Réaliser pleinement vos rêves d'enfance Attendez que je les mérite. C'est merveilleux d'être ici. Indira ne vous a pas dit que ces conférences étaient autrefois appelées "Le Dernier Cours" Avant de mourir quel serait votre dernier cours ? J'ai pensé : mince, j'avais tout prévu, et ils l'ont renommé ! Au cas où certains débarqueraient, mon père disait toujours : "Quand il y a un éléphant dans le salon, présente-le." Sur mon scanner, vous pouvez voir une dizaine de tumeurs hépatiques. Les docteurs m'ont donné 3 à 6 mois en bonne santé. C'était il y a un mois, vous pouvez faire le calcul. J'ai les meilleurs médecins. C'est comme ça. Nous ne pouvons rien y faire, nous devons juste décider comment répondre à cela. Nous ne pouvons pas changer les cartes en main, seulement la façon de les jouer. Si je ne suis pas aussi dépressif et morose que je devrais l'être, désolé de vous décevoir ! Je vous assure que je ne suis pas dans le déni. Ce n'est pas comme si j'ignorais ce qui se passe. Ma famille et moi venons juste de déménager. Nous avons acheté une merveilleuse maison en Virginie, nous l'avons fait parce que c'est un meilleur endroit pour vivre, pour la famille. Et l'autre chose, c'est que j'ai une pêche d'enfer. La meilleure dissonance cognitive qu'on ait jamais vue : je suis un mourant en parfaite santé physique. Je suis en meilleure forme que la plupart d'entre vous ! Ceux qui veulent s'apitoyer, venez faire quelques pompes, et après vous pourrez avoir pitié de moi. Aujourd'hui, nous n'allons pas parler de cancer, j'ai passé beaucoup de temps à en parler, ça ne m'intéresse plus. Si vous avez le remède miracle, restez à l'écart ! Nous n'allons pas parler de choses plus importantes que réaliser ses rêves d'enfance. Nous n'allons pas parler de ma femme, ou de mes enfants. Parce que je suis doué, mais pas suffisamment pour en parler sans pleurer. Retirons ça de la table, c'est beaucoup trop important. Nous n'allons pas parler spiritualité et religion, même si j'avoue m'être converti sur mon lit de mort : Je viens d'acheter un Macintosh. Je mets 9% de la salle dans ma poche avec ça. De quoi allons nous parler aujourd'hui ? De mes rêves d'enfance, de comment je les ai accomplis. J'ai été particulièrement chanceux de ce côté. Comment j'ai pu aider les autres à réaliser leurs rêves, et quelles leçons en tirer. Je suis professeur, il y a donc des leçons à retenir. Comment vous pouvez utiliser ce dernier cours pour réaliser vos rêves, ou aider les autres à accomplir les leurs. Et en vieillissant, vous découvrirez que dévoiler les rêves des autres c'est encore plus satisfaisant. Donc, quels étaient mes rêves d'enfance ? J'ai vraiment eu une enfance heureuse. Je ne plaisante pas, j'ai fouillé les archives familiales, et j'ai été surpris de ne pas trouver une photo de moi où je ne souriais pas. Ça m'a fait vraiment plaisir. Voilà notre chien. J'ai même une photo de moi en train de rêver. J'étais souvent dans la lune, on me disait "Réveille-toi !" C'était une époque faite de rêves. Je suis né en 1960, quand vous avez 8 ou 9 ans, vous regardez la télé, et que des hommes marchent sur la lune, tout est possible. Nous ne devons pas perdre de vue que l'inspiration et le rêve sont des choses énormes. Alors, quels étaient mes rêves d'enfance ? Vous pouvez réfuter cette liste, mais c'est la mienne. Être en apesanteur, jouer dans la National Football League, écrire un article dans l'Encyclopédie Universelle, — on voit déjà le geek que j'étais — être Capitaine Kirk, quelqu'un ici a eu ce rêve d'enfance ? Pas à Carnegie Mellon, non. Je voulais être un de ces types qui gagne les peluches géantes dans les