Freedom in the Cloud
-
0:00 - 0:02Merci
-
0:02 - 0:04C'est un plaisir d'être ici.
-
0:05 - 0:07J'aime à penser que
-
0:07 - 0:10la raison pour laquelle nous sommes tous ici un vendredi soir
-
0:10 - 0:12est la qualité de mes discours.
-
0:12 - 0:13En fait, je n'ai aucune idée
-
0:13 - 0:15du pourquoi nous sommes tous ici un vendredi soir,
-
0:15 - 0:18mais je suis très reconnaissant pour cette invitation.
-
0:18 - 0:21Je n'avais pas de rencart ce soir,
-
0:21 - 0:24donc cela tombait particulièrement bien.
-
0:24 - 0:27
-
0:30 - 0:31Donc,
-
0:32 - 0:35évidemment, je n'avais pas de rencart ce soir.
-
0:35 - 0:36Tout le monde le sait.
-
0:36 - 0:39Mon agenda est sur le web non?
-
0:40 - 0:43Là est le problème.
-
0:45 - 0:48Notre agenda est sur le web.
-
0:48 - 0:51Notre position géographique est sur le web.
-
0:51 - 0:53Vous possédez un téléphone portable
-
0:53 - 0:56et vous avez affaire à un opérateur de téléphonie mobile
-
0:56 - 1:00et si ce fournisseur est Sprint
-
1:00 - 1:03alors nous pouvons vous dire que plusieurs millions de fois l'année dernière,
-
1:03 - 1:08quelqu'un avec une carte de police
-
1:08 - 1:11allait sur le site de Sprint
-
1:11 - 1:16et demandait la position en temps réel d'une personne à partir de son numéro de téléphone et l'obtenait.
-
1:16 - 1:19Plusieurs millions de fois.
-
1:19 - 1:20Juste comme ça.
-
1:20 - 1:22Nous le savons car Sprint reconnaît
-
1:22 - 1:24avoir un site Web
-
1:24 - 1:25où quiconque ayant une carte de police
-
1:25 - 1:28peut se rendre et trouver la position en temps réel d'une personne
-
1:28 - 1:30avec un téléphone portable de la marque Sprint.
-
1:30 - 1:32Nous n'en savons pas autant sur AT&T et Verizon,
-
1:32 - 1:35parce qu'ils ne nous ont rien dit.
-
1:35 - 1:37Mais, nous ne le savons pas pour une seule raison,
-
1:37 - 1:39parce qu'ils ne nous l'ont pas dit.
-
1:39 - 1:44C'est un service que vous considérez comme un service commun :
-
1:44 - 1:45la téléphonie.
-
1:45 - 1:47Mais le contrat que vous signez
-
1:47 - 1:49avec ce service commun qu'est la téléphonie
-
1:49 - 1:52contient quelque chose dont vous n'êtes pas au courant : l'espionnage.
-
1:52 - 1:54Pour vous, cela n'est peut-être pas un service,
-
1:54 - 1:56mais ça l'est,
-
1:56 - 1:58et vous l'obtenez gratuitement
-
1:58 - 2:01avec votre contrat de téléphonie.
-
2:02 - 2:08Vous obtenez gratuitement avec votre compte Gmail ce service qu'est la publicité,
-
2:08 - 2:10ce qui veut bien sûr dire qu'un autre service se cache derrière,
-
2:10 - 2:17échappant à toute intervention humaine, celui de l'analyse sémantique de votre courrier électronique.
-
2:17 - 2:20Je ne comprends toujours pas qu'on puisse avoir envie de ça.
-
2:20 - 2:23Je ne comprends toujours pas pourquoi on s'en sert
-
2:23 - 2:25mais il y a des gens qui s'en servent,
-
2:26 - 2:30y compris les personnes très averties et prévenantes qui se trouvent dans cette salle.
-
2:30 - 2:33Vous obtenez un service email gratuit,
-
2:33 - 2:37ainsi que de l'espace de stockage, ce qui vaut exactement trois francs six sous
-
2:37 - 2:39au prix actuel de l'espace de stockage,
-
2:39 - 2:42et vous vous faites espionner 24h/24.
