Ça m'a donné une vie décente.
Avant, je dépendais de mon mari.
Mais grâce au revenu de base,
les choses ont changé pour moi.
Lorsque je réalise de beaux habits
et que je peux les vendre,
alors je me sens bien,
et j'y suis pour quelque chose.
Bonsoir, bienvenue dans Panorama,
oubliez tout ce que vous pensiez et pensez encore
au sujet du travail et des revenus,
nous faisons ce soir table rase de tout cela
pour laisser place à une autre idée:
un revenu de base pour tout le monde.
Sérieusement,
que se passerait-il
si tout le monde dans notre pays
recevait dès 18 ans
1500 euros par mois du gouvernement ?
Ceux qui veulent gagner plus d'argent
peuvent travailler pour compléter ce revenu de base,
ceux qui se contentent de ces 1500 euros
peuvent faire d'autres choses plaisantes.
En revanche, nous supprimons
toutes les autres allocations
telles que les revenus d'intégration,
pensions, allocations de chômage etc.
Tout simplement 1500 euros par mois.
De façon inconditionnelle,
jusqu'à la fin de vos jours.
Je vous entends déjà dire :
"C'est de la folie!"
Alors continuez de regarder ce qui suit,
car vous verrez que les Suisses
vont organiser un referendum
sur ce revenu de base,
et que, dans la pratique, ça existe déjà.
Notamment dans un village de Namibie.
Un reportage de
Alina Kneepkens et Jozef Devillé.
Notre pays est à l'arrêt,
nous sommes les champions mondiaux
en matière d'embouteillages,
1 employé sur 10
est à la maison à cause d'un burn-out,
et aucun pays ne devance la Belgique
en consommation d'anti-dépresseurs
et de somnifères.
Nous travaillons jusqu'à l'épuisement,
mais, gouvernement après gouvernement,
on nous demande de faire un effort,
car nous devons encore travailler plus
et le gouvernement doit économiser.
Le gouvernement doit de toute façon
atteindre son objectif budgétaire.
Ce seront plutôt des mesures
dans le cadre du remaniement budgétaire.
Et maintenant nous devons
diminuer les dépenses avant tout.
Il n'y a pas d'argent en Flandres,
ni au fédéral.
Les efforts sont déjà lourds
et le deviendront encore davantage.
C'est aussi un choix que nous faisons.
Il y a un sentiment que beaucoup
n'en peuvent plus,
et que la classe moyenne est
pressée comme des citrons.
L'inquiétude est profonde au niveau
de l'ensemble des travailleurs en Belgique.
On entend souvent dire
qu'il n'y a pas d'alternative,
que l'on ne peut pas faire autrement
que d'épargner.
Mais il existe une idée révolutionnaire
pour réformer les subsides de l'état.
Cette idée intéresse autant
les partis de gauche que de droite.
Il s'agit d'un soutien minimal:
un revenu de base garanti.
A quoi ressemblerait le monde
si chacun recevait un revenu,
même ceux qui ne trouvent pas un emploi?
Aujourd'hui, une utopie où tout le monde
recevrait de l'argent?
La Suisse va peut-être remplacer
sa politique en matière de pauvreté
par un revenu de base inconditionnel.
Un revenu de base inconditionnel,
qu'est-ce que c'est?
Comme son nom l'indique,
chacun à partir de 18 ans,
quelque soit son sexe ou
ses ressources actuelles,
reçoit un revenu de base
de la part du gouvernement,
de façon inconditionnelle,
qu'il ait un emploi,
qu'il étudie ou reste à la maison
pour s'occuper des enfants;
tout le monde reçoit la même chose pour
pouvoir subvenir à ses besoins de base.
En plus du revenu de base, vous pouvez
travailler et gagner autant que vous voulez.
En Belgique,
un certain nombre de personnes travaillent
sur le revenu de base
depuis les années 80.
Ainsi, Philippe Van Parijs a créé
à l'époque un groupe de travail
avec entre autres Guy Standing
et Roland Duchâtelet.
Nous connaissons bien Dûchatelet,
fondateur du parti politique "Vivant",
mais il est surtout connu pour être propriétaire
de quelques équipes de football.
Quant à Francine Mestrum,
elle est l'une des rares
mais farouches opposantes.
Le psychiatre Dirk de Wachter et
Sarah van Liefferinghe du Parti Pirate
voient les avantages du revenu de base
pour le bien-être des gens.
Nous voyons à quel point
certaines personnes sont coincées
dans cette course au "travailler plus,
plus fort et plus longtemps",
afin de pouvoir consommer plus
et que l'économie puisse croître.
Mais comme beaucoup de gens, nous sentons
que ce modèle nous frustre,
nous épuise
et nous vide émotionellement.
Beaucoup de personnes n'arrivent plus
à travailler,
et viennent chez moi en disant:
"Docteur, aidez-moi, je n'en peux plus";
et aider, en tant que docteur, ça veut dire
les déclarer en incapacité de travail.
Ces dix dernières années,
le nombre de personnes
qui sont en incapacité
de travail périodique
a augmenté de 50%.
Nous devons commencer à repenser tout ça
à un niveau fondamental,
et le revenu de base
est l'une de ces choses fondamentales
qui peut donner l'impulsion nécessaire.
L'heure du revenu de base est arrivée.
Parce qu'avec la mondialisation
qui a commencé dans les années 80,
le nombre de personnes sur
le marché mondial du travail
a quadruplé.
Donc, pendant les 30 dernières années,
on a constaté une pression à la baisse
sur nos salaires réels.