parcs d'attraction. Et je voulais être un concepteur d'attractions Disney. Ils ne sont pas dans un ordre précis, mais je pense qu'ils sont classés par difficulté, sauf peut-être le premier. Donc, être en apesanteur. C'est important d'avoir des rêves précis. Je ne voulais pas être astronaute, je portais des lunettes on m'a dit "les astronautes ne peuvent pas avoir de lunettes" Moi je ne voulais pas tout le boulot des astronautes je voulais juste flotter dans les airs ! Et comme tous les enfants, Prototype 0.0. Mais ça ne fonctionnait pas bien, et j'ai découvert que la NASA avait un avion appelé la Vomit Comet qu'ils utilisaient pour entraîner les astronautes. Elle fait un vol parabolique, et sur chaque arc vous avez environ 25 secondes sans propulsion qui provoque un équivalent d'apesanteur. Il y avait un programme où des étudiants pouvaient soumettre des projets, et s'ils gagnaient la compétition ils pouvaient faire un tour de vol. J'ai pensé que ça serait cool, j'ai monté une équipe, ils ont gagné le droit de voler. J'étais si excité de partir avec eux et là j'ai percuté le premier mur de brique. Il était bien spécifié qu'en aucune circonstance il ne serait permis aux profs de voler avec les étudiants. Ca m'a brisé le cœur. J'étais mais genre, "J'ai travaillé si dur !" J'ai relu avec attention, et j'ai vu que la NASA, — ça faisait partie de leur campagne de communication — permettait aux étudiants d'emmener un journaliste local de leur ville d'origine. Et voilà, Randy Pausch, journaliste web ! C'est si facile d'obtenir une carte de presse ! J'ai appelé les gars de la NASA et j'ai dit J'ai besoin de connaître votre numéro de fax. Ils m'ont répondu : quels documents allez-vous nous faxer ? Ma rétractation comme encadrant universitaire, et mon inscription en tant que journaliste. Il m'a dit : c'est un peu transparent, non ? Oui mais notre projet porte sur la réalité virtuelle, nous allons apporter plein de kits et tous les étudiants de toutes les équipes vont en profiter. Les journalistes des autres équipes vont filmer tout ça ! Jim Foley se dit : "Espèce d'enfoiré !" Le gars m'a dit : voici le numéro de fax. Mais on a tenu notre engagement, et c'est un des thèmes de la conférence, Apportez toujours quelque chose, vous serez mieux accueilli. Si vous êtes curieux de voir à quoi ressemble l'apesanteur — j'espère que le son fonctionne — Ça c'est moi. On déguste sérieusement en bas de la courbe ! Et voilà, rêve n°1 : C'est fait ! Maintenant on va parler de football. Mon rêve était de jouer dans la National Football League. La plupart d'entre vous ignorent que j'ai vraiment... Non, je n'ai pas réussi à jouer dans la NFL. Mais j'ai probablement appris davantage en ne réalisant pas ce rêve que de tous ceux que j'ai accomplis. Je me suis inscrit à 9 ans, j'étais de loin le plus petit de la ligue. J'avais comme entraîneur Jim Graham, 1.95m, il jouait défenseur en Pennsylvanie. Un genre de Hulk il était de la vieille école. Vraiment old school. Il pensait que la passe offensive n'était qu'une ruse ! Il s'est pointé à l'entraînement le 1er jour, une armoire à glace, on était mort de trouille, et il n'avait pas apporté de ballon. Comment va-t-on s'entraîner sans ballon ? Un des enfants a demandé : Excusez-moi monsieur, mais on n'a pas de ballon. Graham a dit : "C'est exact, combien y a-t-il de joueurs sur le terrain ?" 