-
2:42 - 2:45Ça aussi, c'est gratuit.
-
2:45 - 2:48Et votre agenda est sur le web
-
2:48 - 2:50et tout le monde peut voir si vous avez un rendez-vous vendredi soir.
-
2:50 - 2:52Et vous avez un statut: Célibataire...
-
2:52 - 2:57avec lequel vous obtenez gratuitement un service de publicité pour «célibataire» et de l'espionnage, gratuitement.
-
2:59 - 3:04Et le tout s'est développé comme ça, en un clin d’œil, pour en arriver là.
-
3:04 - 3:11Quel rapport avec l'Open-Source? Aucun, en fait.
-
3:11 - 3:19Mais ça a un sacré rapport avec le Logiciel Libre. Encore une raison pour laquelle Stallman avait vu juste. C'est la liberté qui compte,
-
3:19 - 3:21pas vrai?
-
3:21 - 3:28On a donc besoin de prendre un peu de recul pour comprendre où nous sommes exactement et comment nous y sommes arrivés.
-
3:28 - 3:37Plus important peut-être, si nous pouvons en sortir, et si oui, de quelle manière? Et ce n'est pas joli joli, mais alors pas du tout.
-
3:37 - 3:44David a raison. J'aurais du mal à commencer en disant que nous avons gagné, étant donné que tout contient de l'espionnage gratuit maintenant.
-
3:44 - 3:50Cependant, nous n'avons pas perdu. Nous nous sommes juste vraiment empêtrés
-
3:50 - 3:56et nous allons devoir nous sortir de là très vite ou bien nous allons entraîner d'autres personnes innocentes
-
3:56 - 4:00qui ne savaient pas que nous étions en train de les débarrasser de leur vie privée à jamais.
-
4:00 - 4:08Ça commence bien sûr avec l'Internet, c'est pourquoi c'est très agréable de parler ici devant l'Internet Society,
-
4:08 - 4:18une association dédiée au maintien, à l'expansion et à l'analyse théorique d'un réseau de pair à pair appelé "l'Internet",
-
4:18 - 4:26conçu comme un réseau de pairs, dépourvu du besoin intrinsèque de contrôle hiérarchique ou structurel
-
4:26 - 4:34et considérant a priori que chacun de ses composants est une entité indépendante dont la volonté
-
4:34 - 4:37est celle des êtres humains qui veulent bien en prendre le contrôle.
-
4:37 - 4:45Ça, c'est la structure du Net. Que vous pensiez que c'est l'IPv4 qui la fait tenir ou ce formidable progrès
-
4:45 - 4:54qu'est l'IPv6, qu'apparemment nous n'utiliserons jamais, elle part toujours du postulat de communications entre pairs.
-
4:54 - 5:04Bien sûr, ça n'a jamais vraiment tout à fait fonctionné comme ça. Il n'y avait rien dans la conception technique pour l'empêcher.
-
5:04 - 5:10En tout cas, pas dans la conception technique de l'interconnexion des nœuds et leur communication.
-
5:10 - 5:21Le problème venait des logiciels. C'est un problème logiciel simple qui porte un nom simple en trois syllabes. Microsoft.
-
5:23 - 5:32En théorie, il y avait un réseau, qui avait été conçu comme un système de nœuds pairs,
-
5:32 - 5:42mais le système d'exploitation a occupé le réseau d'une manière de plus en plus – ils le disent bien à propos de nous, donc pourquoi pas nous? –
-
5:42 - 5:47virale au cours d'une décade et demie.
Les logiciels -
5:47 - 5:53qui en sont venus à occuper le réseau étaient construits autour d'une idée très claire qui n'avait rien à voir avec la notion de pairs.
-
5:53 - 5:57On a appelé ça l'architecture "serveur/client".
-
5:58 - 6:01Au bout d'un moment, l'idée que le réseau était un réseau de pair à pair
-
6:01 - 6:04est devenue difficile à percevoir
-
6:04 - 6:12surtout si vous étiez, disons, un être humain ordinaire. C'est-à-dire ni un ingénieur, ni un scientifique, ni un chercheur.
