Peut-être pas pour régler tous nos problèmes, mais pour en régler une grande partie, est-ce qu'on est d'accord sur l'idée d'une priorité qui serait de... (salle) _ Changer le système.! - C'est-à-dire d'imposer, de mettre dans ce que nous voulons : une Assemblée constituante sans professionnels de la politique. C'est-à-dire des gens qui ne veulent pas du pouvoir. On veut que dans la Constituante ce soit des gens qui renoncent d'abord au pouvoir pour le futur, mais qui ne sont pas des professionnels. Ou bien est-ce qu'il y a quelque chose qui vous chiffonne là-dedans ? - Là ça va déjà trop loin et le Venezuela a démontré que même avec des professionnels de la politique on peut quand même avoir quelque chose qui est quand même beaucoup mieux que ce que l'on a, nous, aujourd'hui en France. Même si ce n'est pas encore de la démocratie réelle, ils ont quand même via des professionnels qui ont écrit cette Constitution, même si elle a été votée... - Par le peuple, hein, c'est eux qui l'ont écrite. - C'est les citoyens qui l'ont écrite ? - Eh oui, c'est plein de citoyens... Tous les villages en parlaient... - Tirés au sort ? - Non, pas tirés au sort ; c'est pour ça... Il y a une alternative au tirage au sort. Il y a quelqu'un sur mon site qui défend ardemment, qui dit : « Mais avec une assemblée tirée au sort tu vas avoir une poignée de gens qui vont écrire la Constitution à ma place. Or, moi, dit-il, je veux écrire la Constitution. » Et j' entends ça. C'est une autre façon d'écrire la Constitution de façon désintéressée, sans professionnels de la politique, que de faire une Assemblée constituante dans chaque commune. Alors, il y a une controverse, c'est intéressant. Je lui dis : « Mais attends, tu vas avoir 360 000 mille Constitutions. Quand tu vois le temps qu'il faut pour lire une Constitution, et puis comprendre les rouages, ça va être compliqué. » Il me dit : « Oui, mais ça va faire du boulot. » Mais on ne va pas faire ça comme ça. On va avoir peut-être un organe central qui va servir de chef d'orchestre et qui va envoyer aux communes des propositions, des alternatives. Si on trouve parmi ces alternatives quelque chose qui nous va, on ne va pas faire un truc différent, et ça va permettre de rapprocher les points de vue beaucoup plus rapidement que si chacun partait dans tous les sens. Et puis si dans une commune on a une idée géniale : par exemple, on veut un référendum d'initiative populaire, non pas déclenché par 1 % des gens, mais déclenché par une personne. Personne n'y avait jamais pensé. Pour l'instant, dans toutes les communes, ils ont décidé que le référendum d'initiative populaire il fallait être 100 000 ou 200 000 pour le déclencher. Et là y a un gars qui dit, mais il est tout seul , dans une commune, et il dit : non, écoutez, on pourrait faire un référendum d'initiative populaire avec une personne qui le déclenche. - Ah mais mais tu vas avoir trop de référendums ! - Non, non, non ! Parce que que c'est pas tout. C'est une personne qui le déclenche, mais il y a une chambre du référendum qui est tirée au sort et qui écoute tous les citoyens. Son boulot c'est d'écouter. Donc chaque citoyen qui a une bonne idée de référendum, cette chambre des tirés au sort, son boulot c'est de l'écouter , pendant deux heures, ou de l'écouter pendant une demi-heure. Et puis au bout d'une demi-heure, si elle trouve ça intéressant la chambre, elle dit : _ vous avez encore une demi-heure, continuez, parce qu'on a des questions à vous poser. Et puis si c'est intéressant, encore une heure et puis encore une heure. Autant de temps que l'assemblée elle décide de l'écouter ; autant de temps que [?] trouvé le sujet intéressant. Et les sujets intéressants, la chambre, elle dit : Bon bah ce sujet est intéressant. On vote entre nous à la chambre. On dit : bon, OK, on le prend et on le met [?] du référendum. Et finalement, vous voyez ce que je veux dire ? C'est que une idée simple, une idée que une personne aura pu avoir, elle le fera remonter et après ça, l'Assemblée constituante centrale elle le fera redescendre vers les autres communes pour voir ce qu'ils en pensent. C'est possible quand même ce truc-là, et sans tirage au sort. Et c'est un peu ce qui s'est passé au Venezuela. Un peu parce que cela ne s'est