L'économiste britannique Guy Standing
a organisé la plus grande expérimentation
de tous les temps sur le revenu de base.
En Inde, 20.000 personnes ont reçu
un véritable revenu de base pendant 2 ans.
Il va partager avec le monde entier
les résultats incroyables de ce projet.
Récemment, il a été invité à Bruxelles
à l'initiative
de l'ex-commissaire européen
du travail et des affaires sociales,
Lazlo Andor.
Merci beaucoup.
Le pire serait de
retourner à l'ancienne norme.
Le professeur Standing travaille
à l'Organisation Internationale du Travail.
Il parle dans ses livres
de la sous-classe grandissante
de notre société
et de ce qu'il appelle "le précariat".
Le précariat est constitué
de plusieurs millions de personnes
qui sont exposées à un
travail insécurisant.
Sans savoir vers où elles vont.
Elles n'ont aucune carrière en vue.
C'est une tendance dans laquelle
nous nous trouvons depuis les années 80
avec Tchatcher et Reagan.
At après 30 ans de "l'avidité c'est bien",
il est temps de passer à autre chose.
[Autre modèle, autres modèles maintenant]
[Investissez dans les personnes,
pas dans les armes]
[TAISEZ-VOUS et TRAVAILLEZ!]
[Pas d'économies sur notre avenir!]
[Plus fort? Plus vite? Plus longtemps?
Comme des Machines?]
Et cette incertitude
est extrêmement stressante.
Les personnes qui sont dans le précariat
vivent la plupart du temps
sous la menace
d'un endettement intenable.
Au moindre incident,
elles se retrouvent à la rue.
Nous sommes actuellement, selon les pays,
2 à 3 fois plus riches par habitant
que dans les années dorées des '60,
et nous sommes toujours confrontés
à un taux de chômage énorme.
Les gens ont peur pour leur emploi
et pourtant nous sommes 2 à 3 fois plus riches.
Ne sommes-nous pas tous dans l'erreur?
La pauvreté est résolue par le revenu.
Il faut donc donner aux pauvres
des prestations qui soient assez élevées,
ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.
En cela, les défenseurs du revenu de base
ont entièrement raison;
les pauvres ont besoin d'un revenu
pour vivre dignement.
Pour voir de nos propres yeux
ce qu'un revenu de base
change pour les personnes pauvres,
nous avons voyagé en Namibie,
un pays de grands contrastes.
Les profits énormes
de l'exportation de diamants
contrastent fortement
avec la situation dangereuse,
celle d'une population qui vit dans la pauvreté.
Otjivero est un pauvre village dans le désert
où les gens n'ont rien du tout.
Nous étions pauvres et sales,
Ici à Otjivero.
Mais grâce au revenu de base nous avions
de quoi manger et un toit pour dormir.
Otjivero a été choisi en 2009
pour une expérimentation
dans laquelle les 930 habitants recevaient
100 dollars namibiens par mois,
soit environ 7 euros par personne.
Il n'y avait pas de conditions,
les gens étaient libres de choisir
ce qu'ils feraient avec cet argent.
Les gens vivaient principalement
dans des maisons en plastique et en carton.
Et grâce au revenu de base
on a constaté après 6 mois à un an
qu'Otijvero commençait à changer.
Le Conseil Namibien des Églises,
quelques syndicats et des ONG
ont apporté les fonds nécessaires
à ce projet exceptionnel.
Le prêtre Wilfred Diergaart
et l'évêque Zephania Kameeta
avaient choisi Otjivero comme endroit idéal
pour cette expérimentation.
Ce morceau de terre perdu dans le désert
est habité
par différents groupes ethniques.
Les scientifiques Claudia et Dirk Haarmann
ont effectué des recherches intensives sur place;
et en coopération avec
l'université de Cape Town,
ils ont analysé les résultats.
Au début, on s'est dit que 100 dollars
namibiens ce n'était pas grand chose,
que cela créerait juste une différence
au niveau de la sécurité alimentaire,
et que cela aiderait juste les gens
au quotidien face à la pauvreté.
Mais en fait,
nous avons été très surpris des résultats.
La malnutrition a diminué de 42 à 10%.
Les gens avaient assez pour se nourrir.
Mais ce qui est extraordinaire, c'est que
les gens ont vraiment commencé à bouger
et ils ont pris leur vie en main.
Il y a eu un véritable processus
d'autonomisation dans le village.
Grâce au revenu de base,
mon activité à prospéré.
Je suis charpentier,
je fabrique des lits par exemple.
Nous avons réfléchi
à comment améliorer nos vies.
Marie-Rose s'est installée comme coiffeuse.
Elle vend aussi du pain et des biscuits.
C'est mon boulot.
Elle me paye pour cela.
C'est ce qu'on appelle le pouvoir d'achat:
dès que vous donnez de l'argent aux gens,
ils peuvent aussi le dépenser.
La plus grande réussite que j'ai vu ici,
c'est la création de la boulangerie
grâce aux recettes
de cette allocation de base.
Je m'appelle Frida.
Cette boulangerie
est maintenant auto-suffisante.
Si vous donnez de l'argent à quelqu'un,
pourquoi deviendrait-il paresseux?
Moi par exemple, je ne suis pas fainéante,
on m'a redonné de l'espoir,
et je suis occupée tous les jours.
Si vous donnez de l'argent aux gens,
ils peuvent décider par eux-mêmes ce qu'ils vont en faire.