11 par équipe, 22 au total. "Et combien touchent la balle à chaque instant ?" Un seul. "Bien, on va voir ce que font les 21 autres." C'est vraiment une histoire intéressante, parce qu'elle parle des fondamentaux. Vous devez apprendre les fondamentaux sinon le reste ne fonctionne pas. L'autre histoire avec Jim Graham c'est un entraînement où il m'en a fait baver, "Tu le fais mal, recommence, tu vas faire des pompes après l'entraînement." À la fin, un des entraîneurs est venu et m'a dit : "Graham t'en fait baver, non ?" Ouais. Il m'a dit : "C'est une bonne chose." Quand tu te plantes, et que personne n'élève plus la voix, ça veut dire qu'ils ont abandonné. C'est une leçon qui m'a servi toute ma vie. "Quand tu vois que tu fais de la merde, et que personne ne te le dit, tu es dans de sales draps." Vous comptez toujours pour ceux qui vous critiquent. Après Graham, j'ai eu un autre entraineur, Setliff, qui m'a appris énormément sur la puissance de l'enthousiasme. Pendant un match, il a mis les joueurs à la place la moins adéquate pour eux, Tous les petits deviennent des ailiers, vous voyez ? C'était ridicule. Mais c'était juste pour un match, et l'autre équipe n'a pas compris ce qui lui est tombé dessus car quand tu joues juste une partie à la place où tu n'es pas sensé être, et que "liberté" signifie "rien à perdre" tu leur mets une sacrée branlée. Ce genre d'enthousiasme c'était génial. Depuis ce jour, je me sens à l'aise sur un terrain de foot. C'est comme les moments où je tente de résoudre un problème difficile, les gens me voient dans les couloirs en train de faire ça c'est juste parce que quand tu fais quelque chose jeune et que tu t'entraînes, ça devient une partie de toi. Et je suis heureux que le foot fasse partie de ma vie. Je n'ai pas réalisé mon rêve de jouer dans la NFL, mais ça fait rien. J'en ai retiré des choses bien plus importantes. Regardez ce qu'il advient de la NFL, ne suis pas sûr que les gars s'en sortent aussi bien que moi. Une expression que je tiens d'Electronic Arts et que j'adore, qui convient à merveille : "L'expérience est ce qu'on obtient quand on n'obtient pas ce qu'on veut." C'est vraiment adorable. L'autre truc, c'est que nous envoyons nos enfants jouer au foot, faire de la natation, ou autre, et c'est le premier exemple de ce que j'appelle les "feintes pédagogiques" : l'apprentissage indirect. On ne veut pas faire de nos enfants des footballeurs, certes, c'est génial d'apprendre les positions de savoir bloquer, et tout ça, Mais on envoie nos enfants apprendre des choses plus importantes : Travail en équipe, esprit sportif, persévérance, etc. Ce genre de "feinte" est indispensable. Faites un peu attention, vous verrez qu'il y en a partout. Un facile : devenir un auteur de l'Encyclopédie Universelle. Quand j'étais enfant, on avait l'Encyclopédie Universelle sur l'étagère, Pour les jeunes : ceci est du papier. On appelait ces choses "des livres". Une fois devenu une tête en matière de réalité virtuelle, pas parmi les plus importantes, mais du niveau de ceux que demandent les éditeurs de l'Encyclopédie. Ils m'ont appelé, j'ai écrit un article, là c'est Caitlin Kelleher, jetez un œil dans une bibliothèque qui conserve un exemplaire de l'Encyclopédie cherchez à V pour Virtual Reality et le voilà. La seule chose que j'ai à dire : Pour avoir été sélectionné comme auteur dans l'Encyclopédie Universelle, je peux dire que Wikipédia est une source d'information parfaitement sûre, parce que je connais le contrôle qualité des vraies Encyclopédies. Ils m'ont laissé écrire dedans ! Rêve suivant : Rencontrer Devenir Capitaine Kirk Au bout d'un moment, on réalise qu'on ne fera pas certaines choses, et que le mieux est de s'en rapprocher. Quel modèle pour la jeunesse ! Il est tout ce qu'on a rêvé d'être. Ce que j'ai appris qui m'a servi en leadership plus tard c'est qu'il n'est pas le gars le plus intelligent. Spock est très malin, McCoy