-
6:12 - 6:14Ni un hacker, ni un geek.
-
6:14 - 6:17Si vous étiez un humain ordinaire, c'était difficile de percevoir
-
6:17 - 6:21l'architecture implicite du Net était censée être le pair à pair
-
6:21 - 6:26parce que le système d'exploitation avec lequel vous étiez en très forte interaction
-
6:26 - 6:34impliquait l'idée de l'architecture serveur/client.
-
6:34 - 6:38En fait, bien sûr, quand on y pense, c'était même pire que ça.
-
6:38 - 6:45Cette chose appelée "Windows" était une version dégénérée d'une chose appelée "X Windows".
-
6:45 - 6:50Ça aussi, ça partait d'une conception serveur/client,
-
6:50 - 6:53mais dont nous penserions maintenant qu'elle l'était à l'envers.
-
6:53 - 6:57Le serveur était la chose du côté humain.
-
6:57 - 7:00C'était ça la conception de base de X Windows.
-
7:00 - 7:06Ça a servi des communications avec des êtres humains aux points terminaux du Net
-
7:06 - 7:14à des processus situés à des points arbitraires près du centre, au milieu ou au bord du Net.
-
7:14 - 7:21C'était la grande idée bizarre de Windows de créer une structure politique dans le Net
-
7:21 - 7:24qui réduisait l'être humain au client
-
7:24 - 7:28et produisait un gros ordinateur centralisé,
-
7:28 - 7:36que nous pourrions appeler serveur, qui distribuait des choses à l'être humain
-
7:36 - 7:38sur le mode "à prendre ou à laisser".
-
7:38 - 7:42C'était, bien sûr, vraiment "à prendre ou à laisser",
-
7:42 - 7:49et malheureusement, tout le monde est tombé dedans parce qu'on ne savait pas comment en sortir une fois qu'on y était entré.
-
7:49 - 7:54Désormais le Net était fait de serveurs au centre et de clients en périphérie.
-
7:54 - 7:59Les clients avaient assez peu de pouvoir, tandis que les serveurs, beaucoup.
-
7:59 - 8:04Comme l'espace de stockage devenait de plus en plus abordable, comme le calcul devenait de plus en plus abordable,
-
8:04 - 8:08comme des services complexes
-
8:08 - 8:12– trop gourmands pour des petits ordinateurs,
-
8:12 - 8:16ou des assemblages de petits ordinateurs,
-
8:16 - 8:19dont le plus important est le moteur de recherche –,
-
8:19 - 8:21comme des services commencèrent à peupler le Net,
-
8:21 - 8:24on eut l'impression que la nature hiérarchique du Net
-
8:24 - 8:27avait une raison d'être.
-
8:27 - 8:29Le Net était fait de serveurs et de clients,
-
8:29 - 8:31et les clients étaient les types en périphérie
-
8:31 - 8:33représentant les humains,
-
8:33 - 8:35et les serveurs étaient les choses au milieu avec beaucoup de pouvoir
-
8:35 - 8:37et beaucoup de données.
-
8:40 - 8:45Par ailleurs, une autre chose s'est passée a cette époque.
-
8:45 - 8:48Cela ne s'est pas passé dans les ordinateurs Microsoft Windows,
-
8:48 - 8:53même si c'est arrivé dans les serveurs Microsoft,
-
8:53 - 8:56et c'est arrivé dans les OS sensible comme Unix et BSD et d'autres
-
8:56 - 8:59comme Unix et BSD et d'autres.
-
8:59 - 9:02Nommément, les serveurs gardent une journalisation. (des logs).
-
9:02 - 9:03C'est une bonne chose à faire.
-
9:03 - 9:04Les ordinateurs doivent tenir des registres.
-
9:04 - 9:06C'est une décision très sage
-
9:06 - 9:08à la création d'un OS
-
9:08 - 9:10de garder un registre.
-
9:10 - 9:11Ça aide au débogage,
-
9:11 - 9:14rend compte de l'efficacité,
-
9:14 - 9:16permet d'étudier les opérations réelles des ordinateurs
-
9:16 - 9:18dans le monde réel.
-
9:18 - 9:19C'est une très bonne idée.