Le gouvernement ne nous donnait
que de la farine de maïs
mais tout le monde n'en mange pas.
Comment savoir si tout le monde
aime la farine de maïs?
Tout le monde n'aime pas ça.
Alors donnez leur plutôt de l'argent
et ils décideront ce qu'ils préfèrent acheter.
C'est comme ça
qu'un adulte apprend la vie.
Le revenu de base est une mesure d'adulte,
pas une mesure paternaliste.
Mais pourquoi avons-nous besoin
d'un revenu de base en Belgique,
alors que nous avons déjà
un système d'aide sociale si développé?
Hé bien, vous n'avez un revenu de base
que si vous êtes le roi.
La Belgique a un excellent filet
de sécurité sociale,
mais il est terriblement complexe.
Si les gens commencent à travailler à temps partiel,
ce qui est parfois possible,
alors ils gagnent moins que l'allocation de handicap.
Du coup, ils sont punis de faire ce choix.
C'est complètement contre-productif.
Cela vous rend dépendant,
et vous sape la motivation.
Vous gagnez moins avec un petit boulot
qu'en dépendant de l'aide sociale.
C'est pourquoi l'un des principaux arguments
pour le revenu de base,
dans le contexte belge ou européen,
est que le système actuel
crée une sorte de piège à pauvreté,
un piège à chômeurs,
parce que les allocations
sont octroyées sous conditions.
Nous sommes arrivés à un point
où nous payons des gens
pour contrôler ce que les chômeurs font.
Et ça, c'est indécent.
Avec un revenu de base, nous n'aurions
plus besoin d'une administration énorme.
La redistribution des richesses implique
de dépenser plein d'argent
pour payer des gens qui font
quelque chose franchement inutile.
Ou qui pourraient être remplacés.
Nous pouvons faire cette redistribution
d'une manière beaucoup plus efficace
en donnant tout simplement
un revenu de base à chacun.
Et les gens n'auront plus besoin de tricher.
D'ailleurs, en fait,
il n'y a pas moyen de tricher.
Si personne ne peut frauder
pour recevoir le revenu de base
alors il n'y a plus besoin de contrôles.
L'un des volets les plus importants
de notre système social,
devient ainsi obsolète.
Qui est-ce qui cherchait
à réduire les dépenses publiques?
Le revenu de base est "une idée
qui refuse de mourir".
Elle est née avec Thomas Paine en 1975.
Mais aussi en 1848 à Bruxelles.
Le philosophe libéral belge Joseph Charlier
avait écrit à ce sujet dans cette maison.
Cette proposition est réellement
une proposition
d'un vrai revenu de base inconditionnel.
Modeste, mais réellement inconditionnel.
"N'oublions pas que l'homme
dont les besoins matériels sont assurés,
seul est indépendant.
Dans l'état actuel,
l'homme qui est dans la dépendance d'autrui
pour ses besoins absolus est un esclave."
Et enfin un dernier extrait
qui exprime bien l'ambition:
"La solution que je donne de la question sociale
est aussi simple dans son application, qu’immense dans ses résultats."
Ce phénomène belge prouve aussi
qu'une idée simple
peut avoir d'immenses conséquences.
Non, Merci.
Grazie.
Oui, avec 2000 euros par mois, il n'y a pas besoin
de s'inquiéter pour le reste de la vie.
Win for life – "tranquille la vie".
En 2010, j'ai gratté ce ticket gagnant
et je n'avais toujours pas
réellement réalisé.
Mais lorsque tu mets ton billet
dans la machine chez elle
et que la petite musique retentit,
tu te dis:
'C'est vraiment vrai'
Et ensuite elle m'a dit:
"oh, t'as de la chance,
parce que c'est toujours versé
le premier du mois
donc, à partir d'après-demain,
il y aura chaque mois
2000 euros sur ton compte.
Pour le reste de ta vie."
Nous appellerons notre gagnante Anja.
Elle s'inquiète du stigmate
selon lequel elle paresserait
pour le reste de sa vie.
En fait, je travaille plus qu'avant
depuis que j'ai gagné à Win for Life.
Mais aussi parce que
je le fais aussi avec plaisir.
Ce que je fais en tant qu'indépendante,
ça ne me paraît pas être du travail,
parce que j'ai du plaisir à le faire.
Mais si je n'avais pas gagné
je n'aurais jamais eu la chance
de faire ce que j'aime.
C'est juste fantastique.
Cette femme qui suit ses envies.
Elle est libre et c'est ça l'essentiel.
Un revenu de base
c'est un revenu de liberté,
et ça, les gens ne l'ont pas encore compris.
Et quand tu vois le bonheur collectif
qui est gaspillé,
par le fait qu'on refuse
d'y réfléchir sérieusement,
c'est gigantesque.
Pour moi, ce boulot à temps plein
n'est plus une pression comme avant.
Je crois que beaucoup de personnes
se disent qu'elles doivent garder leur job
parce que c'est tout ce qu'elles ont,
tandis que pour moi c'est:
"si je perds ce job, c'est pas la catastrophe".
Ce que j'ai aussi constaté
en tant qu'entrepreneur,
c'est que les gens qui aiment ce qu'ils font,
le font très bien
et ils sont aussi plus productifs
que ceux qui travaillent contre leur volonté.
C'est aussi le rôle
de ce revenu de base inconditionnel
en termes de capital humain.
Je n'aurais jamais lancé ma propre affaire
si je n'avais pas gagné à Win for Life,
par peur d'échouer
ou de tomber en faillite.