est médecin, Scotty est ingénieur, mais quelles compétences a Kirk pour piloter ce vaisseau ? C'est clairement une compétence appelée leadership. Que vous aimiez ou pas la série, vous apprendrez beaucoup sur comment on dirige des gens en regardant faire ce mec. Et il avait les gadgets les plus cool ! Je veux dire, déjà enfant je trouvais ça fascinant de pouvoir parler à tout le vaisseau avec ce bidule, Je trouvais ça spectaculaire, mais maintenant le mien est encore plus petit ! C'est vraiment génial. Et j'ai accompli ce rêve. James T. Kirk, ou son alter ego William Shatner, a écrit un livre, je crois même que c'était un bon bouquin, avec Chip Walter, un bon écrivain de Pittsburgh. Ils ont écrit un livre sur la science de Star Trek, tout ce qui est devenu réalité, Ils ont fait une tournée, regardé différentes choses et ils sont venus ici étudier notre système de Réalité Virtuelle. On a fait un monde pour lui, qui ressemblait à ça : On a déclenché l'Alerte Rouge. Il a joué le jeu, même si il avait flairé l'entourloupe. C'est vraiment chouette de rencontrer son héros d'enfance. Mais c'est encore plus chouette quand il vient à vous regarder les trucs chouettes que vous faites dans votre labo. Ça c'était un grand moment. Gagner des peluches géantes. Ca peut paraître banal, mais quand vous voyez ces grands mec qui se balladent dans les parcs d'attraction et qui trimballent toutes ces peluches géantes Voilà mon épouse adorée, j'ai beaucoup de photos des peluches que j'ai gagnées, Voilà mon père, qui pose avec l'une d'elles. J'en ai vraiment gagné beaucoup ! Mon père, qui a gagné celle-là, il faut le dire. Ce fut une bonne partie de ma vie de famille. Mais j'entends déjà venir les cyniques : À notre époque d'images trafiquées numériquement, peut-être que ces ours en peluche ne sont pas vraiment avec moi... peut-être ai-je payé quelqu'un 5$ pour prendre une photo de moi à côté de son ours en peluche. Comment, dans cette époque cynique, puis-je vous convaincre ? Je sais : je peux vous montrer les peluches ! Mettez-les là, contre le mur. On t'entend mal. Merci chérie. Voilà quelques ours en peluche. On n'avait pas beaucoup de place dans le camion si quelqu'un veut en emporter venez à la fin, premiers arrivés premiers servis. Rêve suivant : fabriquer des attractions. Ça a été le plus difficile. Être en apesanteur c'est rien à côté. À l'âge de 8 ans, notre famille a traversé le pays pour aller à Disney Land. Si vous avez vu le film National Lampoon's Vacation ça y ressemblait beaucoup. C'était une quête ! Voilà des photos de l'époque, là c'est moi devant le château. Et là c'est moi, pour ceux qui l'ont deviné, c'est le train d'Alice. Je me suis dit que c'était l'environnement le plus cool où j'ai jamais été, et au lieu d'en profiter, j'ai dit "je veux en fabriquer". J'ai attendu mon heure, j'ai fait mon doctorat à Carnegie Mellon, me croyant qualifié pour tout. J'ai envoyé une lettre de motivation à Walt Disney Imagineering et ils m'ont envoyé la plus belle lettre de refus que j'ai jamais eue. "Nous avons étudié attentivement votre candidature, et nous n'avons actuellement aucun poste correspondant à vos qualifications." Vous recevez cette lettre d'un endroit connu pour embaucher des armées de balayeurs. Ça m'a bien refroidi. Mais rappelez-vous, les murs sont là pour quelque chose. Ils ne sont pas là pour nous empêcher d'entrer, ils sont là pour nous donner une chance de montrer combien notre motivation est grande. Ils sont là pour arrêter les gens pas suffisamment motivés. Ils sont là pour arrêter les autres. On avance jusqu'en 1991. On a fabriqué un système à l'Université de