neuf ans,
  • 38:06 - 38:07
    je me suis rendu compte
  • 38:07 - 38:11
    que beaucoup de conteneurs
    arrivaient avec des déchets électroniques.
  • 38:12 - 38:17
    Il s'agit d'ordinateurs et
    de téléviseurs abîmés
  • 38:17 - 38:20
    dont personne ne veut
    dans les pays développés.
  • 38:22 - 38:23
    Un traité international
  • 38:23 - 38:27
    interdit l'envoi de déchets électroniques
    vers les tiers-monde.
  • 38:27 - 38:30
    Mais les marchands ont trouvé la combine;
  • 38:30 - 38:34
    ils les déclarent en tant que
    produits d'occasion.
  • 38:39 - 38:43
    Plus de 80% des déchets électroniques
    qui arrivent au Ghana
  • 38:43 - 38:45
    ne peuvent pas être réparés,
  • 38:45 - 38:48
    et finissent abandonnés dans
    des décharges à travers tout le pays.
  • 38:49 - 38:52
    Voici la décharge de Agbogbloshie.
  • 38:52 - 38:56
    Avant, il y avait une
    magnifique rivière, l'Odaw,
  • 38:56 - 39:00
    qui traversait cette zone.
  • 39:00 - 39:01
    Elle débordait de vie.
  • 39:01 - 39:03
    Il y avait tant de poissons!
  • 39:03 - 39:06
    J'allais à l'école, pas très loin d'ici,
  • 39:07 - 39:10
    et on venait jouer au foot et
    passer le temps près de la rivière.
  • 39:10 - 39:13
    Les pêcheurs organisaient
    des promenades en bateau...
  • 39:14 - 39:16
    Tout ça c'est fini, tout a disparu.
  • 39:16 - 39:19
    Cela m'attriste beaucoup,
  • 39:19 - 39:21
    et ça me met en colère.
  • 39:25 - 39:29
    Désormais, il n'y a plus d'enfants
    qui viennent jouer après l'école.
  • 39:29 - 39:32
    À leur place, des enfants de
    familles pauvres,
  • 39:32 - 39:35
    viennent ici pour
    chercher de la ferraille.
  • 39:35 - 39:38
    Ils brûlent la gaine
    en plastique des câbles,
  • 39:38 - 39:41
    afin de récupérer le métal
    contenu à l'intérieur.
  • 39:47 - 39:50
    Les plus jeunes enfants, fouillent
    les restes
  • 39:50 - 39:54
    à la recherche de petits bouts de métal
    oubliés par les aînés.
  • 40:12 - 40:14
    Ceux qui sont derrière
    ces cargaisons prétendent :
  • 40:14 - 40:17
    « Nous voulons fermer le fossé numérique
  • 40:17 - 40:19
    qu'il existe entre l'Europe et l'Amérique
  • 40:19 - 40:21
    et le reste de l'Afrique,
    y compris le Ghana. »
  • 40:21 - 40:26
    La vérité, c'est qu'ils nous envoient
    des ordinateurs qui ne fonctionnent pas.
  • 40:29 - 40:31
    Il n'y a aucun intérêt à
    recevoir des déchets
  • 40:31 - 40:32
    qu'on ne peut pas traiter,
  • 40:32 - 40:34
    surtout quand on ne
    les a pas produits
  • 40:34 - 40:38
    et que ton pays se transforme
    en décharge pour le monde entier.
  • 40:46 - 40:51
    Les déchets de l'ère industrielle
    qui étaient cachés depuis si longtemps,
  • 40:51 - 40:54
    refont surface dans nos vies
    sans qu'on puisse les éviter.
  • 40:55 - 40:58
    L'économie du gaspillage
    touche à sa fin
  • 40:58 - 41:01
    car il n'y a plus d'endroits où
    mettre ces déchets.
  • 41:01 - 41:05
    Avec le temps, on s'est rendu
    compte que
  • 41:05 - 41:09
    la planète ne pourrait supporter ça
    pour toujours.
  • 41:09 - 41:12
    Les ressources naturelles et
    énergétiques
  • 41:12 - 41:14
    dont nous disposons, sont limitées.
  • 41:15 - 41:18
    Les générations futures
    ne nous pardonneront jamais
  • 41:18 - 41:20
    quand elles découvriront la vérité
  • 41:20 - 41:25
    sur le mode vie gaspilleur
    des gens dans les pays développés.
  • 41:28 - 41:31
    Dans le monde entier,
    des gens ont commencé
  • 41:31 - 41:33
    à agir contre
    l'obsolescence programmée.
  • 41:35 - 41:38
    Mike Hanane se bat depuis
