La crise des subprimes en images Qu'est-ce que la crise des subprimes ? Il s'agit d'un fiasco financier global, qui implique des notions dont vous avez déjà probablement entendu parler, comme les "crédits subprimes"... ... les "obligations adossées à des actifs" (CDO), le gel des marchés de crédit ou les "couvertures de défaillance" (CDS) Qui cela concerne-t-il ? Tout le monde. Comment cela s'est-il produit ? Voici comment. La crise des subprimes implique deux groupes d'acteurs Les propriétaires fonciers et les investisseurs Les propriétaires fonciers représentent des emprunts immobiliers et les investisseurs représentent leur argent. Ces crédit immobiliers correspondent à des biens immobiliers, et cet argent appartient à de grandes institutions... ... telles que des fonds de pension, des compagnies d'assurance, des fonds souverains, des fonds communs de placement, etc Tous ces groupes sont mis en relation entre eux via le système financier, une série de banques et de courtiers qu'on appelle communément "Wall Street" Bien que cela ne se voie pas au premier abord, ces banques de Wall Street sont étroitement liées à ces biens immobiliers situés sur cette rue principale Pour le comprendre, commençons par le commencement ! Il y a quelques années, les investisseurs disposaient d’excès de liquidités... ... qu'ils cherchaient à placer pour obtenir davantage d'argent. Généralement, ils se contentaient de les placer auprès de la Réserve central américaine, qui leur vendait des bons du trésor, réputés être les placement les moins risqués. Mais dans le sillage de l'éclatement de la bulle boursière liée aux valeurs Internet et du 11 septembre... ...le président de la réserve fédérale Allan Greespan abaisse les taux d'intérêt à seulement 1% pour que l'économie reste vigoureuse. 1% c'est un retour sur investissement très bas, si bien que les investisseurs disent "non merci !" Mais le revers de la médaille c'est que les banques de Wall Street peuvent emprunter auprès de la Banque centrale avec un taux d'intérêt de seulement 1%. Ajoutez à cela les surplus de balance des paiement accumulés au Japon, en Chine et au Moyen-Orient... ... il y a donc une abondance de crédit bon marché. Tout ceci signifie que les banques peuvent emprunter de l'argent et leur donne une vraie frénésie de... "levier". La levier consiste à emprunter pour amplifier le produit d'une affaire? Voici comment cela fonctionne : dans une affaire normale, quelqu'un qui possède 10.000$ achète une boîte au même prix. Il vend ensuite cette boîte à quelqu'un d'autre pour 11.000$ Ce qui lui procure un bénéfice de 1000$, une bonne affaire. En utilisant l'effet de levier, une personne qui détient 10.000 pourrait emprunter 990.000$ supplémentaires. Ce qui lui procure donc 1 million de dollars au total. Avec cet argent, il achète 100 boîtes. Et les revend pour 1.100.000 dollars. Il rembourse alors les 990.000$ de capital emprunté ainsi que 10.000$ d'intérêts. Une fois déduit son investissement initial de 10.000€, il lui reste donc un bénéfice de 90,000$ au lieu de 1.000$. L'effet de levier transforme de bonnes affaires en affaires exceptionnelles. C'est une des façons majeures dont les banques gagnent de l'argent. Par conséquent, Wall Street emprunte massivement, fait plein d'affaires exceptionnelles et devient extrêmement riche. Et finalement elles remboursent leurs emprunts. A ce moment là, les investisseurs aimeraient bien obtenir une part de ce gâteau, ce qui donne une idée à Wall Street. Wall Street pourraiet mettre en relation les propriétaires immobiliers et les investisseurs au travers de leurs emprunts. Voici comment cela fonctionne Une famille désire acheter une maison. Elle réalise des économies pour être capable de payer un dépôt de garantie et contactent un courtier en prêts. Ce courtier met en relation la famille avec un prêteur qui leur fait un crédit hypothécaire. Et le courtier encaisse une jolie commission. la famille achète la maison et devient propriétaire. C'est une bonne affaire pour eux parce que les prix immobiliers ont augmenté quasiment constamment. Tout va alors bien. Un jour, le prêteur reçoit un appel d'une banque d'investissement qui lui propose de lui racheter son prêt. Le prêteur lui vend donc en encaissant une très jolie prime. Le banquier d'investissement emprunte alors des millions de dollars et achète des milliers d'emprunts supplémentaires. Et elle les met dans une jolie boîte. Concrètement, cela signifie qu'elle encaisse chaque mois tous les remboursement des propriétaires qui correspondent à tous les emprunts qui sont dans la boîte. Et là le banquier applique ses techniques financières "magiques"... ... ce qui revient concrètement à le couper en trois tranches : "sans risque, ok et risqué" Ils réassemblent toutes ces tranchent dans une boîte et appellent cela un CDO, ou "obligation adossée à des actifs". Un CDO fonctionne comme trois plateau en cascade. Quand l'argent arrive le premier plateau se remplit, alimente ensuite le second, et tout ce qui reste va dans le niveau inférieur. L'argent provient des remboursements des emprunts par les propriétaires. Si certains propriétaires ne remboursent plus et font défaut sur leur crédit alors... ... il y a moins d'argent qui rentre et le plateau inférieur peut ne plus être rempli. Cela rend le plateau du dessous plus risqué et celui du dessus plus sûr. Afin de rémunérer le niveau de risque plus élevé... ...le