pas passé de façon aussi structurée et le peuple n'avait pas autant... Il avait voix au chapitre. Ils ont pu faire des cahiers de doléances et dire ce qu'ils voulaient ; et à tel point que les Vénézuéliens connaissent très bien leur Constitution. Ils apprennent à lire... Le premier texte qu'ils apprennent à lire, c'est la Constitution. Et ils l'ont avec eux. C'est un tout petit texte, c'est un truc qui peut se tenir dans la poche. C'est exemplaire, hein, je trouve d'une certaine façon. Alors pas sur tout, hein, parce que les seuils de déclenchement du référendum d'initiative populaire sont très haut, ils sont à 20 %. À mon avis, c'est beaucoup trop ça. - Mais ça c'est normal ; enfin moi je comprends tout à fait... - Ça se discute. - De la même manière que je pense que des communes comme Marinaleda, que vous devez connaitre, j'imagine,... - Oui, bien sûr, Marinaleda, il faut connaitre... - ... ne vont certainement pas survivre longtemps au milieu d'un système... - Oh, ça fait 36 ans que ça dure, je crois, hein. - Non mais j'imagine que ça ne durera pas [?] parce que c'est du vrai communisme, enfin c'est... - Mais ils le veulent ; ils le font parce qu'ils le veulent. - Oui oui, tout à fait. - Donc c'est bien ça ! - Mais Chávez est quand même arrivé au pouvoir par les urnes. - Oui, pour un Chávez, combien de centaines de Sarkozy, quoi hein ? - Oui, oui, bien sûr, bien sûr... [?] On voit bien qu'en France on n'est pas prêts d'arriver à ce genre de révolution. C'est difficile de croire, en tout cas, que la vraie démocratie pourra arriver par les rues. Moi j'ai du mal à le croire aujourd'hui quand on voit le système dans lequel on est ; sachant que les révolutions, aujourd'hui, on les fait plus comme il y a 200 ans, hein. Les forces de l'ordre, en face de nous, ne sont plus les mêmes qu'il y a 200 ans. Et puis aujourd'hui, voilà, des citoyens avec des fourches ça ne les inquiète pas, quoi. J'ai du mal à croire... mais quand je vois le Venezuela, par contre, ça me donne de l'espoir, parce que je vois quand même que par les urnes ils ont réussi à faire naître une Constitution qui les protège beaucoup mieux que ce qu'on a, nous, aujourd'hui. Et je voulais juste amener dans le débat la réflexion d'une jeune fille qui est partie, mais qui rejoignait le concept de dualité entre les civils et les citoyens. Et vous l'amenez très bien, d'ailleurs, quand vous parlez des assemblées tirées au sort au Mali où la compétence n'est pas vraiment à remettre en cause, hein. Mais parce qu'ils sont aussi alimentés par débat public. On est d'accord ? Il y a aussi les médias. Et cette jeune fille disait en pensant aussi au revenu de base... C'est une question que je voulais poser, si en tant que prof d'économie si vous aviez.... mais bon, après ça sort de la démocratie, quoique... En gros, elle disait que chaque citoyen de par sa présence dans la société - et c'est en ça que ça rejoint le revenu de base - participe au débat de cette société. C'est très catégorique quand même de dire qu'il y a des gens qui s'occupent de la politique et qui s'y intéressent et des gens qui s'y intéressent pas. Y a des gens qui s'y intéressent un petit peu, puis d'autres plus que d'autres. Mais dans ce débat public qui est alimenté par des médias indépendants, si on arrive à reprendre le contrôle de nos politiques, dans ce débat public ils sont aussi importants que des gens qui s'y intéressent vraiment et qui vont participer à des assemblées. - Oui, absolument ! Et d'ailleurs le revenu minimum, c'est pas du tout dissocié de la réflexion sur la démocratie, c'est même très très très important. - C'était pas pour amener le débat sur l'économie, parce que c'est... - Non, mais on peut en dire juste un mot : c'est-à-dire que le revenu de base... Alors il y a plusieurs versions qui ont des nuances qui sont intéressantes à connaître. Je vous invite à travailler sur le revenu de base, le revenu universel, le dividende universel, le salaire à vie ; le salaire à vie de Friot. Au passage son bouquin, « L'enjeu du salaire », vient de sortir. Il avait écrit « L'enjeu des retraites », qui est un bouquin formidable. Si vous avez la flemme de lire le bouquin, il faut écouter les conférences de Friot sur « L'enjeu des retraites », c'est enthousiasmant. Je