Virginie, appelé "La Réalité Virtuelle pour 5$ par jour". Une expérience incroyable et spectaculaire. J'étais si effrayé, en tant que jeune prof. Jim Foley est avec nous, et j'adore raconter cette histoire. Il connaissait mon directeur de thèse, Andy Van Dam, j'étais à ma première conférence, mort de trouille, et cette icône dans le monde des interfaces utilisateur vient à moi, me prend dans ses bras et me dit : "De la part d'Andy." Et là j'ai pensé : Je peux y arriver. Peut-être que c'est ma place. Une histoire similaire, cette incroyable réussite, car à l'époque, il fallait 500.000$ pour faire de la VR, on se sentait frustrés, et pour 5000$ de pièces détachées on a bricolé un système de Réalité Virtuelle fonctionnel. Les gens se disaient qu'on était comme ces gars de Hewlett Packard dans leur garage. J'ai présenté le système, la salle était en effervescence, et pendant les questions, Tom Furness, un grand nom de la Réalité Virtuelle, a pris le micro et s'est présenté. — je le connaissais juste de nom — Il a posé une question et j'ai dit tout de suite : "Excusez-moi, vous êtes bien Tom Furness ?" Il a répondu oui. J'ai dit : "Je vais vous répondre mais avant, voulez-vous déjeuner avec moi demain ?" Il s'est passé beaucoup dans ce petit instant, beaucoup d'humilité mais aussi : Demander à quelqu'un dans une situation où il ne peut pas refuser. Deux ans plus tard, Disney travaillait sur un projet de Réalité Virtuelle top secret. Ils niaient toute existence d'un projet de Réalité Virtuelle alors que la pub pour l'attraction passait à la télé. Disney avait vraiment surveillé ce projet. C'était l'attraction Aladdin où vous volez sur le tapis volant. Avec un écran sur la tête, qu'on appelait la Croco Vision. J'avais mes entrées. Dès que le projet a démarré, ils ont commencé la campagne de pub. On m'a demandé d'expliquer au Secrétaire d'État à la Défense où on en était sur la Réalité Virtuelle. Fred Brooks et moi-même avons expliqué au Secrétaire d'État. J'ai pris ça comme prétexte. J'ai appelé Disney : "Bonjour, je suis avec le Secrétaire d'État à la Défense, j'aimerais lui montrer vos équipements, car vous avez les meilleurs systèmes VR au monde." Ils m'ont envoyé chier, alors j'ai demandé si tous les trucs patriotiques dans leurs parcs c'était pour rire. Ils m'ont dit : "Soit, mais le Département des Relations Publiques n'a aucun équipement à vous montrer, je vais devoir vous mettre en contact directement avec les concepteurs." Jackpot ! Je me suis retrouvé au téléphone avec un certain Jon Snoddy, un des gars les plus impressionnants que j'ai jamais rencontré, il dirigeait toute l'équipe, et c'est pas étonnant qu'il ait fait des choses incroyables. Il m'a envoyé des trucs, on a parlé un peu, et j'ai dit : "Je fais une conférence près de chez vous, ça vous dirait de déjeuner ensemble ?" Traduction : je vais vous mentir, et vous dire que j'ai une excuse pour être dans les parages comme ça je n'aurai pas l'air trop nerveux. Mais j'irai sur Neptune juste pour déjeuner avec vous ! Jon a accepté, et j'ai passé plus de 80 heures à parler à tous les experts de Réalité Virtuelle dans le monde, leur demandant : "Si vous aviez accès à ce projet, que demanderiez-vous ?" J'ai compilé toutes les réponses, j'ai dû les apprendre par cœur avec ma mémoire de poisson rouge, je ne pouvais pas me pointer comme un gros nerd : "Alors, question 72..." Sur un déjeuner de 2 heures, Jon a dû penser qu'il parlait à un génie, car je ne faisais que relayer Fred Brooks, Ivan Sutherland Andy Van Dam, Henry Fuchs, des gens comme ça. C'est facile de faire le malin quand vous êtes un perroquet. À la fin du déjeuner avec