…Je sais pas …Je sais pas ce que vous cherchez Non non, ça c’est vrai parce que très bon parce que… on n’a personne qui… qui a à nous raconter ça ouais. c’est parti ? c’est parti, oui. eh bien, le projet d’aéroport est arrivé dans la région, il a été annoncé dans le journal, les gens ont appris ça en lisant le journal un matin qu’ils voulaient faire un aéroport ici et ça c’était en 70… en 69 peut-être même et du coup c’est un projet qui a presque 40 ans là, qui était un projet très mégalo à l’époque, ils imaginaient que l’aviation ça allait devenir comme… il y allait avoir des… que toute personne en fait allait tout le temps se déplacer par avion, par hélicoptère, qu’on allait relier des villes très proches par les airs, et… ils ont toujours eu plein d’arguments pour expliquer que c’était une bonne idée. Et du coup depuis 40 ans, cette région est menacée par ce projet À l’époque, les premiers à se mobiliser contre ce projet c’était les paysans, et ils ont formé une association qui s’appelle l’ADECA Leur but principal était de maintenir une activité agricole sur la zone, parce que la propagande de l’État était que c’était une zone déserte et qu’on pouvait faire ce qu’on voulait. Eux ils disaient « ben non ici il y a de la vie, il y a des agriculteurs qui travaillent » Et du coup ça a été principalement ça et l’époque des années 70 dans la région c’est des mouvements des paysans travailleurs et en fait c’est des paysans qui avaient une conscience de la lutte des classes. Ils ne pensaient pas… ils ne luttaient pas juste pour leur outil de travail à eux. Mais ils voyaient bien qu’il y avait des liens avec la classe ouvrière que leur situation n’était pas si différente que ça et ils soutenaient les luttes qu’il y avait dans les usines. Et du coup, ça, c’était un mouvement assez fort de l’époque et une autre… À l’époque aussi, ce qui était assez fort, c’était des luttes anti-nucléaire et dans la région il y a eu plusieurs victoires à ce sujet, où il y a plusieurs projets de centrale nucléaire qui ont avorté, qui ont été abandonnés à la suite de luttes assez difficiles. Ce qui s’est passé par la suite c’est qu’ils ont déclaré la zone comme Zone d’aménagement différé c’est la ZAD nous, on utilise encore ce mot-là aujourd’hui, mais comme une Zone À Défendre ou pour eux une zone à détruire Mais à l’époque, ça leur a permi à chaque fois d’être premiers sur la liste à l’achat des terres. Dès qu’il y avait quelque chose qui se vendait Eux, ils étaient prioritaires, et le Conseil Général rachetait les terres Et ils ont fait ça pendant de nombreuses années. Surtout que dans les années 70, les gens ne croyaient plus en l’agriculture, ils disaient « c’est foutu, on va plus pouvoir vivre de l’agriculture ». Et du coup depuis les années 70 il y a ce rachat des terres mais, à la fois, le projet, ils n’en parlaient plus concrètement. Il n’était plus… ni les institutions, ni les médias n’en parlait. Et pendant longtemps, ils ont continué à racheter les terres comme ça sans que ça soit vraiment clair que le projet allait avoir lieu. Parce qu’ils n’ont pas terminé ce projet… Parce que ils ont… C’est aussi sûrement la crise économique dans les années 70 qui a fait que ça s’est un peu… ça donne l’impression qu’ils ont abandonné le projet ils en parlaient plus, et en fait pendant tout ce temps-là ils rachetaient les terres et du coup petit à petit ils sont devenus propriétaires d’une grande partie de la zone je ne sais plus c’est quoi les… la totalité de… Il y a qui dedans ? C’est le conseil général, c’est la région qui rachetait pendant tout ce temps-là et ce qui s’est passé du coup c’est que dans les mémoires ça s’est un petit peu éteint les gens n’étaient plus très attentifs à cette histoire-là parce qu’on en parlait plus Et c’est que en 2001 que le projet est réapparu. Le gouvernement a dit qu’ils allaient construire un aéroport ici. Et à ce moment-là ce qui s’est formé c’est plus une opposition citoyenne où il y a une association qui s’appelle l’ACIPA L’ACIPA ? Ouais. L’Association des Citoyens Impactés par le Projet d’Aéroport je crois, je suis pas très très sûre. Eux ils ont travaillé sur plein de plans différents beaucoup de recours juridiques pour demander l’annulation du projet. Ils ont beaucoup travaillé auprès des élus pour faire qu’il y ait de plus en plus de politiques, d’hommes politiques qui s’opposent au projet et que petit à petit ça remonte vers le gouvernement Aussi, beaucoup, ils ont fait des grandes campagnes d’information Je pense qu’ils étaient assez actifs à une période aussi au niveau… à faire des actions de part et d’autre mais toujours sur un mode plutôt symbolique à l’époque Et au moment où les forages, les premières études de terrain ont eu lieu, les forages, il a commencé à y avoir un peu plus de gens de l’extérieur qui ont rejoint le mouvement Mais peut-être, ce que j’oublie de dire, c’est que dans les années 2000, au niveau du gouvernement, au niveau des institutions, ils ont fait passer une déclaration d’utilité publique pour dire que l’aéroport était reconnu comme utile pour la population et du coup à partir de ce moment-là ils ouvraient la possibilité de réaliser le projet. Ça c’était en 2008. Et en 2009 ils ont commencé les études de terrain Du coup, à ce moment-là, il y avait un petit peu des gens qui venaient de l’extérieur et à la fois les gens sur place se rendaient compte qu’il y avait besoin de plus de monde parce que dès la première résistance au forages ils ont réagi en ramenant plus de gendarmes et plus de militaires sur le terrain pour permettre de faire les études Et du coup il y avait comme ça quelque chose… le nombre d’opposants présent, ça