connais pas d'idées plus... sur le plan économique - pourtant sur la monnaie, j'en connais quelques-uns qui sont décapants - mais plus révolutionnaire que Friot ! Et ça marche, hein, c'est les retraites. C'est pas du tout une utopie, c'est quelque chose qui existe déja ! Les retraites ça marche déjà très bien, et le financement par répartition ça pourrait s'appliquer aux salaires, ça pourrait s'appliquer à l'investissement ; c'est fabuleux, fabuleux ! Il faut connaitre ça. Et ce qu'il explique là-dessus, c'est justement l'enjeu du salaire. J'ai à peine commencé à le lire. Je l'ai reçu avant-hier, mais c'est un très bon livre. Donc, lui, il est pour le salaire à vie, qu'il différencie du revenu, parce que le mot « revenu », pour lui, est un mot négatif. Peu importe, parce que, en fait, pour quelqu'un qui a un peu de recul sur ces techniques-là, l'important c'est de reprendre un tel contrôle de la création monétaire, qu'on puisse délivrer à chaque citoyen la possibilité de vivre sans travailler. Et sans conditions et à vie. Et ce n'est pas irréaliste. Là le travail de Friot est très très important. Regardez, ça existe déjà ! Ça existe déjà : ce sont les retraites et les fonctionnaires. Vous avez ça sous vos yeux et les fonctionnaires travaillent. Pourtant, le fonctionnaire s'il ne travaille pas, il est payé quand même. Et pourtant, il travaille. Y a un truc ! Pourquoi il travaille ? Et les retraités c'est pareil. Les retraités... Vous en connaissez des retraités ? Demandez-leur ; ils n'ont jamais autant travaillé de leur vie. - Par répartition. - Avec la retraite par répartition. - Par répartition et la retraite qu'on se fait en y mettant de l'argent... - Oui, mais c'est pas grave. Même ceux qui ont des retraites par capitalisation travaillent ! - Y en a qui parlent de retraites par répartition. - Oui, d'accord, mais ce que je veux vous dire, c'est que les gens qui sont débarrassés du travail travaillent ! Débarrassés de l'emploi, dirait Friot, continuent à travailler. Les humains ne sont pas du tout des... Il y en a quelques-uns qui sont oisifs.! OK, il y en a quelques-uns qui sont oisifs. Et Friot dit : « Mais je préfère qu'il soit oisif, plutôt qu'il fasse ingénieur financier ou fabricant de bombes atomiques. Je préfère qu'il soit oisif ! Qu'il aille jouer à la pétanque, je m'en fous, j'ai pas besoin qu'il travaille ! On travaille déjà trop ! » C'est exceptionnel ; le travail de Friot est exceptionnel. Je vous conseille de l'intégrer dans vos analyses. On n'a pas besoin de tant travailler ! On n'a pas du tout besoin que tout le monde travaille. J'ai oublié de prendre « La grande relève ». Il y a un livre que j'ai scanné. J'ai scanné la moitié de mes livres. J'ai déja scanné plus de mille livres. Mais il y en a un que j'ai scanné qui est « La grande relève » de Jacques Duboin, qui explique avec des formules merveilleuses - c'était entre les deux guerres - et il explique... Il dit : « C'est incroyable, enfin ! Le travail c'est une malédiction, et quand il y en a qui enfin sont au chômage, enfin ils reviennent du front, ils sont libérés, on n'a qu'une chose, on les repousse et on les renvoie au front ! » Putain ! ils sont libérés ! Le chômage n'est un problème que parce qu'il n 'est pas généralisé. - Une objection béton. - « Béton ! » - Imaginons qu'on arrive... On sait plus ou moins tous ce qui va advenir si le peuple reprend le pouvoir. C'est-à-dire on va abolir l'obsolescence programmée de tout ce qu'on achète et qui se jette au bout d'un an ; on le sait tous. On va abolir la dette odieuse qu'on a accumulée pendant cinquante ans ou quarante ans. On va... on va... En fait, on va se prendre l'Empire sur la gueule. Et à ce moment-là on va voir les Anglos-Saxons, et les Chinois qui veulent en faire partie, nous foutre sur la gueule parce qu'on va vouloir s'émanciper de l'emprise esclavagiste de cette matrice. - ... mais s'ils sont tranquilles depuis dix ans au Venezuela, parce qu'ils ont quand même subi un coup d'état en 2002 qui... Hein, on a tous compris pourquoi ils voulaient faire sortir Chávez et remettre la bourgeoisie au pouvoir, etc. Je pense que s'ils sont tranquilles depuis dix ans, c'est parce que l'Empire avait d'autres chats à fouetter. - Exactement ! - Dès qu'ils