Jon, j'ai comme qui dirait "posé la question" : "Je compte prendre une année sabatique." Il m'a répondu : "C'est quoi ?" Le choc des cultures. J'ai évoqué la possibilité de venir et de travailler avec lui. Il m'a dit "C'est bien, mais vous savez, votre métier est de transmettre un savoir, le notre est de garder des secrets." Mais ce qui change avec Jon Snoddy, c'est qu'il a dit : "On va s'arranger." L'autre chose que j'ai apprise avec Jon — je pourrais parler une heure de ce que j'ai appris avec lui — Une chose qu'il m'a dite : "Sois patient et tu verras les gens te surprendre et t'impressionner." Quand quelqu'un t'énerve jusqu'à te mettre en colère sois simplement plus patient avec lui, et presque toujours il finira par t'impressionner. Ça m'a toujours servi. Il a totalement raison sur ce coup. Pour faire court, on a négocié un contrat. Certains disent que c'est le premier et dernier document jamais publié par Disney Imagineering. Les termes étaient : J'auto-finance un projet sur lequel je travaille pendant 6 mois, et je publie un rapport. C'est là que le méchant apparut. Trop gentil et conciliant, je ne serais pas crédible. Je dois bien mettre quelqu'un au pilori. C'était un doyen de l'Université de Virginie. Son nom n'est pas important, appelons-le le Doyen Wormer (de Animal House) Je lui ai dit que je voulais prendre une année sabatique, que les gars de Disney acceptaient enfin un professeur, — ce qui était dingue : si Jon avait eu toute sa tête, ça n'aurait pas été possible. Ils ont le culte du secret. — Wormer a regardé le contrat et a remarqué qu'ils se réservaient ma propriété intellectuelle. J'ai répondu : "Oui, mais je peux publier un rapport. C'est toute ma propriété, je ne vais pas faire de brevet. - Cela reste une éventualité. Je ne peux pas autoriser ça. Dites-leur de changer cette clause, et revenez me voir ensuite. J'étais genre : "Excusez-moi ? Je veux que vous compreniez à quel point c'est important. Si on ne règle pas ça, je prends un congé sans solde j'y vais et je le fais." Il m'a répondu : "Vous savez, je ne peux pas non plus vous laisser faire ça. Vous avez déjà les idées en tête, ils vont vous les voler, je ne peux pas laisser faire ça. Il est très important de savoir quand on joue au plus bête, et il est très important d'arrêter le plus vite possible. Je lui ai dit : "Bon, oublions ça, est-ce que ça vous paraît être une bonne idée ?" Il me répond : "Aucune idée." On a trouvé un terrain d'entente. Je lui demande : "Est-ce que c'est vraiment de votre ressort ? Ou bien celui du doyen de recherche sponsorisée vu que c'est un problème de propriété ?" - Oui. "Donc s'il est satisfait, vous le serez ?" - Tout à fait. Wosh ! Comme dans Bip Bip & Coyote J'ai couru au bureau de Gene Block, un mec génial. Commençons par le commencement, Je n'ai pas envie qu'on s'embrouille de nouveau. "Ca vous paraît une bonne idée ?" Je n'ai pas suffisament d'infos pour en juger. Tout ce que je sais, c'est que mon meilleur prof est dans mon bureau et il est très excité, j'attends qu'il m'en dise plus. C'est une leçon pour ceux qui travaillent dans l'administration. Tous les deux ont dit la même chose. Mais il y a une bonne manière de le dire. "J'en sais rien !" "Je n'ai pas toutes les infos, mais mon meilleur professeur est tout excité, j'attends qu'il m'en dise davantage." Une bonne et une mauvaise manière de dire "Je ne sais pas". On a fini par résoudre l'affaire. J'ai pu aller chez Disney, Que du bonheur, tout est bien qui finit bien. Certains murs de brique sont faits de chair. Je travaillais sur le projet Aladdin. Absolument spectaculaire, Tout simplement incroyable. Mon