-
9:19 - 9:22Mais si vous avez un système qui centralise les serveurs
-
9:22 - 9:26et des serveurs qui centralisent leurs journaux,
-
9:26 - 9:29alors vous créez de vastes dépôts
-
9:29 - 9:31de données organisées
-
9:31 - 9:34à propos de gens sur les bords du réseau
-
9:34 - 9:36qui ne le contrôlent pas,
-
9:36 - 9:39et qui, s'ils ne sont pas expérimentés en matière de serveurs,
-
9:39 - 9:44n'auront pas idée de la compréhension qu'on peut en avoir,
-
9:44 - 9:47de leur sens,
-
9:47 - 9:51ne comprendront pas les possibilités de leur agrégation.
-
9:51 - 9:55Nous avons donc construit un réseau en partant de
-
9:55 - 9:58l'architecture de communication conçue pour le peering,
-
9:58 - 10:01que nous avons défini dans le style client-serveur,
-
10:01 - 10:06que nous avons ensuite défini avec le client impuissant
-
10:06 - 10:09sur les bords et le serveur au milieu.
-
10:09 - 10:11Nous avons regroupé traitement et stockage
-
10:11 - 10:13de plus en plus au milieu,
-
10:13 - 10:17et nous avons conservé les logs -qui sont des renseignements
-
10:17 - 10:20sur les flux d'informations du net-
-
10:20 - 10:23dans des endroits centralisés, loin des humains qui contrôlaient,
-
10:23 - 10:26ou tout au moins pensaient qu'ils contrôlaient
-
10:26 - 10:29le fonctionnement des ordinateurs qui
-
10:29 - 10:32dominent de plus en plus leur vie.
-
10:32 - 10:35Ce fut la recette du désastre.
-
10:35 - 10:39Ce fut la recette du désastre.
-
10:40 - 10:44Pour l'instant, je n'ai pas encore mentionné le mot "nuage",
-
10:44 - 10:47qui m'a été donné en entête
-
10:47 - 10:50quand j'ai appris que j'allais parlé ici ce soir
-
10:50 - 10:53de la vie privée dans le nuage.
-
10:53 - 10:55Je n'ai pas mentionné le mot nuage car
-
10:55 - 10:59le mot nuage ne signifie pas grand-chose.
-
10:59 - 11:02En d'autres termes, le désastre en cours
-
11:02 - 11:04n'est pas le désastre du nuage.
-
11:04 - 11:07Le désastre en cours est le résultat de la manière dont nous avons
-
11:07 - 11:10mal compris le Net, en raison des
-
11:10 - 11:14logiciels non-libres qui nous ont aidé à le comprendre.
-
11:14 - 11:19«Nuage» signifie que les serveurs ont cessé
-
11:19 - 11:21d'être en fer.
-
11:21 - 11:27Nuage signifie que la virtualisation des serveurs a eu lieu.
-
11:27 - 11:31Donc, ici, dans la bordure poussiéreuse de la galaxie où nous vivons
-
11:31 - 11:34parmi les clients impuissants,
-
11:34 - 11:37pratiquement rien n'a changé.
-
11:37 - 11:40Lorsque que vous marchez vers le centre de la galaxie,
-
11:40 - 11:42cela devient plus confus qu'auparavant.
-
11:42 - 11:46Nous nous contentons maintenant d'un halo, là où nous avions l'habitude de voir de vraies étoiles,
-
11:46 - 11:49vous savez, des serveurs avec des interrupteurs et des boutons
-
11:49 - 11:52que vous pouvez pousser.
-
11:52 - 11:54Au lieu de cela, ce qui est arrivé bien sur, c'est que
-
11:54 - 11:56le fer ne représente plus un seul serveur.
-
11:56 - 12:01Le fer est simplement un endroit où les serveurs pourraient être.
-
12:01 - 12:04Nuage signifie donc que les serveurs ont gagné la liberté.
-
12:04 - 12:08La liberté de bouger, de louvoyer,
-
12:08 - 12:11de combiner et diviser, de ré-agréger
-
12:11 - 12:12et d’utiliser toute sorte d’astuces.