auront fini, ils vont repartir sur Chávez. - Alors j'ai une réponse à ça ! Pourtant elle est redoutable, hein, cette objection. L'objection, vous l'avez entendue, c'est dès qu'un peuple va s'insurger, même si c'est tout un État, il va prendre toutes les oligarchies environnantes, qui sont les Versaillais à l'échelle d'au-dessus, quoi, le pays va prendre les Versaillais d'autour, les oligarchies d'autour sur la figure sous forme de guerre ; de guerre avec un niveau technologique qui, effectivement, fout la pétoche. Alors, c'est pour ça que, moi, il me semble... L'analyse que je fais de cette objection, qui est une vraie objection, c'est que votre objection elle met en avant l'impossibilité du rapport de force dont je parlais tout à l'heure. Et j'en ai bien conscience de ça. C'est-à-dire que je vois qu'ils ont TOUT et partout dans le monde - les 1 % -. Ils ont l'argent, les politiciens, l'industrie, l'économie, les médias, la culture, la doxa,... - L'éducation. - ... les économistes... Laisse tomber, quoi ! Laisse tomber ! Il n'y a aucune chance. Dans le rapport de force, il n'y a aucune chance. Je propose la maladie. Je propose de coller une maladie au monstre ; de lui coller la grippe ! Parce que vous avez un monstre : un énorme diplodocus ! Il attrape la grippe : il est mort. Enfin il est malade, il attrape une maladie. Il était énorme, il était invulnérable, mais si vous avez trouvé la maladie il devient [?], il devient tout faible, tout patraque ; il s'endort. On peut coller la maladie à l'oligarchie ! L'oligarchie elle est devenue toute puissante, elle est devenue triomphante, elle est devenue plus que menaçante. Là, c'est terrifiant en ce moment. Ça a 200 ans le truc, hein. Avant c'était pas aussi pire. Avant c'était pas aussi grave. Avant 1789, avant le gouvernement représentatif, avant l'élection qui est comme un booster de l'horreur ! Moi je dis : plutôt que le rapport de force, collons une maladie au monstre oligarchique en repérant ce qui le booste, ce qui le rend invulnérable. C'est le fait que nous défendons comme une vache sacrée, nous, nous les victimes, les milliards de victimes, parce qu'ils nous ont mis les mots à l'envers, ils ont dit : « Ça c'est la démocratie, ça c'est le suffrage universel. Tu es content ? Tu es citoyen. » ! Tous ces mots sont à l'envers. Je ne suis pas citoyen, je suis électeur ! Je ne suis pas autonome, je suis hétéronome. Je subis la loi de maîtres. Je ne suis pas en démocratie, je suis en oligarchie. Ils ont mis tous les mots à l'envers, et nous défendons comme une vache sacrée en disant : « Celui qui ne défend pas le suffrage universel, c'est un fasciste ! » Là, c'est vraiment, c'est la sélection naturelle, hein. Si on est trop bêtes, on va y passer, quoi ! Si nous défendons comme une vache sacrée l'outil central, le booster de nos pires ennemis ! C'est ce qui permet à Goldman Sachs de prendre le contrôle d'Obama et de l'Amérique ! C'est le suffrage universel ! C'est la campagne électorale qui a coûté 750 millions à Obama ; la dernière. La prochaine lui coûtera un milliard ! Qui va payer le milliard ? Les petits groupis qui mettent un dollar chacun ? C'est pas vrai ! Ne croyez pas ça, c'est un bobard ! C'est Goldman Sachs qui paye, Goldman Sachs et les industriels qui payent Obama. Qui contrôle ? C'est le suffrage universel. On pouvait y croire il y a deux cents ans, mais là on a deux cents ans de data, deux cents ans de données. p 'tain ! Deux cents ans à ne pas tenir ses promesses ! On va continuer à... Attendez, je récapitule pour faire simple : deux cents ans de tirage au sort, les 1 % ne dirigent jamais. Deux cents ans de tirage au sort à Athènes, les 1 % ne dirigent jamais. Les 99 %, les pauvres, dirigent toujours. OK ? Deux cents ans de gouvernement représentatif, de fausse démocratie, faux suffrage universel, de faux citoyens... Deux cents ans : les riches, les 1 % dirigent toujours. Les pauvres, 99 %, ne dirigent jamais, jamais ! Et au point qu'on est en train de nous faire des guerres nucléaires qui se préparent, des guerres insensées, des milliards de morts, un milliard ! Ça suffit, quoi ! Alors, juste une conclusion : le tirage au sort donne le pouvoir aux 99 %, toujours ! L'élection donne le pouvoir aux 1 %, toujours ! À une