    la fin de la chaîne.
  • 41:39 - 41:41
    Il a commencé par collecter
    des informations.
  • 41:42 - 41:47
    C'est ici que je garde les déchets qui
    ont des étiquettes de propriété.
  • 41:47 - 41:52
    Ici il est écrit Centre AMU, Sjaelland,
    au Danemark.
  • 41:53 - 41:57
    Celui-ci vient d'Allemagne,
    envoyé ici pour y être jeté.
  • 41:57 - 41:58
    Université de Westminster.
  • 41:58 - 42:02
    Apple devrait s'y connaître puisqu'ils
    se vantent d'être écolos,
  • 42:02 - 42:05
    mais beaucoup de produits Apple
    sont jetés ici.
  • 42:07 - 42:10
    J'ai une base de données avec
    les étiquettes
  • 42:10 - 42:14
    et les coordonnées des entreprises
    auxquelles appartenaient
  • 42:14 - 42:17
    les déchets envoyés au Ghana.
  • 42:20 - 42:24
    Mike veut présenter ces données
    comme preuves pour une plainte
  • 42:24 - 42:25
    auprès du tribunal.
  • 42:30 - 42:33
    Nous devons agir, prendre
    des mesures punitives,
  • 42:33 - 42:35
    poursuivre les gens en justice,
  • 42:35 - 42:39
    afin qu'ils cessent d'envoyer leurs
    déchets électroniques au Ghana.
  • 42:49 - 42:53
    Marcos est encore sur Internet,
    en train de chercher le moyen
  • 42:53 - 42:56
    d'allonger la durée de vie
    de son imprimante.
  • 42:57 - 43:01
    Un site russe semble proposer
    un logiciel gratuit
  • 43:01 - 43:04
    pour les imprimantes équipées
    d'une puce autoreset.
  • 43:05 - 43:10
    Le programmateur a pris la peine
    d'expliquer ses motivations personnelles
  • 43:10 - 43:13
    Cela survient à cause
    d'une mauvaise fabrication.
  • 43:13 - 43:15
    C'est leur modèle commercial.
  • 43:15 - 43:18
    Ce n'est bon ni pour l'utilisateur
    ni pour l'environnement.
  • 43:18 - 43:22
    J'ai donc trouvé une manière
    de concevoir un logiciel
  • 43:23 - 43:27
    qui permet de remettre la puce à zéro.
  • 43:28 - 43:31
    Marcos ignore ce qu'il peut arriver,
  • 43:31 - 43:34
    mais décide de télécharger le logiciel.
  • 43:36 - 43:38
    Dans son petit village de France,
  • 43:38 - 43:41
    John Thackara se bat contre
    l'obsolescence programmée
  • 43:41 - 43:43
    en aidant des gens du monde entier
  • 43:43 - 43:46
    à partager des idées d'affaires
    et de création.
  • 43:46 - 43:50
    Dans les pays pauvres,
    ils réparent toujours les choses.
  • 43:50 - 43:53
    L'idée de jeter un produit juste
    parce qu'il est abîmé
  • 43:53 - 43:57
    est inconcevable pour
    les gens de ces pays.
  • 43:59 - 44:01
    En Inde, ils ont même un mot, « jugaad »,
  • 44:01 - 44:05
    pour décrire cette habitude
    de réparer les choses
  • 44:05 - 44:07
    sans regard pour leur complexité.
  • 44:11 - 44:15
    Nous essayons de trouver des gens
    avec des projets concrets,
  • 44:15 - 44:20
    qui ne se limitent pas à parler ou à
    faire des déclarations abstraites
  • 44:20 - 44:23
    sur la mauvaise situation actuelle
    ou sur ce qui doit changer.
  • 44:28 - 44:30
    Parmi ces gens, il y a Warner Philips,
  • 44:30 - 44:33
    le descendant de la dynastie des
    fabricants d'ampoules.
  • 44:38 - 44:42
    Mon grand-père m'amena dans
    une usine Philips
  • 44:42 - 44:46
    pour me montrer comment étaient
    fabriquées les ampoules.
  • 44:47 - 44:49
    C'était génial!
  • 44:53 - 44:56
    Près d'un siècle après
    le Cartel de l'Ampoule,
  • 44:56 - 44:59
    Warner Philips poursuit
    la tradition familiale,
  • 44:59 - 45:01
    mais avec une perspective différente.
  • 45:01 - 45:05
    Il fabrique une ampule LED
    qui dure 25 ans.
  • 45:09 - 45:13
    Il n'y a pas un monde écologique
    et un monde des affaires,