-
12:12 - 12:15Les serveurs ont gagné en liberté. Les clients n’ont rien gagné.
-
12:15 - 12:18Bienvenue dans le nuage.
-
12:21 - 12:26C'est une modification mineure de la recette du désastre.
-
12:26 - 12:30Cela améliore le fonctionnement des systèmes contrôlant
-
12:30 - 12:35les clients, censés être des pairs dans un réseau
-
12:35 - 12:37fait d'éléments égaux.
-
12:40 - 12:44Voilà donc l'architecture de la catastrophe.
-
12:44 - 12:46Si vous y réfléchissez, chaque étape dans cette évolution
-
12:46 - 12:50architecturale : du réseaux de pairs
-
12:50 - 12:55en passant par les serveurs servant à la communication avec les humains,
-
12:55 - 12:59aux clients qui sont des programmes s'exécutant sur du fer concret,
-
12:59 - 13:03aux clients qui sont les ordinateurs que les gens utilisent
-
13:03 - 13:06dans un état d'impuissance et où les serveurs sont
-
13:06 - 13:08une concentration des pouvoirs sur le réseau,
-
13:08 - 13:14jusqu'aux serveurs devenant des processus virtuels exécutés dans des nuages de fer
-
13:14 - 13:17au centre d'une galaxie de plus en plus chaude
-
13:17 - 13:21et où les clients se retrouvent dans les confins poussiéreux de celle-ci.
-
13:21 - 13:24Toutes ces décisions architecturales furent prises
-
13:24 - 13:28sans aucune discussion des conséquences sociales à long terme.
-
13:28 - 13:31Une partie de notre difficulté globale à parler des conséquences
-
13:31 - 13:34sociales de la technologie pendant la grande
-
13:34 - 13:38période d'invention d'Internet,
-
13:38 - 13:41invention faite par des informaticiens qui n'étaient pas démesurément
-
13:41 - 13:44attirés par la sociologie, la psychologie sociale ou,
-
13:44 - 13:48(hormis quelques brillantes exceptions) la liberté.
-
13:48 - 13:53Nous avons donc eu une architecture très facilement mal utilisable.
-
13:53 - 13:57En fait, elle demandait, d'une certaine manière, à être mal utilisée.
-
13:57 - 14:01Et aujourd'hui, on récolte les mauvais usages que l'on a mis en place.
-
14:02 - 14:06Parce qu'on a réduit les clients,
-
14:06 - 14:09on les a réduits de plus en plus.
-
14:09 - 14:11En fait, on les a rendu mobiles.
-
14:11 - 14:13On les a mis dans nos poches et on a commencé
-
14:13 - 14:15à se promener avec.
-
14:19 - 14:26Il y a beaucoup de raisons pour rendre les clients impuissants,
-
14:26 - 14:29et il y en a encore plus pour rendre impuissants
-
14:29 - 14:33les gens qui possèdent les clients, et qui, bizarrement, pourraient être
-
14:33 - 14:36considérés comme des gens qui veulent contrôler les clients.
-
14:36 - 14:39Si vous réfléchissez juste un instant au nombre de gens qui ont
-
14:39 - 14:43intérêt à rendre impuissant les clients que sont les téléphones portables,
-
14:43 - 14:45vous verrez de quoi je veux parler.
-
14:45 - 14:48Il y a beaucoup d'ayant-droits, comme ils se considèrent,
-
14:48 - 14:51qui se recoupent, et tous ont un intérêt à
-
14:51 - 14:55rendre impuissant le client au bord du réseau,
-
14:55 - 14:58pour éviter que le matériel personnel soit déplacé
-
14:58 - 15:02d'un réseau à un autre, pour éviter que le matériel personnel
-
15:02 - 15:05ne joue de la musique qui n'aurait pas été achetée au grand
-
15:05 - 15:12monopole de la musique dans le ciel, pour rendre impossible des services de vidéos
-
15:12 - 15:16à la demande qui favoriseraient de nouvelles puces que j'ai trouvés moi-même et qui ne
-
15:16 - 15:20liraient pas les standards vidéos populaires, bons ou mauvais.