exception près, de temps en temps ; le temps de lui mettre la pâtée avec la guerre. Combien de temps les 99 % vont-ils défendre l'élection ? C'est ma question. Parce que je veux dire la solution elle n'est pas dans les autres, là, elle est EN NOUS ! C'est pas la faute des pouvoirs quand ils abusent. Le pouvoir il est comme un objet mû par une force qui est plus forte que lui. Lui, il va tomber, parce qu'il y a une force qui est la gravitation, jusqu'à ce qu'il trouve une limite. Et à la limite, il s'arrête ! Eh bien, les pouvoirs c'est pareil ! Un pouvoir va jusqu'au bout de son pouvoir (Montesquieu). C'est pas la peine d'en vouloir à Sarkozy. Sarkozy il va jusqu'au bout, il va nous plumer tous jusqu'au trognon, jusqu'à ce qu'on mette une limite ! Et si on ne met pas de limites, on finira en camp de travail. Comme IG Farben, cartel de la chimie, qui faisait travailler les déportés dans les camps d'Auschwitz. À Auschwitz, les capitalistes, ceux qui sont les capitaines d'industrie, les compétents, ceux qui sont aptes et responsables ; c'est pas comme nous les gueux, hein. Les responsables ils faisaient travailler les déportés qui arrivaient par train. On ne leur donnait pas à manger, on ne leur donnait pas de salaire. C'était parfait, c'était l'idéal du capitalisme. - Vous citez toujours le nom de Sarkozy... - Mais Sarkozy, c'est parce que c'est notre président. Non, non, mais c'est partout pareil, hein. Sarkozy n'est pas pire que les autres, c'est pareil, c'est les mêmes, hein. Je dis « les pouvoirs »... Le pouvoir va jusqu'à ce qu'il trouve une limite. Donc ce qui est très important, c'est qui fixe les limites ? Ça devrait être nous ! Quelle est la dernière fois où vous avez fixé une limite au pouvoir ? Quelle est la dernière fois où vous avez réfléchi aux articles de Constitution qui devraient être dans notre Constitution pour que nous ayons une puissance politique ? Et qui n'y sont pas ! Des articles qui ne sont pas dans la Constitution et qui fabriquent, donc, par leur absence, notre impuissance politique. Quelle est la dernière fois où vous, où nous avons pensé, puis exigé, voulu, exigé un article de Constitution ? Jamais ! Tout le monde s'en fout ! Je prétends, mais ça c'est chouardesque, je voudrais que ça ne soit pas que chouardesque, je voudrais que ce soit citoyenesque ; c'est-à-dire qu'on soit comme des larves que sont les électeurs qui se transforment en papillons, qui se métamorphosent et qui se transforment, et qui se mettent à devenir, à vouloir être autonomes et enfin mettre des limites à nos parents que sont les élus. - Je vous interromps un petit instant. Le souci pour arriver à ça, pour que le « virus » se répande, c'est de communiquer, on est d'accord. Là, les conférences c'est super ; de temps en temps, on communique aussi, on communique à l'extérieur. Par contre, les médias on n'y a pas accès du tout. Ils sont... On ne va pas débattre de leur indépendance, mais elle est quand même douteuse. - Avec Internet on n'a pas besoin d'eux. - Oui, c'est là où je voulais en venir. Par contre ça va pas durer. Il y a une loi qui est en train de passer au niveau européen qui s'appelle ACTA, qui veut lutter contre la contrefaçon. - Ils sont mal barrés. Ils sont en train de renoncer, là. On a fait tellement de bronx qu'ils sont en train de renoncer. - Non, non, non. Ils ont renvoyé ça, pour examen, à un conseil qui rendra un avis et qui ne porte pas sur les bons articles. - Il faut rester vigilants. - Si le réseau n'est plus neutre, on est foutus. Ce qui se passerait, restons dans l'hypothétique, c'est que le citoyen ne soit plus responsable de ce qu'il publie. - [?] - Oui, voilà. Ce serait le fournisseur d'accès ! Si le fournisseur d'accès est responsable de ce qui est hébergé... - C'est affreux. - Il ne va pas prendre de risque. - Internet deviendrait une télé, et puis voilà. - Une télé, une boutique. - Moi j'ai lu sur Internet qu'il y avait un décret qui est passé la semaine dernière qui oblige les fournisseurs d'accès à garder nos données personnelles pendant au moins un an. Tout à fait, c'est à peu près logique. Par contre, ils ne sont pas encore responsables de ce qu'on publie dessus. - - Oui, c'est vrai. Mais maintenant l'URSSAF peut aller nous contrôler... - Mais ça va venir ! Oui, c'est à nos dépens, mais c'est la neutralité du réseau - oui c'est ACTA -, et ça c'est le média qui nous a permis, je pense pour plusieurs quand même, d'être ici ce soir, c'est quand même pas rien ! - Moi je dirais : et alors ? - Faut aller vite, quoi, faut aller vite ! - Pour moi c'est un non-sens parce que on parle d'Internet, d'Internet ; il suffit d'aller voir sur YouTube les vidéos les plus consultées, je veux dire ça va pas chercher très loin au niveau intellectuel. Donc neutralité ou pas, quelles voix de plus que les milliers de Grecs qui sont dans la rue ? Qu'est-ce que vous voulez de plus fort comme voix ? - Les Grecs on les entend pas. - Alexandre dit : sur YouTube il n'y a quasiment que des couillonnades. On dit ça dans le midi, hein. Sur YouTube on trouve que des couillonnades et les choses sérieuses et utiles, elles sont très peu de choses et elles ne sont pas regardées. En même temps, Alexandre, ce qui donne de la pêche, c'est que... ... l'exponentiel, pas facteur dix, facteur deux. Ça double à chaque fois. Clac ! À chaque fois qu'on en parle, ça double, ça double, ça double. Tu sais, il y a l'image de la mare, d'un petit étang, et tu as les nénuphars qui doublent, qui doublent, qui doublent, qui doublent... Ça double toutes les heures. Deux heures avant d'être totalement plein, il n'est qu'à un quart. Trois heures, il n'est qu'à un huitième. Quatre heures, il est... Et en fait quand c'est au début, tu te dis : on n'y arrivera jamais. Mais quand c'est exponentiel... - Là, les courbes elles ne sont pas exponentielles. - Bah, ça dépend de nous. C'est quoi ton prénom ? - Pierre-Louis , merci , - ... elles font 80 000 et on regarde des vidéos qui ont deux ans, elles faisaient déjà 80 000, déjà anti-système, très regardées. C'est déjà beaucoup. - Et la Grèce, moi j'avais plein d'espoirs, ça n'a pas fait long feu. Enfin, j' veux dire, plus médiatisé que ce qui se passe en Grèce ! Ils ont quand même nos idées à nous, tous ceux qui sont dans la rue, grosso modo, et ça n'a rien donné ! - Non, non. Ils ne parlent pas du tout du processus constituant, ni du tirage au sort de l'Assemblée constituante. Pas du tout, du tout, du tout. Ils ne s'occupent pas de cette loi supérieure à laquelle obéit l'armée, la police, etc. - Justement. C'est une petite loi qu'ils veulent faire changer, mais ils n'y arrivent pas. - Non mais c'est normal, ils s'en prennent aux conséquences ; je suis désolé ! - Mais ça devrait être plus facile à changer. - Mais non, pas du tout, les conséquences... Mais non, pas du tout ! Et puis ça change rien surtout ! - Oui, ça change rien, mais... - Non, Pierre-Louis, j'insiste. Ce que je suggère, on ne peut pas dire que ça a déjà été essayé et que ça a marché. C'est pas vrai. On a jamais trouvé une idée qui nous fédère entre les gens dits de gauche, les gens dits de droite, les gens dits de centre. On n'a jamais trouvé ça pour l'instant. On n'arrive pas... On se divise et eux, en face, ils sont très unis, hein ! Ils ont une conscience de classe qui est... Il faut écouter ce que dit Soros, hein. Soros dit : « Oui, mais évidemment qu'il y a une guerre des classes. » C'est pas Soros. - C'est Warren. - C'est Warren Buffett. Évidemment qu'il y a une lutte des classes ; il y a même une guerre des classes. « Et c'est ma classe des riches, des ultrariches, qui la mène, qui la mène et qui la gagne ! » Ils en sont conscients, ils savent très bien qu'il y a une conscience de classe. Mais, si tu veux, je sais bien que ça marchera peut-être pas. Mais j'ai rien de mieux, quoi, voilà. - Tout le monde parle de... Tout le monde attend, apparemment, quelque chose. Donc là, il y a une conséquence qui est importante qui est en train de se produire maintenant. C'est qu'on arrive au pic de production du pétrole. Ce qui va être un choc énorme pour notre société. Nos hommes politiques, notre système politique n'en tient pas compte. Ce qui est une des conséquences inadmissibles de ce système politique. Il y a un groupe très fort qui est en train de se monter, qui monte à une tribune, qui va passer dans « Le Monde » avec des gens derrière, des mouvements, des associations, etc. Il y a une grosse volonté, derrière, de montrer l'absurdité de cette politique qui est complètement à côté