plateau du bas bénéficie d'un retour sur investissement plus élevé tandis que celui du bas est moins rémunéré, quoique toujours à un niveau sympathique. Pour rendre le plateau du dessus encore moins risqué, les banques vont l'assurer via un CDS (couverture de défaillance) en payant une petite prime. Les banques font cela pour les agences de notation notent le plateau du dessus d'un triple-A, synonyme de faible risque. Il s'agit de la notation correspondant au plus faible niveau de risque. La tranche "OK" corresond à une triple B, ce qui est toujours très bon, et elles ne se préoccupent pas de noter la tranche la plus risquée. Cette notation AAA fait que le banquier peut revendre cette tranche à des investisseurs qui ne cherchent que des investissements à faible risque. Il vend le tranche "ok" à d'autres banques, et les plus risquées à des fonds alternatifs et à d'autres investisseurs pro-risque. Le banquier d'investissement gagne ainsi des millions. Et il peut rembourser ses emprunts. Au bout du compte, les investisseurs ont trouvé un bon investissement pour leurs liquidités, qui leur procure plus que les 1% des bons du trésor. Ils en sont si contents qu'il veulent acheter davantage de tranches d'obligations adossées à des actifs (CDO). Le banquier d'investisseur rappelle donc le prêteur pour racheter plus de crédits immobiliers... ...le prêteur rappelle le courtier pour qu'il trouve plus de nouveaux propriétaires. Mais le courtier n'arrive plus à en trouver ! Toutes les personnes éligibles à un crédit immobilier en ont déjà un. Mais ils ont une nouvelle idée ! Lorsque les propriétaires font défaut sur leur crédit, le prêteur peut saisir le bien immobilier, dont la valeur s'est toujours accrue jusqu'à présent. Comme ils sont couverts par rapport au défaut du propriétaire... ... les prêteurs peuvent commencer à ajouter une dose de risque à leurs nouveaux crédit, en renonçant à exiger un dépôt de garantie... .. et même des preuves de revenus ou d'autres documents ! Et c'est exactement ce qu'ils se sont mis à faire. Au lieu de prêter de l'argent à des propriétaires fiables que l'on qualifie d'emprunts à risque minime... ... ils commencent à en faire à des emprunteurs plus risqués. C'est ce que l'on appelle les emprunts "sub-prime". Voilà le tournant de l'histoire. Et, comme toujours, le courtier connecte la famille avec le prêteur et l'emprunt... ... encaisse sa commission ... ... et la famille achète une grosse maison ... ... le prêteur vent son prêt à un banquier d'investissement ... ... qui le transforme en obligation adossée à des actifs (CDO) ... ... et en revend des tranches à des investisseurs ou d'autres entités. En fait, tout cela fonctionne bien pour tout le monde au point que chacun s'enrichit. Personne ne s'inquiète car dès qu'on parvient à vendre un emprunt à une autre personne, on s'est débarrassé du problème. Si le propriétaire foncier faisait défaut, ils s'en fichaient. Ils se débarrassaient du risque sur cette autre personne et gagnaient des millions... ... en jouant un peu comme avec une "patate chaude" où il aurait une bombe à retardement. Sans surprise, certains propriétaires se mettent à faire défaut sur leur crédit, qui est alors détenu par le banquier. Cela signifie qu'il saisit le bien hypothéqué et que l'un de ses flux de remboursement se transforme en un actif immobilier. Pas grave : il la met en vente. Mais de plus en plus de ses flux de remboursement se transforment en actifs immobiliers... Et il y a lors tellement de maisons à vendre sur le marché, que cela créée plus d'offre qu'il n'y a de demande. Les prix immobilier cessent de croître. En fait, ils s'effondrent. Cela créé une situation assez intéressant pour les propriétaires qui continuent à faire face à leurs échéances de prêt. Comme toutes les maisons de leur quartier sont mises en vente, la valeur de leur propre maison diminue. Et ils commencent à se demander pourquoi ils continuent à rembourser leur emprunt de 300.000$... ... alors que leur maison n'en vaut plus que 90.000$. Ils se disent qu'il est absurde de continuer à payer, même s'ils en sont capables. Et ils laissent donc tomber leur maison, ce qui fait que le taux de défaut augmente dans tout le pays et que les prix s'effondrent encore. Désormais le banquier détient une boîte remplie de maisons sans valeur. Ils rappelle donc son pote l'investisseur pour lui vendre son CDO mais ce-dernier n'est pas stupide et lui répond "non merci !". Il sait que le flux de remboursements n'est même plus un petit ruisseau. le banquier cherche à le vendre à n'importe qui mais plus personne ne veut de sa bombe. Il perd alors son sang froid parce qu'il a emprunté des millions, parfois même des milliards de dollars pour acheter cette bombe. Et il ne peut rembourser. Quoi qu'il fasse, il ne peut plus s'en débarrasser. Mais il n'est pas le seul. Les investisseurs ont déjà acheté des milliers de ces bombes à retardement. Les prêteurs harcèlent le banquier pour lui vendre des emprunts, mais le banquier n'en vaut plus et le courtier est au chômage. Tout le système financier est gelé et les choses commencent à devenir sombres. Tout le monde commence à faire faillite. Mais ce n'est pas tout L'investisseur rappelle le propriétaire et lui explique que ses investissements ont perdu toute leur valeur. Et l'on commence alors à voir comment la crise commence à devenir un cercle vicieux. Bienvenue dans la crise des subprimes !