-
15:20 - 15:24De nombreux modèles d'entreprises sont construits sur le fait
-
15:24 - 15:28de récupérer le contrôle sur le matériel et les logiciels du client en bordure,
-
15:28 - 15:32pour en priver l'être humain qui a bizarrement pensé
-
15:32 - 15:37qu'en achetant ces produits, et donc en occupant la place
-
15:37 - 15:41du propriétaire dans la vision capitaliste,
-
15:41 - 15:44il en aurait le contrôle total.
-
15:45 - 15:49En fait, ce que l'on a, comme je l'ai dit il y a deux ans,
-
15:49 - 15:52entre des conférences ici-même et un autre poste à l'université de New-York,
-
15:52 - 15:55en fait, ce que l'on a, ce sont des choses que l'on nomme plateformes.
-
15:55 - 15:57Ce mot plateforme, comme le mot nuage, ne
-
15:57 - 16:00signifie rien par lui-même, c'est un fouillis
-
16:00 - 16:03de jargon d'affaires, mais basiquement, ce que plateforme signifie c'est :
-
16:03 - 16:08un endroit qu'on ne peut pas quitter. Des choses dans lesquelles on reste bloqué.
-
16:09 - 16:12Des choses qui ne vous lâchent pas, vous voyez ?
-
16:12 - 16:16C'est ça, les plateformes. Et le Net, qui est devenu
-
16:16 - 16:21une zone hiérarchisée, avec les serveurs au centre,
-
16:21 - 16:25et les clients de moins en moins puissants en bordure, devient le royaume des plateformes.
-
16:25 - 16:32Et la mise en place de plateformes est à l'ordre du jour.
-
16:33 - 16:37Il y a quelques années de ça, un avocat très astucieux qui travaille dans l'industrie,
-
16:37 - 16:43m'a dit : "Microsoft n'a jamais vraiment été un développeur de logiciels.
-
16:43 - 16:47Microsoft était une entreprise de gestion de plateformes."
-
16:47 - 16:51Et j'ai pensé : "oh que oui, c'est exactement ça."
-
16:52 - 16:56Et donc on a eu plein de gestionnaires de plateformes, dans un réseau
-
16:56 - 17:01hiérarchiquement organisé, et on a commencé à développer des services.
-
17:02 - 17:06"Des services" est un mot compliqué, il n'est pas du tout insignifiant,
-
17:06 - 17:11mais c'est très délicat de décrire que l'on s'en sert pour des tas de choses différentes.
-
17:11 - 17:15Nous avons cruellement besoin d'une analyse taxinomique des services,
-
17:15 - 17:19comme me l'a signifié mon ami et collègue
-
17:19 - 17:22Phillip Begrin, à Paris, il y a de ca 2 ou 3 ans.
-
17:23 - 17:27La taxinomie des services implique des questions de simplicité,
-
17:27 - 17:31de complexité, d'échelle et de contrôle.
-
17:32 - 17:35Pour prendre un exemple, on pourrait définir une dichotomie entre
-
17:35 - 17:40des services simples et des complexes, dans laquelle les services simples
-
17:40 - 17:43sont des choses que tout ordinateur peut faire pour tout autre ordinateur.
-
17:43 - 17:47S'il veut, et les services complexes sont des choses qu'on ne peut pas faire
-
17:47 - 17:50avec un ordinateur, on doit le faire avec des clusters, ou des structures
-
17:50 - 17:56d'une certaine complexité calculative ou administrative.
-
17:56 - 18:02La recherche est un service complexe, en fait la recherche est l'archétype
-
18:02 - 18:04du service complexe.
-
18:04 - 18:08Etant donné la nature unique des liens sur le Web,
-
18:08 - 18:10et d'autres éléments de l'architecture des données avec laquelle
-
18:10 - 18:14nous vivons désormais (c'est un sujet pour d'autres conférences),
-
18:14 - 18:19la recherche n'est pas une chose que l'on peut facilement distribuer.
-
18:19 - 18:22La puissance de nos amis de chez Google au sein du marché dépend
-
18:22 - 18:26entièrement du fait que la recherche n'est pas facilement distribuée.