  • 45:16 - 45:19
    Je pense que les affaires vont de pair
    avec la durabilité.
  • 45:19 - 45:22
    C'est même la meilleure base
    pour construire une entreprise.
  • 45:22 - 45:24
    Et la seule façon d'y parvenir
  • 45:24 - 45:29
    est de prendre en compte le coût réel
    des ressources utilisées
  • 45:29 - 45:34
    et la consommation d'énergie,
    y compris la consommation indirecte
  • 45:34 - 45:36
    telle que le transport.
  • 45:36 - 45:40
    Si on faisait vraiment payer
    au transporteur le coût réel du transport
  • 45:40 - 45:43
    sans parler du fait que le pétrole
    est une ressource non renouvelable
  • 45:43 - 45:46
    et pour le quel on n'a pas vraiment
    de substitut,
  • 45:46 - 45:50
    je dirais que le prix du transport
    devrait être multiplié par 20 ou 30.
  • 45:52 - 45:55
    Si l'on considère tous ces éléments
    pour chaque produit fabriqué
  • 45:55 - 45:58
    cela engendrerait d'énormes
    avantages
  • 45:58 - 46:01
    pour que les fabricants et les
    entrepreneurs du monde entier
  • 46:01 - 46:04
    fabriquent des produits qui
    durent pour toujours.
  • 46:06 - 46:09
    On peut aussi lutter contre
    l'obsolescence programmée
  • 46:09 - 46:13
    en repensant les méthodes d'ingénierie et
    de production des produits.
  • 46:13 - 46:17
    Un nouveau concept,
    « du berceau au berceau »,
  • 46:17 - 46:20
    affirme que si les usines
    fonctionnaient comme la nature
  • 46:20 - 46:23
    l'obsolescence deviendrait
    obsolète à son tour.
  • 46:24 - 46:28
    Lorsque nous parlons de protéger
    l'environnement
  • 46:28 - 46:32
    nous pensons toujours à
    diminuer, renoncer, réduire.
  • 46:33 - 46:36
    Mais dans la nature, au printemps,
    un cerisier
  • 46:36 - 46:40
    ne diminue pas, et ne renonce pas.
  • 46:43 - 46:46
    Le cycle naturel produit
    en abondance,
  • 46:46 - 46:51
    mais les fleurs qui tombent, et les
    feuilles sèches ne sont pas des déchets
  • 46:51 - 46:54
    mais des nutriments pour
    d'autres organismes.
  • 46:56 - 47:00
    La nature ne produit pas de déchets,
    juste des nutriments.
  • 47:02 - 47:07
    Braungart croit que l'industrie peut
    imiter le cycle vertueux de la nature
  • 47:08 - 47:12
    et il l'a prouvé en redéfinissant
    le processus de production
  • 47:12 - 47:15
    d'une usine textile suisse.
  • 47:16 - 47:20
    Lorsque vous tapissez un fauteuil
    avec un tissu comme celui-ci
  • 47:20 - 47:24
    les chutes sont si nocives
  • 47:24 - 47:28
    qu'elles doivent être éliminées
    avec les déchets toxiques.
  • 47:32 - 47:36
    Braungart découvrit que l'usine utilisait,
    par habitude, des centaines
  • 47:36 - 47:39
    de teintures et de produits chimiques
    hautement toxiques.
  • 47:40 - 47:44
    Pour fabriquer de nouveaux tissus,
    Braungart et son équipe,
  • 47:44 - 47:48
    limitèrent la liste à seulement
    trente substances
  • 47:48 - 47:50
    totalement biodégradables.
  • 47:50 - 47:54
    Nous avons sélectionné des ingrédients
    que nous pouvions manger.
  • 47:54 - 47:58
    Si vous le souhaitiez, vous pouviez les
    ajouter à vos céréales.
  • 47:59 - 48:01
    Dans une société du gaspillage,
  • 48:01 - 48:04
    un produit de courte durée de vie
    entraîne un problème de déchets.
  • 48:04 - 48:06
    Si une société produit
    des nutriments,
  • 48:06 - 48:08
    les produits de courte longévité
  • 48:08 - 48:10
    se transforment en
    quelque chose de nouveau.
  • 48:11 - 48:14
    Pour les détracteurs les plus radicaux
    de l'obsolescence programmée,
  • 48:14 - 48:17
    il ne suffit pas de réformer
    les processus de production.