Anja avait aussi plus de soucis
avant de gagner à Win for Life.
Allez dis, mon sèche-cheveux est cassé.
Par exemple, la sécurité de la maison
délabrée dans laquelle elle vivait,
et elle ne pouvait pas compter sur
une aide financière de sa famille
pour acheter une habitation digne de ce nom.
Je n'aurais jamais pu rêver que nous
habiterions dans une si belle maison.
Mais il n'y avait alors plus de problèmes,
car la banque a accepté
de nous prêter de l'argent,
avec ce revenu additionnel de 2000 euros.
Donc dans le cas de Win for Life,
c'est "For Life".
Mais le gros problème c'est
qu'il y a une différence énorme entre
10 personnes, 100 personnes,
1000 personnes sur 11 millions.
Mais que se passe-t-il dans la tête
de ces 11 millions de Belges
lorsque nous offrons à certains au hasard
la chance de recevoir 2000 euros par mois.
Arrêteraient-ils de travailler?
2000 c'est un montant sympa.
Je ne travaillerais pas directement moins,
mon mari peut-être.
Tu peux aller plus souvent en vacances.
Des vacances courtes.
Ça rendrait la vie plus agréable et facile.
Peut-être des transformations dans la maison?
J'économiserais aussi.
Je ne ferais pas des folies.
Alors, pour le restant de sa vie,
on ne devrait plus travailler pour un patron
J'ouvrirais mon magasin
et je démissionnerais.
Ouvrir un restaurant ou un magasin.
Je vous dis directement
que je l'utiliserais pour la bonne cause.
Des projets à petite échelle
de personnes qui veulent faire quelque chose
ou les moins nantis.
Les orphelins, j'en ai vraiment pitié.
Je peux gratter, maintenant?
Les réactions ici
confirment nos attentes
de l'effet d'un revenu de base
sur la société,
ça fait réfléchir sur le temps libre,
ça rend plus indépendant
et personne ne pense à glander.
Hélas.
Dommage.
Mais que pensent-ils de la mise en place
d'un revenu pour chaque Belge par l'Etat?
C'est évidemment pas une mauvaise idée,
mais ce n'est pas tenable.
Ce n'est pas tenable.
Je suis sensible à la liberté.
C'est un système fantastique,
si c'est pour tout le monde.
Si tout le monde peut décider
ce qu'il fait à côté de ça,
directement.
Je signe maintenant.
Si tout le monde le reçoit bien,
alors il n'y a plus de misère.
Je pense alors:
"Où vont-ils aller chercher ces sous?"
Mais je ne vais pas gratter trop longtemps,
parce que je dois encore cuire des patates.
S'il y a bien un pays où il y a
assez d'argent pour un revenu de base,
c'est la Suisse.
Les citoyens du pays des banques
votent en 2016
sur un revenu de base pour chaque Suisse.
Un groupe de quelques artistes
se nomme lui-même
"Generation basic income".
Ils ont collecté
plus de 100.000 signatures
et ont obligé leur gouvernement
à organiser un referendum
via le système suisse de démocratie directe.
Si le "oui" l'emporte,
alors l'Etat suisse
sera constitutionnellement obligé
d'implémenter le système.
Donc au niveau international,
la Suisse est le pays
le plus proche de la possibilité
d'une utopie.
Daniel Häni est entrepreneur et l'homme
derrière "Unternehmen mitte" à Bâles.
Un bar à café dans un ancienne banque
où tout le monde est le bienvenu,
sans devoir consommer quelque chose.
La consultation populaire est
un processus politique.
Mais il en ressort aussi quelque chose.
Les gens se posent des questions,
et quand les gens se posent des questions,
ils réfléchissent.
C'est ainsi que naît la conscience.
Dans le même contexte, il y a aussi
l'action du tas d'argent à Berne.
Le revenu de base est en fait
une idée dans une situation
où tout est disponible
en masse.
Ce sont bel et bien 8 millions
de vraies pièces de monnaie suisses.
Avec cette action, "Generation basic income"
a attiré l'attention du monde entier.
Tu te trouves devant ce tas d'argent
et tu te demandes:
que manque-t-il encore,
lorsqu'il y a tout?
Les Suisses peuvent encore
être soi-disant neutres.
Enno Schmidt est très clair:
un revenu de base est,
même dans un pays riche comme la Suisse,
possible et nécessaire.
Qu'il soit voté oui ou non,
est évidemment très important pour nous.
Naturellement, nous voulons gagner.
Mais pour comprendre comment fonctionne
une démocratie, il faut se dire:
même si la majorité rejette
le revenu de base,
on sait au moins où on en est.
Et ça, c'est bien.
Enno en Co ont encore du chemin
à parcourir avec leur campagne,
car l'homme de la rue,
il hésite encore.
Je ne sais pas encore.
Il faut peser le pour et le contre.
J'y ai encore trop peu réfléchi.
Je ne peux pas dire
si je trouve ça bien ou pas.
Je ne sais vraiment pas encore.
Avec le revenu de base,
une discussion est lancée...
... sur ce que tu veux
réellement faire, non?
Je prendrais le temps
de me demander
si ce que je fais actuellement
est vraiment ce que je veux faire.
C'est une évolution.
C'est ce que nous faisons maintenant
comme une partie de l'histoire.
Il faut que beaucoup de monde
traite du revenu de base
et développe le potentiel
nécessaire à cela.
Si on réfléchit,
beaucoup de personnes ne savent
pas penser par elles-mêmes.