-
18:26 - 18:29C'est un service complexe, qui doit être organisée de manière centralisée,
-
18:29 - 18:32et distribué de manière centralisée. Elle doit parcourir le Web,
-
18:32 - 18:35dans une seule direction, lien par lien, en devinant
-
18:35 - 18:40où se trouve chaque chose, dans le but de vous aider à le trouver quand vous en avez besoin ;
-
18:40 - 18:44et dans le but de faire ca, du moins jusqu'à présent, nous n'avons pas conçu
-
18:44 - 18:48de bons algorithmes et de bonne structures de distribution pour le faire
-
18:48 - 18:50de manière décentralisée.
-
18:50 - 18:56Donc, la recherche devient un archétype de service complexe,
-
18:56 - 19:01et il attire à lui un modèle d'entreprise pour sa monétisation.
-
19:02 - 19:06La publicité au 20e siècle était une activité aléatoire.
-
19:06 - 19:09On jetait des choses, et on espérait qu'elles marcheraient.
-
19:09 - 19:11La publicité au 21e siècle est une activité
-
19:11 - 19:16extrêmement précise. On attend qu'une personne veuille quelque chose,
-
19:16 - 19:19et alors on lui envoie des pubs sur ce qu'il veut,
-
19:19 - 19:22et bingo ! ca marche comme par magie.
-
19:23 - 19:26Alors, bien sur, au verso d'un service complexe
-
19:26 - 19:29nommé recherche, il y a un service théoriquement simple
-
19:29 - 19:33appelé publicité qui, lorsqu'il est uni à un service complexe,
-
19:33 - 19:37augmente son efficacité en ordre de grandeur,
-
19:37 - 19:40et l'augmentation de l'efficacité du service simple,
-
19:40 - 19:42lorsqu'il est combiné avec le service complexe,
-
19:42 - 19:46produit un énorme surplus de revenus
-
19:46 - 19:50qui peut être utilisé pour renforcer encore plus la recherche.
-
19:51 - 19:55Mais c'est la partie innocente de l'histoire,
-
19:55 - 19:59et nous n'en restons pas à la partie innocente de l'histoire
-
19:59 - 20:02pour de nombreuses raisons. Je ne serai pas ennuyeux et marxiste
-
20:02 - 20:06un vendredi soir, à dire que c'est à cause de la bourgeoisie qui
-
20:06 - 20:10s'emploie constamment à détruire et réinventer au mieux ses propres activités,
-
20:10 - 20:14et je ne serai pas moraliste un vendredi soir, à dire qu'on ne doit pas faire ca,
-
20:14 - 20:19parce que, disons, le pêché est irrévocable, indéracinable
-
20:19 - 20:23et les hommes sont des créatures déchues, et l'avidité est l'un des pêchés que l'on ne peut pas
-
20:23 - 20:25s'empêcher de commettre.
-
20:25 - 20:29Je dirai juste que, comme une sorte de processus social ordinaire,
-
20:29 - 20:34on n'arrête pas un innocent, on continue, ce qui est sûrement
-
20:34 - 20:36la chose que l'on doit dire un vendredi soir.
-
20:38 - 20:40Et donc on a continué.
-
20:40 - 20:43Mais, là où on est allé c'est vraiment vers la découverte
-
20:43 - 20:47que tout ce petit monde serait encore mieux si on avait les logs de tout.
-
20:47 - 20:49Parce qu'une fois que l'on a les logs de tout
-
20:49 - 20:56alors chaque service simple devient tout d'un coup une mine d'or attendant d'être exploitée.
-
20:56 - 20:59Et on les a détruits, parce que l'architecture du Net a mis les logs
-
20:59 - 21:03à la mauvaise place. Elle a mis les logs là
-
21:03 - 21:05où des innocents serait tentés.
-
21:05 - 21:08Elle a mis les logs là où l'état déchu de l'être humain
-
21:08 - 21:12implique en définitive des problèmes, et on les a eus.
-
21:18 - 21:23Le nuage signifie qu'on ne peut même plus indiquer
-
21:23 - 21:26la direction du serveur.