de la plaque, qui ne voit pas le pic de production du pétrole qui est annoncé depuis des années ! - C'est une catastrophe écologique épouvantable. Mais c'est une conséquence, ça. - C'est une conséquence ! La-dessus, on va essayer de cristalliser du monde. Il y a des ingénieurs, des gens haut placés qui vont essayer de faire très très mal. Donc ça vous pouvez suivre, ça va cartonner. - Je pense que c'est l'application de cette idée qui est difficile à concevoir, quoi. - Est-ce que je peux vous demander quelque chose ? Il y a un truc qui va être décisif dans notre réflexion : c'est que quand on se quitte vous fassiez quelque chose ou pas. Si vous vous contentez de rentrer chez vous en disant : ouais, c'est intéressant, c'est original ce qu'il raconte ce gars-là. C'est marrant, c'est bien. C'est cuit. C'est cuit et, je pense, que c'est mal barré, là, en ce moment. Si vous essayez... Je ne sais pas si vous y arriverez, mais si vous essayez d'en convaincre quelques-uns à votre tour en disant... Ne serait-ce que pour voir : est-ce que c'est dur ? Et vous allez vous faire rembarrer, ça va être difficile au début. Vous allez vous dire : j'y arrive pas. Mais insistez. Moi, au début, je ne me suis pas désintoxiqué tout de suite, hein. Le tirage au sort, quand j'ai commencé à lire sur ce truc-là, je me suis dit : mais qu'est-ce que c'est que ces conneries !? Puis en lisant ...: tiens, c'est pas si bête, c'est pas si bête, c'est pas si bête. Et puis finalement, c'est après, on apprivoise l'idée, on se désintoxique petit à petit de la fausse démocratie, faux citoyens, faux suffrage universel. Et on se dit : OK ! C'est ça qu'il nous faut, en fait ! Il nous faut la vraie démocratie, le vrai suffrage universel, il faudrait qu'on soit des citoyens autonomes et que nous récupérions la puissance politique qui nous permet d'imposer la justice sociale. - Oui, mais comment ? Par un combat viral, juste ? - Donc, la réponse : ah oui, parce que j'avais pas répondu aux oligarchies extérieures au pays. Les vidéos, là, que j'ai faites l'année dernière et puis cette année, elles commencent à être traduites. Donc en allemand, en anglais, en espagnol. Avec l'anglais et l'espagnol, c'est incroyable ce que ça booste le truc ! Parce que l'idée c'est que comme un rhizome, sous terre, nous nous passerions le mot entre nous en disant : OK. En plus de tout ce que j'ai compris, j'ai compris que la prochaine Assemblée constituante il faudra que je me batte pour qu'elle ne soit pas composée de professionnels de la politique. Et je passe le mot, je passe le mot, je passe le mot... Et on peut pas savoir combien on est, parce qu'on fait ça plus discrètement que là. Et on se passe le mot, on se passe le mot, mais partout dans le monde. Et puis il y a un jour, je ne peux pas savoir quand ; je ne sais pas quand mais ce n'est pas très grave. C'est pas parce que je ne sais pas quand que cela n'arrivera pas. Et un jour, c'est le printemps, ça se met à germer. Ça se met à germer partout ! Et à ce moment-là ce n'est pas un seul pays tout seul qui va se mettre à devenir puissant et autonome, parce qu'il se met à écrire enfin une Constitution qui lui donne le droit de résister aux injustices. C'est plusieurs pays, et plusieurs pays ça devrait marcher, ça a plus de chances de marcher que simplement gagner une élection dans un pays. - Il faut que ce soit ça. Si on veut se parer de l'empire mondialiste qui est là, il faut déjà que cela soit au moins européen, au moins qu'il y ait nos voisins qui nous rejoignent et puis [?]. Mais par contre, je pense que nous n'avons toujours pas le fond du truc qui est : comment on passe de la solution virale à l'application de... une fois qu'on va voir un pays changer sa Constitution... - Je ne sais pas comment ça se fera, mais réfléchissons-y, hein. On va peut-être trouver un déclencheur, une espèce de mot de passe, un code qui dit : c'est le moment, on se lève... Je sais pas..... C'est important que ce soit relativement invisible. Parce que là ils prennent les noms, là, de tous les résistants. Je vous dis ça, c'est pas de la paranoïa, hein. Toutes les guerres, ça commence par les rafles où tous les résistants du moment on les fout en prison. Les communistes, les syndicalistes, les anarchistes, en prison ! Vous vous retrouvez avec un corps social qui est dévasté de tous ses résistants. C'est-à-dire qu'il faut trouver des ressources résistantes parmi tous ceux qui étaient pas résistants avant. Et donc si on arrive à répandre ce mot-là, plutôt discretos, on se donne les forces de résister. Il va y avoir des graines qui auront germé, enfin qui seront prêtes à germer en dehors des rafles. - Discretos via Internet, c'est... - Discretos via Internet, c'est raté. Oui, oui. Il faut que ce soit dans les salons, entre nous. Il faut qu'Alexandre continue, fasse revenir ses invités et qu'on leur parle malgré qu'ils ne veuillent pas. - Est-ce qu'on ne peut pas compter sur des conversions au sein du système ? - Peut-être. Oui, oui, bien sûr, ce serait génial. Si on arrivait à avoir des élus, ou des gens puissants qui aient une conscience, quoi. Ça existe quand même, hein. - Ce que je voulais dire, c'est qu'il y en a ! À l'Assemblée nationale il y a des gens... - Mais bien sûr. - ... qui pensent ça. C'est-à-dire que tous les gens comme vous qui faites des conférences et tout, quand ils parlent, quand ils rencontrent les élus, les élus disent ce que vous dites. - Ce que je dis moi ? - Oui, ce que vous dites. Il y a des élus qui le disent. Mais simplement, ils ne peuvent pas le dire parce qu'ils perdent leur métier. Ils sont virés de l'UMP, ils sont virés du PS, leur carrière est finie. Mais il y en a des gens comme ça. - Ah ouais ? - Oui. - Ça germe, ça germe. - Ça germe ? - Non, ce n'est pas une question. C'est juste [?]... le bouquin de Bernard Manin, « Principes du gouvernement représentatif », il est épuisé ce bouquin ! - Oh, il est introuvable ! - Oui oui , effectivement. Il y en a certains qu'on trouve pas. Je voudrais vous remercier d'avoir participé. On va arrêter là. Je crois qu'Etienne tu vas dire un petit mot, hein ?, parce qu'on peut pas continuer. - Moi, je suis étudiant : j'ai accès à ce bouquin en plusieurs exemplaires dans deux bibliothèques. S'il y a des gens qui veulent venir, je peux le sous-prêter.! - C'est une bonne idée ça ! Se servir des bibliothèques pour le photocopier. - Moi, je l'ai scanné et digitalisé ; donc si vous m'écrivez , je peux vous l'envoyer. - Écrivez-le sur les murs ! - C'est quoi votre prénom ? - Juliette. - Juliette suggère de le photocopier le Bernard Manin et de le coller sur les murs, dans le métro, dans les bus, dans les.... - C'est trop long ! - Non, mais il y a des passages qui sont gratinés, des passages formidables ! Super bouquin ! « Principes du gouvernement représentatif », ça va vous remuer, ça va vous transformer, ça va vous changer. C'est un gars qui fait un bilan honnête entre l'élection et le tirage au sort. Mais comme on n'a jamais, nous, entendu parler du tirage au sort, c'est comme un plaidoyer vibrant, extraordinaire, hein, avec une biblio qui ensuite va vous amener à lire Hansen, Finley, des grands bonshommes qui aiment les institutions athéniennes. C'était super ce soir, hein. C'était très très tonique, c'était vachement bien ! - Etienne, une dernière question. - Si vous voulez un petit moment, vous pouvez vous retrouver de l'autre côté. Il y a un petit peu à boire et à manger. - Qui serait intéressé pour qu'on reste en contact, qu'on se voie, j' sais pas, une fois par mois ? - Alors, on a pris beaucoup de mails de plein de gens, parce que quand vous êtes venus on vous a inscrits. Tous ceux qui ont laissé des mails, on les a. Donc, on peut très bien relancer des choses. S'il y en a qui veulent revenir à la MJC de temps en temps, nous rencontrer, on peut remettre en place des débats de ce type et des choses comme ça. - Vous pouvez aussi, bien sûr, continuer sur le forum, hein. Vous tapez Chouard sur Google : C-H-O-U-A-R-D. Vous arrivez sur le site, et puis il y a un lien pour aller vers le forum, vers le wiki, vers le blog. Hier matin, j'ai mis une idée. Aujourd'hui, avant de partir, avant de venir ici, il y avait déjà 400 commentaires ! 400 commentaires ! C'est inhumain, quoi ! Et intéressants avec... Des gens qui sont pas d'accord du tout, hein. Il y en a qui craignent, mais les gens qui ne sont pas d'accord du tout, il n'y a rien de mieux pour sentir l'état d'une société, savoir... Merci beaucoup à vous de votre... - Merci à vous !