Elles se limitent à l'argument
"c'est comme ça".
Elles doivent donc développer la rébellion,
tout comme les autres forces
qu'elles n'ont pas encore.
Alors on approche déjà
du revenu de base.
Bon, chers Suisses,
vous n'êtes pas non plus si exceptionnels.
En Europe aussi, les citoyens peuvent
lancer une initiative.
L'initiative citoyenne européenne
est une initiative
de la Commission Européenne.
Christina Lambrecht du mouvement belge
pour le revenu de base
explique comment cela fonctionne.
Nous avons écrit un texte
concernant le revenu de base.
Nous l'avons présenté à la Commission
et ils ont dit:
"ok, vous pouvez y aller".
D'abord, nous devons atteindre le
seuil minimum de 7 pays.
15 pays mènent déjà campagne
et collectent des signatures.
En Belgique, nous devions atteindre
16.500 signatures
et nous en avons recueilli 19.500.
Lorsque je suis allée au Ministère
ils m'ont dit, très gentiment,
"Chère Madame, nous ne pouvons
rien faire avec ça,
pour le moment tout le monde
est occupé avec les élections
et l'actuelle ministre de l'intérieur,
je ne vais pas citer son nom,
ce ne serait pas gentil,
elle va juste mettre ça dans un tiroir
et ça ne sera jamais examiné.
J'ai donc, chez moi à la maison,
19.500 signatures de tous ces belges,
du nord et du sud,
qui ont soutenu notre initiative
et qui n'ont en fait pas été écoutés
lorsqu'ils disent:
"voilà l'idée que nous voulons que
la Commission Européenne examine".
Bien, retournons en Suisse alors.
Par hasard, le pays
qui n'est pas membre de l'UE
et où une initiative citoyenne nationale
a force obligatoire.
Thomas est un agriculteur biologique
dans le merveilleux massif montagneux
de Lower Engadin.
Que se passerait-il, si
le revenu de base était introduit?
Comment vous positionnez-vous
par rapport à ça?
J'aurais une liberté
que je n'ai pas actuellement.
Le revenu de base
serait une sorte de subside.
Mais je continuerais à travailler.
Et il y a encore plus d'avantages.
Quoi par exemple?
- Je trouve que c'est la seule solution
à notre rapport perturbé
ou plutôt à notre système financier perturbé.
C'est en fait un problème social
qui nécessite une solution.
Et pour le moment, il n'y a pas de meilleure idée
qu'un revenu de base.
En Suisse, l'idée est en train de mûrir,
mais qu'en est-il chez nous?
Nous sommes prêts à rêver
d'un avenir meilleur,
mais nos (in)actions quotidiennes
sont encore dominées
par des idées bien ancrées.
Le concept d'une semaine de travail
est un concept dépassé.
Le concept de la pension
à un certain âge,
est en fait aussi
un concept dépassé.
Et puis il y a aussi les robots,
qui deviennent sans cesse meilleurs
et ils ne tombent pas en burn out.
Les robots ont déjà repris
une grosse partie de notre travail
et ça augmentera encore de 47%
dans l'avenir.
Nous pouvons nous permettre
de distribuer de l'argent à tout le monde
et ceux qui veulent travailler
reçoivent encore plus d'argent
et ceux qui ne veulent pas travailler,
ils ne travaillent pas
et ils font ce qu'ils veulent.
En principe, la société est assez riche
pour pouvoir faire ça.
Avec le revenu de base, chacun reçoit,
pour la première fois
dans l'histoire de l'humanité,
le choix de quelle sorte de travail
il veut exercer.
Enfin, le marché du travail flexible
que l'on désire tellement.
"Le marché du travail" est un sale mot.
Les gens ne sont pas des marchandises.
Mais avec un revenu de base,
ça devient en réalité un vrai marché.
Vous pouvez dire oui ou non à un emploi.
Donc aussi non.
Avec un revenu de base pour tous
vous allez radicalement
à l'encontre du status quo.
La liberté doit primer; et ceux qui veulent
beaucoup travailler le peuvent,
et ceux qui ne veulent pas travailler
le peuvent aussi.
Power to the people.
Qui pourrait pourrait être contre ça?
Si les gens ont le choix,
ils peuvent prendre eux-mêmes des décisions
et devenir des citoyens responsables
et démocrates.
Ce n'est pas toujours intéressant pour
le monde du travail ou de la politique.
Le revenu de base donnera aux employés
la possibilité
de dire non à des jobs qui ne sont
pas attirants.
A un récent débat sur le revenu de base
on a vite parlé de cet aspect.
Le revenu de base c'est un socle
sur lequel on peut bâtir une vie.
Pas un filet dans lequel
on peut rester prisonnier.
Lorsqu'on y pense, dans le fond,
c'est quelque chose qui n'est pas
seulement justifié,
mais aussi mieux pour l'économie
et mieux pour la santé
de notre société.
Ce sur quoi nous sommes
tout à fait d'accord,
comme je l'ai déjà dit,
c'est que notre marché du travail
est en train de changer profondément
mais instaurer un revenu de base pour ça,
ça n'a aucun sens.
Francine Mestrum s'oppose fermement
au revenu de base,
parce qu'elle est préoccupée
par la pensée libérale qui le sous-tend
et l'effondrement possible
de la protection sociale actuelle.
Il y a des milliers de personnes qui attendent,
qui accepteraient n'importe quel travail.