-
21:26 - 21:30Et parce qu'on ne peut plus monter la direction du serveur
-
21:30 - 21:35nous n'avons pas de moyen hors ou non-technique de
-
21:35 - 21:40contrôler ce désastre au ralenti.
-
21:40 - 21:47On peut faire une règle à propos des logs ou des flux de données, ou leur protection,
-
21:47 - 21:53ou leur controle, ou accès, ou divulgation, mais ce sont des lois humaines
-
21:53 - 21:57et elles occupent un terrain défini, alors que le serveur
-
21:57 - 21:59est dans le nuage.
-
22:00 - 22:03Et cela signifie que le serveur a toujours un coup d'avance sur
-
22:03 - 22:07chaque règle que l'on fait, ou deux, ou trois, ou six,
-
22:07 - 22:10ou pouf ! je viens juste de réaliser que je suis soumis à un règlement,
-
22:10 - 22:13je pense que je vais partir pour l'Océanie dès maintenant.
-
22:15 - 22:18Ce qui signifie que, en effet, on perd la capacité à utiliser
-
22:18 - 22:22à la fois la réglementation légale, et quoi que ce soit
-
22:22 - 22:26au niveau de l'architecture réseau, pour interférer avec le processus
-
22:26 - 22:30de chute de l'innocence, qui était alors inévitable
-
22:30 - 22:33dans l'étape dont je parle, qu'on pourrait appeler
-
22:33 - 22:36Google dernière version, étape 1.
-
22:41 - 22:45C'est alors, bien sur, que M.Zuckerberg entre en scène.
-
22:47 - 22:51La race humaine a, comme vous le savez, un potentiel blessant
-
22:53 - 22:59mais M.Zuckerberg a atteint un record non enviable.
-
23:00 - 23:07Il a fait plu de tort à l'espèce humaine que n'importe qui de son âge.
-
23:12 - 23:16Parce qu'il a exploité le vendredi soir, vous voyez, qui est
-
23:16 - 23:20le fait que tout le monde a besoin de coucher, et il l'a changé en une structure
-
23:20 - 23:25pour dégénérer l'intégrité de la personnalité humaine.
-
23:26 - 23:30Et il y a réussi à un point remarquable,
-
23:30 - 23:36avec un contrat très peu intéressant, qui est : je t'héberge gratuitement sur le Web,
-
23:36 - 23:43ainsi que des applis PHP, et tu te fais espionner gratuitement,
-
23:43 - 23:51tout le temps. Et ca marche. C'est ca qui est triste, ca marche.
-
23:53 - 23:56Comment cela a-t-il pu arriver ?
-
23:56 - 24:00Il n'y avait pas de raison architecturale, au fond, pas vrai?
-
24:00 - 24:03Il n'y avait vraiment pas de raison architecturale.
-
24:03 - 24:07Facebok est le Web, avec "je garde tous les logs,
-
24:07 - 24:10qu'est-ce que ca te fait ?"
-
24:12 - 24:16C'est un vivarium pour voir ce que ca fait de vivre
-
24:16 - 24:16dans un panorama contruit à partir de bouts de Web.
- Title:
- Freedom in the Cloud
- Description:
-
Eben Moglen talks about "Freedom in the Cloud" at the Feb 5, 2010 meeting of the Internet Society's New York chapter. This was the first speech where Eben talks about the FreedomBox, an idea which has turned into the independent FreedomBox Foundation (http://freedomboxfoundation.org) and numerous software development projects. Both highlights and a full transcript of the talk are available here: http://www.softwarefreedom.org/events/2010/ISOC-NY-Moglen-2010/
Original video by Joly MacFie at: http://www.archive.org/details/isoc-ny1710
- Video Language:
- English
JaXoM edited French subtitles for Freedom in the Cloud | ||
JaXoM edited French subtitles for Freedom in the Cloud | ||
JaXoM edited French subtitles for Freedom in the Cloud | ||
JaXoM edited French subtitles for Freedom in the Cloud | ||
JaXoM edited French subtitles for Freedom in the Cloud | ||
JaXoM edited French subtitles for Freedom in the Cloud | ||
JaXoM edited French subtitles for Freedom in the Cloud | ||
JaXoM edited French subtitles for Freedom in the Cloud |