comptait il y avait comme ça une espèce d’appel vers l’extérieur à rejoindre la lutte C’est que avant… ils ont dit que les citoyens ont soutenu les projets avant de savoir même si le projet était… réalisable, qu’on pouvait le faire ? Ouais. Avant de faire les études, ils ont dit que les citoyens… Ils ont fait comme si ils demandaient aux citoyens de dire si le projet leur convenait mais en fait cette enquête ne dit rien Même si tout le monde s’oppose, en fait c’est eux qui décident si c’est d’utilité publique. Et à cette époque-là, cette étape-là est quand même importante parce que c’est comme une… c’est ce qui permet la réalisation concrète du projet et en fait à cette époque-là les associations ont cru qu’ils pouvaient donner leur parole dire « nous, on pense que ce projet n’est pas intéressant et on veut pas donner nos terres pour ça » et ils sont allés vers les institutions pour donner cette parole-là mais ils ont pas été entendus alors que par exemple dans d’autres luttes contre des centrales nucléaires par exemple à Plogoff à la pointe de la Bretagne dès le départ les habitants étaient opposés à ce projet-là et dès le départ ils ont dit on va pas laisser l’enquête d’utilité publique se faire mais ici elle a été acceptée les associations citoyennes se sont dit qu’ils pouvaient porter leur parole là-dedans et ils se sont rendus compte après coup que en fait même en disant qu’ils étaient contre le projet ça avait rien changé qu’ils étaient pas entendus. And, what is it important to be here and what would you to tell to the people to mobilize, then to come? Moi je sais pas si… pendant longtemps on a appelé à occuper ici et c’était afin de se retrouver à plus nombreux à squatter ici sur cette zone et actuellement on est quand même… dans une sorte de dilemne c’est que pour s’opposer au projet on a besoin d’être plus nombreux et en même temps pour être un peu bien organisés et efficaces il faut que ça soit plus dense nos liens entre nous déjà. Du coup je sais pas si j’ai envie de dire, tu vois, là tu me demande si… je sais pas si j’ai envie de dire « venez à tout prix ici pour lutter avec nous » moi je pense que… je suis contente de savoir qu’il y a des gens qui luttent ailleurs aussi et ça, pour moi, c’est riche aussi de savoir et de pouvoir se mettre en lien peut-être mais j’ai pas à tout prix envie de dire aux gens de venir nous rejoindre après… nous on est arrivé après les premiers forages en fait lors des premiers forages les associations commençaient à comprendre qu’il y avait besoin de plus de monde ici et elles ont appelé, elles ont demandé à des gens d’organiser un camp, c’était un camp Action Climat et à la suite de ce plan Action Climat on a fait un appel à occupation Et du coup à ce moment-là il y avait ce… on l’a porté pendant longtemps l’appel à occupation. Aujourd’hui les gens commencent à connaitre le lieu et ils viennent par eux-même essayer de soutenir et des fois de s’impliquer ou d’habiter et de rejoindre la manière dont on s’organiser ici. Mais le mouvement d’occupation s’est intensifié depuis deux ans Aujourd’hui on en est plus à la phase des expulsions et, moi j’ai l’impression que s’il y a des gens qui souhaitent participer à cette lutte avec nous ils sont les bienvenus mais je veux pas faire de la propagande genre « ouais, il faut à tout prix que tout le monde vienne ici c’est le plus important du monde » Nan, c’est pas le plus important du tout en fait. Le capitalisme et l’État, on a à le faire tomber partout dans le monde en fait on doit lutter contre l’État et le capitalisme partout dans le monde pas plus ici qu’ailleurs. Could you tell about the nature here like… About the Nature… like… you protect… En fait ce qui est particulier ici c’est que du coup ce projet a été annoncé il y a 40 ans et pendant 40 ans ils ont racheté les terres et du coup ils ont interdit la construction de nouveaux endroits, de nouvelles maisons, parce que à chaque fois c’est eux qui rachetaient ils rachetaient les maisons aussi celles qui leur plaisaient pas ils les détruisaient et du coup, cet espace, d’une certaine manière, ce projet… il a protégé cet espace en fait, parce que… ça s’est pas tant urbanisé ici les gens avaient pas accès aux terres, avaient pas accès aux maisons ici, parce que c’est le conseil général qui rachetait systématiquement du coup c’est comme même une région où il y a de l’agriculture intensive il y a beaucoup de prairies pour des vaches laitières… différentes… mais c’est quand même des grosses fermes c’est de l’agriculture intensive et après à l’intérieur de ça il y a des parcelles qui ont été abandonnées qui ont été oubliées en fait et il y a du bocage. Et c’est des endroits où il y a aussi on est dans des zones très humides aussi il y a des terres qui sont pas cultivables, mais… c’est comme un paradoxe ils voulaient faire un projet d’urbanisme et ils veulent toujours concrétiser un projet d’urbanisme gigantesque et en fait, vu que ça fait 40 ans, ça fait 40 ans que les terres sont laissées un peu plus tranquilles qu’ailleurs Et il y a combien d’habitants ici ? Je sais pas répondre à cette question Dans la… Dans les alentours ? Oui. Ça dépend parce que il y a différents bourgs et nous on est entre trois bourgs Et combien de personnes doit s’aller de sa maison ? Doit partir de sa maison ? Je sais pas exactement… À peu près ? Je dirais 80, mais… C’est pas beaucoup parce qu’ils ont vidé la zone petit à petit C’est pas énormément de personnes qui doivent partir Mais c’est quand même des gens C’est quand même des gens… Ben oui… qui ont leur vie ici Would you like to [??]? Ou pas, je sais pas. J’sais pas, que la lutte continue, quoi. Merci.