Donc, aucune chance que
les employeurs ne disent:
"Nous vous payons toujours autant"
"Oh, vous ne voulez pas faire ce job,
je vais vous payer un peu plus".
Cette chance est nulle.
Mais que peut-il alors se passer?
Ce qui peut se passer, ce à quoi
travaille mon organisation
et que nous tentons de défendre,
c'est une réforme du système
de protection sociale.
Nous avons travaillé durant 100 ans
à un système
de protection sociale lié à des droits.
Et ok, ce système ne fonctionne
pas suffisamment bien pour le moment.
Ça signifie qu'on doit améliorer ça,
mais nous ne pouvons pas
tout jeter par dessus-bord,
nous n'en avons pas le droit.
Je ne pense pas que ce soit utile
de tourner les boutons,
d'augmenter un peu plus les allocations
familiales pour le premier
et de les diminuer un peu pour le second;
ça n'a plus aucune utilité,
nous devons oser penser radicalement.
Les jeunes n'osent plus remettre
en question le système actuel,
et ça, nous l'entendons et le voyons
aussi dans ce débat.
Comme la plupart des gens qui sont
venus écouter,
j'ai entendu de bons arguments
pour et contre.
Un ami m'a initié au sujet
il y a 1 ou 2 ans,
et j'y ai tout de suite été opposée
parce que je pensais: 'C'est tellement une
utopie de gauche,
aucune personne réaliste ne peut
être pour'.
Mais entre-temps, j'ai lu
énormément à ce sujet,
et j'ai changé d'avis.
Je vois une jeune génération de gens,
et cette jeune génération
va devoir faire entendre sa voix
dans les prochaines années.
Cette génération pense
tout à fait différemment
au travail, à la société.
Moi par exemple, je suis au chômage,
j'ai étudié, je suis au chômage,
un diplôme, toujours au chômage,
suivi et réussi une formation,
toujours au chômage,
d'autres diraient:
"j'arrête, je retourne dormir".
Les jeunes ne pensent pas non plus
comme la génération précédente;
pour eux, le monde est nouveau
et ils sont en train de le découvrir.
Je pense que les jeunes partent
aussi davantage du principe
qu'il y a de la prospérité.
Je trouve ça bien
qu'on réfléchisse
aux droit sociaux d'une personne
et actuellement, on insiste surtout
sur les devoirs.
Aujourd'hui, on pense surtout à
activer, activer.
Mais oui, en effet,
il y a le devoir de contribuer,
mais vous avez aussi le droit de
recevoir quelque chose.
Le revenu de base met l'accent sur
ce droit et rend heureux.
Alors j'aimerais vous demander,
qu'allez-vous faire
avec votre système de revenu de base,
face à quelqu'un qui à un moment
est au fond du trou,
il va jouer son argent un soir et
il perd tout.
Il n'a plus rien, que faire avec
ce genre de personnes?
Vous avez eu votre chance. Pas de bol.
Allez vivre dans le caniveau maintenant...
ou quoi?
Dans ce système général,
chacun sait ce que chacun reçoit.
Je peux donc vous dire:
"Vous recevez un revenu de base.
Faites-en quelque chose d'utile."
Et vous pouvez me dire la même chose.
Si vous parlez avec les gens d'Otjivero,
ils vous diront:
"Nous sommes une grande famille".
Ils nous ont raconté qu'avant,
les gens se fichaient des autres.
Lorsqu'il y avait une dispute chez l'un
des voisins, personne ne s'en mêlait.
Mais maintenant, ils forment une
grande famille.
Le revenu de base renforce donc
le sentiment communautaire,
mais qu'en est-il de l'inflation?
En tant que Belges qui consomment,
nous aimerions quand même savoir
si notre pain ne va pas tripler en une fois?
C'est possible que, dans les faits,
ça influence les prix vers le bas.
Si vous distribuez un revenu de base
et que ça mène à une plus grande demande
de nourriture ou de services locaux,
que se passe-t-il alors?
Puisque les gens
ont un plus grand stimulant,
l'offre sera augmentée.
L'argent doit rouler pour
stimuler l'économie d'un pays.
Et surtout l'économie dans les
régions campagnardes.
Vous stimulez l'économie locale,
vous créez plus d'emplois,
et ça mène à une substitution de l'import.
L'argent ne part pas,
comme les diamants qui
sont exportés.
Ça reste ici.
Ça rapporte plus d'argent,
car la production et
les rentrées d'impôts augmentent.
Un revenu de base peut donc générer un
potentiel de croissance.
Il n'y a plus besoin de projets-pilotes
pour prouver ce que ça peut réaliser.
Otijvero est un bon exemple de comment
la Namibie peut se développer.
Oui, la Namibie peut être cet exemple.
Si les autorités veulent montrer
assez de courage et de volonté politique,
la Namibie peut devenir un exemple
pour le monde.
Les gens disent tout à coup:
"Nous avons pensé durant des années
qu'un revenu de base en Afrique
était impossible."
Notre coalition a tout calculé.
Et selon nous, un revenu de base
est réalisable au niveau national.
Et pour la Belgique?
Est-ce payable?
Ce n'est pas payable.
Bullshit, il y a assez de prospérité
dans ce monde.
On sait que les 85 personnes
les plus riches sur notre planète
possèdent autant que les 3,5 milliards
les plus pauvres.
Avec le revenu de base, vous pouvez
éliminer certains postes
dans votre protection sociale.
Le revenu d'intégration par exemple, disparaît.
J'ai fait le calcul,
et il y a environ 12 à 13 milliards
qu'on peut éliminer.