  • 48:17 - 48:21
    Ils voudraient redéfinir notre économie
    et nos valeurs.
  • 48:22 - 48:24
    C'est une vraie révolution.
  • 48:24 - 48:26
    C'est d'abord une
    révolution culturelle,
  • 48:26 - 48:28
    parce que c'est un changement
    de paradigme,
  • 48:28 - 48:29
    un changement de mentalité.
  • 48:30 - 48:33
    Cette révolution a pour nom
    la décroissance.
  • 48:33 - 48:36
    Serge Latouche voyage
    de conférence en conférence,
  • 48:36 - 48:39
    pour expliquer comment abandonner
    la société de croissance
  • 48:39 - 48:41
    une bonne fois pour toutes.
  • 48:41 - 48:45
    La décroissance,
    c'est un slogan provocateur
  • 48:45 - 48:51
    qui a pour fonction de rompre
    avec le discours un peu euphorisant
  • 48:51 - 48:55
    de la croissance possible, infinie,
    soutenable,
  • 48:55 - 49:00
    et donc pour marquer la nécessité
    de changer de logique.
  • 49:03 - 49:06
    L'essentiel du programme
    de la décroissance
  • 49:06 - 49:08
    tient en un mot : réduire.
  • 49:08 - 49:13
    Réduire notre empreinte écologique,
    réduire nos gaspillages,
  • 49:13 - 49:15
    notre surproduction,
    notre surconsommation.
  • 49:16 - 49:21
    Réduisons la consommation en réduisant
    la production mais en libérant
  • 49:21 - 49:25
    du temps libre, on peut développer
    d'autres formes de richesses
  • 49:25 - 49:29
    qui ont l'avantage de ne pas s'épuiser
    quand on les consomme,
  • 49:29 - 49:32
    comme l'amitié, le savoir...
  • 49:35 - 49:37
    Nous dépendons
    de plus en plus des objets
  • 49:37 - 49:40
    pour nous donner une impression
    d'estime de soi et d'identité.
  • 49:40 - 49:43
    C'est dû à la rupture de ces choses
    qui nous permettaient
  • 49:43 - 49:45
    de construire cette identité,
  • 49:45 - 49:48
    comme nos relations avec
    notre communauté ou avec la terre.
  • 49:48 - 49:51
    Ou même de simples
    relations sociales
  • 49:51 - 49:53
    qui ont été remplacées par
    le consumérisme.
  • 49:57 - 50:02
    Si le bonheur dépendait du niveau
    de consommation,
  • 50:02 - 50:05
    on devrait être dans la félicité absolue,
  • 50:06 - 50:11
    parce que nous consommons
    26 fois plus que du temps de Marx.
  • 50:11 - 50:15
    Mais toutes les enquêtes montrent que
    les gens ne sont pas 20 fois plus heureux
  • 50:15 - 50:18
    parce que le bonheur est toujours
    quelque chose de subjectif évidemment.
  • 50:23 - 50:27
    Les détracteurs de la décroissance
    craignent qu'elle détruise l'économie
  • 50:27 - 50:31
    et qu'elle nous ramène
    à l'Âge de Pierre.
  • 50:33 - 50:36
    Revenir à une société soutenable,
    c'est à dire, à une société
  • 50:36 - 50:40
    dont l'empreinte écologique
    ne dépasse pas une planète,
  • 50:40 - 50:42
    ce n'est pas revenir à l'Âge de Pierre,
  • 50:42 - 50:46
    c'est revenir, pour un pays
    comme la France,
  • 50:46 - 50:47
    aux années 60.
  • 50:47 - 50:51
    Ce n'est pas vraiment l'Âge de Pierre.
  • 50:52 - 50:54
    On peut dire que
    la société de décroissance
  • 50:54 - 50:58
    réalise la vision de Ghandi,
    qui disait :
  • 50:58 - 51:02
    « Le monde est assez grand pour
    satisfaire les besoins de tous
  • 51:02 - 51:06
    mais il sera toujours trop petit pour
    satisfaire l'avidité de quelques uns. »
  • 51:33 - 51:37
    Marcos installe le freeware russe
    sur son ordinateur.
  • 51:41 - 51:46
    Avec ce nouveau programme,
    il peut remettre la puce autoreset à zéro.
  • 51:50 - 51:54
    L'imprimante est immédiatement
    débloquée.
Title:
Cosima Dannoritzer - Prêt à jeter - documentaire
Description:

« Prêt à jeter » est un documentaire de Cosima Dannoritzer sur l’obsolescence programmée, c’est à dire, sur la diminution délibérée de la durée de vie d’un produit afin d’en augmenter la consommation.
Cosima voulait enquêter et faire le point sur les légendes urbaines qu’elle avait pu entendre comme : les ampoules éternelles, les voitures qui roulent sans essence, où l’histoire finissait toujours par un complot, la disparition de l’inventeur ou de l’appareil.
Il s’agit d’une coproduction d’Article Z (France) et de Media 3.14 (Barcelone), cofinancée par plusieurs chaînes de télévision : Arte (France), TVE et Televisió de Catalunya.

Le film a été tourné en Espagne, en France, en Allemagne, aux États-Unis et au Ghana (un pays africain qui est devenu la « décharge électronique » de l’occident). « Prêt à jeter », retrace l’histoire d’une pratique commerciale qui consiste à réduire, de manière délibérée, la durée de vie d’un produit afin d’en augmenter la consommation, car, comme l’écrivait déjà un influent magazine publicitaire américain en 1928, « un article qui ne s’use pas est une tragédie pour les affaires ».

Ce documentaire est le résultat de trois ans d’enquête et utilise des images d’archives peu connues ; il apporte des preuves documentaires et montre les conséquences environnementales désastreuses engendrées par cette pratique. Il présente également divers exemples de l’esprit de résistance qui se développe chez le consommateur et recueille l’analyse et l’opinion d’économistes, de designers et d’intellectuels qui proposent des alternatives pour sauver l’économie et l’environnement.

Cosima Dannoritzer est une réalisatrice et scénariste allemande qui a travaillé pour plusieurs chaînes de télévision en Allemagne, au Royaume-Uni et en Espagne. Elle a réalisé des documentaires tels que « Si la basura pudiera hablar » (Si les poubelles pouvaient parler), un portrait de Barcelone à travers de ses bacs à poubelle.

Elle a également réalisé « Amnesia electrónica » (L’amnésie électronique), pour TVE, un film dans lequel elle se penche sur ses souvenirs personnels, enregistrés sur des formats numériques qui ne cessent de changer et qui menacent la transmission de ces informations aux futures générations.

Visitez: http://encuentrosdigitales.rtve.es/2011/cosima_dannoritzer.html

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Video Language:
Spanish
Duration:
52:19

French subtitles

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