12 à 13 milliards, vous n'y êtes donc pas.
Et j'invite tous les défenseurs
du revenu de base
à venir avec un calcul détaillé
et fondé du revenu de base.
Bien Mme Mestrum,
voici Pierre Catelin,
Ismaël Daoud et Axelle De Brandt.
Axelle et Pierre sont thérapeutes et
travaillent à leur livre
sur leur modèle 'revenu de base XXL'.
Ismaël est ingénieur et a travaillé
durant 6 mois pendant son temps libre
à un modèle de calcul.
Durant son temps libre, car nous n'avons
actuellement pas encore de revenu de base
pour pouvoir être des citoyens
libres et innovants.
Le revenu de base, dans le modèle
de Pierre et Axelle, était très généreux
et donc mon premier sentiment
était de dire "non, c'est impossible !"
Mais j'ai été curieux et j'ai voulu
essayer de chiffrer et de calculer.
Si un jour le revenu de base est adopté,
c'est ici que ça se passera.
Nos députés auront moins de pouvoir
s'ils votent ça. Ça demande du courage.
Nous sommes ici à la Chambre,
le parlement fédéral de le Belgique.
Ils ont voté, il y a quelques temps,
la sixième réforme de l'État
qui organise un transfert de compétences
du fédéral
vers les régions et les communautés.
Mais on a oublié les citoyens.
On devait transférer des compétences
des pouvoirs publiques vers les citoyens.
Pour ça, nous avons besoin
d'une 7ème réforme de l'État.
Dans mon métier, depuis un bon moment,
j'aide les gens
à mettre de l'ordre dans leur vie.
Ils me disent souvent que pour ça,
ils ont besoin de plus d'argent
et de plus de temps.
Les chiffres se présentent comme suit,
en milliards de francs.
Nous avons besoin de 187 milliards d'euros
pour un revenu de base de 1500 EUR
pour chaque adulte, à vie.
Il faut aussi 200 EUR pour chaque enfant,
et pour chacun,
toutes les assurances personnelles possibles
payées par l’État.
Nous avons vérifié le calcul
et les chiffres semblent corrects.
Mais n'est-ce pas un peu trop généreux ?
Si on fixait
un montant moins élevé,
on passerait à côté de tout le potentiel
du revenu de base,
qui est justement d'avoir plus de liberté.
Il y a tout d'abord les dépenses de l'État
qui deviennent superflues,
parce qu'elles sont remplacées.
L'État ne doit plus dépenser 41 milliards
pour payer les retraites,
parce que le revenu de base
est une sorte de pension de retraite.
D'autres dépenses sont évitées,
comme le chômage,
parce qu'il n'y a plus de chômage
dans le système du revenu de base.
Vous recevez 1500 euros par mois,
que vous travailliez ou non.
Toute une série de choses ,
comme les allocations
et les pensions,
peuvent être remplacées,
grâce à quoi nous économisons 71 milliards
mais nous devons encore chercher
116,7 milliards.
Grâce à une importante rationalisation
de l'appareil étatique,
Ismaël trouve encore 25 milliards.
Le troisième volet, c'est le financement
par un taxshift.
On va puiser là où
les personnes sont très peu taxées.
Le capital par exemple est taxé en moyenne
à 6% en Belgique,
alors que le travail est taxé à 43%
en moyenne. C'est un grand écart.
L'idée est donc d'augmenter les taxes
sur le capital mobilier et immobilier,
afin de diminuer
les charges sur le travail.
Et on arrive ainsi
à un système plus équilibré
où les gens
ne doivent pas aller manifester
parce qu'ils estiment
qu'ils ont assez contribué.
Pour nous ça redevient une contribution
dans le sens noble du terme.
On contribue à la bonne marche
de la société.
Actuellement,
quand on entend le mot 'contribution',
on pense à une arnaque.
Alors que ce n'est pas l'objectif !
Il y aurait une TVA différenciée:
plus haute pour les produits de luxe,
plus basse sur les produits de base.
Mais en moyenne, on aurait un taux de TVA
d'environ 25%.
Ce qui fait encore
16 milliards d'euros supplémentaires.
Par une augmentation de la TVA à 25%,
et d'autres shifts de taxes et charges,
on arrive à 95,4 milliards.
Ainsi, on arrive à un solde positif.
Ce modèle entraîne un gain de plus de
4 milliards pour l'Etat.
Ce pouvoir d'achat peut augmenter,
comme on le voit en Namibie.
Mais avec ce modèle statique,
on ne peut pas
faire de projection exacte
du pouvoir d'achat.
Mais ces personnes
tiennent aussi compte
des revenus restants
et des frais de l'Etat.
Le prix pour le lancement
du revenu de base est de 0 EUR
moyennant la privatisation de certaines
entreprises publiques.
Chers Pierre, Ismaël et Axelle,
êtes vous vraiment certains de ce modèle?
Oui.
Absolument.
Des économies sont réalisées de facto
sans que l'assistance
ne recule.
Car le système est beaucoup plus simple.
On commence en fait
d'une page blanche.
Il n'y a pas d' a priori ou d'idéologies
politiques.
Une fois encore,
pourquoi le ferait-on?
Pourquoi donnerait-on
aux riches un revenu de base?
Que quelqu'un m'explique
cette donnée simple.
Le revenu de base est pour tout le monde.
C'est ça la différence.
Certaines personnes ne comprennent pas
qu'en excluant les riches,
on exclut des personnes.
Un revenu de base n'exclut personne.
Ce n'est pas une lutte des classes.
Il s'agit de l'humain.
Ce problème est aussi réglé.
(Applaudissements)
Les politiciens ont peur
que si on stimule trop les gens,
ceux-ci n'émettent des revendications
et ne deviennent des citoyens actifs.
Ça, les politiciens en ont peur.
A Otjivero, on a pu voir ce processus
d' "empowerment".
Il devenaient acteurs et pouvaient même
dire au Président:
"Si vous avez encore des doutes
sur le revenu de base,
venez donc discuter avec nous
à Otijvero."
Ce n'est pas vrai qu'on n'en parle
pas dans le milieu politique.
Beaucoup de politiciens en Allemagne,
en Suisse et au Canada en parlent.
Ce sera bientôt à l'agenda politique.
Un des problèmes avec le revenu de base
c'est que dans chaque parti,
il y a des partisans et des opposants
qui réagissent parfois de manière
très émotionnelle
et ça rend bien sûr les avancées
plus difficiles.
Parce que c'est difficile pour un parti
de trouver assez d'unité
à l'intérieur du parti
pour défendre cette idée.
Selon moi, ça prouve qu'il s'agit
d'une idée du futur et non du passé,
parce que cette polarisation gauche-droite
est une illusion.
Ça vient de notre système parlementaire
qui date du 19ème siècle.
Le seul parti belge qui parle du revenu
de base dans son programme
c'est le Parti Pirate.
Le message est:
"Le revenu de base, maintenant!"
On ne discute pas
d'un autre paradigme économique
ou d'une autre manière
de créer de la richesse,
parce que tout le monde est bloqué
par la peur de changer le système actuel,
parce qu'il faut fidéliser les électeurs
et que ceux-ci ne croient pas
au revenu de base.
Et chaque nouveau parti,
surtout s'il a des idées neuves,
est dangereux
et donc catégorisé comme un parti idiot,
qui vient raconter des âneries.
Et nous étions un parti très dangereux
dans ce sens
parce que nous avions en effet
une image forte,
nous avions tout bien préparé etc.
Duchatelet est aussi venu avec
une proposition claire en faveur du
revenu de base
avec son parti "Vivant".
Nous avons aussi
récolté beaucoup de voies.
Nous avions 1 voie sur 40 en 1999
pour un parti
qui n'est presque pas passé à la TV.
Donc c'est énorme.
Et juste après ces élections,
ici en Belgique,
on a immédiatement introduit
ce seuil électoral,
pour être sûr que nous n'y arriverions
pas la prochaine fois.
[Sacrifier les travailleurs
au profit des riches.]
Il est urgent d'instaurer
une politique progressive
de redistribution.
Et un nouveau système de
redistribution des revenus
dans lequel les gens ont
droit à la sécurité
de vivre dans la société moderne.
Si le revenu de base ne fait pas partie
de cette politique progressive,
on doit s'inquiéter, à juste titre,
de ce qu'il se passe.
Et c'est pourquoi cette utopie et ce rêve
sont importants pour donner de l'espoir
et transmettre un message aux gens :
"On peut être optimiste et plein d'espoir".
"Indignez-vous, engagez-vous" dit-il
et je suis tout à fait d'accord avec ça.
"Réfléchissez sur
votre monde, votre existence,
votre job et votre vie,
et essayez à partir de là de signifier
quelque chose dans le monde,
et n'attendez pas qu'un leader
vous dise d'en haut :
"Voilà comment ça doit se passer".
Si nous acceptons que la société
devienne de plus en plus inégalitaire,
et que l'insécurité augmente
pour beaucoup de monde,
c'est inquiétant.
Le revenu de base pourrait-il
contribuer à une société
avec moins de personnes
inquiètes et fâchées ?
Le revenu de base fait aussi surgir
beaucoup de nouvelles questions :
Que faire avec l'immigration,
s'il n'y a qu'en Belgique
qu'on reçoit un revenu de base?
L'instauration ne devrait-elle pas
être étudiée au niveau européen,
voire mondial?
Ou alors on tombe dans la pure utopie?
Je vous dirais: "ce n'est pas pensable
de ne pas le faire".
Parce que 8% des personnes produisent
en réalité tout ce qui est nécessaire.
Et les 92% restants, on doit leur trouver
n'importe quel travail,
dans une administration ou je ne sais où
pour leur donner de l'argent?
Donnons juste de l'argent
à tout le monde.
Les gens ont peur du système
de revenu de base.
Parce que cela ne se limite pas à une
centaine de dollars namibiens
pour les pauvres.
Ça touche à beaucoup de problèmes.
A chaque nouvelle idée
ou chaque idée qui fait face aux
vieux problèmes,
le plus grand défi pour les gens
est de penser de façon ouverte.
C'est ma vie. Pas seulement mon travail,
mais ma vie.
Voilà un sujet dont parler lors d'un des
dîners de famille
qui vous attendent.
Si vous cherchez
des arguments supplémentaires,
vous trouverez encore plus d'infos
sur notre page Facebook
sur le modèle de calcul
de Ismaël, Pierre et Axelle.
Et pour ceux qui pensent que
le revenu de base est une idée ridicule :
le droit de vote pour les femmes
l'était aussi il n'y a pas si longtemps.
Il ne me reste plus qu'à vous souhaiter
une fin d'année chaleureuse
et une nouvelle année
remplie de surprises agréables.
Je vous revois avec plaisir jeudi 8 janvier
pour un nouveau Panorama.
Merci.