neveu Christopher, assis sur le prototype comme sur une moto, et qu'on pouvait pencher pour contrôler le tapis volant. On avait un écran monté sur la tête, un système intéressant, fabriqué en deux parties, une conception ingénieuse. Pour avoir un meilleur débit, la seule partie qui touchait la tête était un petit casque, et le matériel cher se fixait dessus. Vous pouviez fabriquer les casques en série, pour pas cher, et j'ai été le nettoyeur de casques pendant un an. J'adorais Imagineering. Un endroit merveilleux, comme j'en avais toujours rêvé. J'adorais les maquettes, plein de gens accroupis dans un modèle grand comme cette pièce qui n'était que la réplique d'une véritable attraction. Un super endroit pour se balader en quête d'inspiration. Je me rappelle de mon arrivée, les gens ont dit "Tes attentes ne vont-elles pas être déçues ?" Vous avez vu le film Charlie et la Chocolaterie de 1971 ? Willy Wonka dit à Charlie qu'il s'apprête à lui donner toute l'usine : "Quelqu'un t'a déjà raconté l'histoire du petit garçon qui a soudain eu tout ce qu'il désirait ?" Charlie écarquille les yeux et demande : "Non, que lui est-il arrivé ?" "Il vécut heureux jusqu'à la fin de ses jours." Le projet Aladdin était une opportunité comme on n'en croise que toutes les 5 vies. J'en suis persuadé. Ça m'a changé à tout jamais. Pas juste pour le boulot de rêve, mais travailler sur site, avec de vrais pros, confronté à de vrais problèmes d'interface homme-machine. La plupart des gens du milieu vivent dans leur monde de laborantins et de doctorants, et tant que personne ne vous éclabousse de crème glacée, vous n'êtes pas en conditions réelles. Plus que tout, Jon m'a appris à réunir artistes et ingénieurs. Son véritable héritage. On a publié le rapport. Un scandale culturel dans le monde universitaire. Quand on l'a écrit, Imagineer a proposé de mettre une grande photo comme dans les magazines. Le comité SIGGRAPH, qui a accepté l'article, en a fait tout un foin : "Ils ont l'autorisation de faire ça ?" Rien ne le précisait. On a publié l'article et curieusement depuis lors SIGGRAPH prend l'habitude de mettre des photos en 1ère page. J'ai changé le monde, à ma manière. Au bout des 6 mois, ils sont venus et m'ont dit : Veux-tu devenir un concepteur ? Tu peux rester avec nous. Et j'ai dit "Non". Une des rares fois où j'ai surpris mon père. Il a fait genre : "Tu as quoi ?" Depuis que tu étais tout petit... c'était tout ce que tu voulais... et maintenant que tu peux, tu... ? J'avais une bouteille de Maalox dans mon tiroir. Faites attention à vos désirs. Un endroit stressant — Imagineering n'est pas tant consommatrice d'anti-acides — sauf le labo où j'étais, Jon mis à part. Ça ressemblait à l'Union Soviétique. C'était vraiment chaud depuis quelque temps. Mais on s'en est sorti. S'ils avaient dit : "Reste ici ou ne reviens jamais." je serais parti quand même. J'aurais refusé le poste de toute manière. Mais ils m'ont donné le beurre et l'argent du beurre. Je suis devenu consultant un jour par semaine pour eux, et j'ai fait ça pendant environ 10 ans. C'est une des raisons pour lesquelles il faut devenir professeur. Vous pourrez avoir le beurre et l'argent du beurre. J'ai été consultant sur des projets comme Disney Quest. Il y avait la bataille navale dans la jungle la meilleure expérience interactive jamais faite on la doit à Jesse Schell, Pirates des Caraïbes, splendide à Disney Quest. Ce sont mes rêves d'enfance. C'est plutôt chouette. J'étais dans mon élément. Maintenant vient la question : Comment rendre possible les rêves d'enfance d'autrui ? Et là encore, je suis heureux d'être devenu professeur. Quel endroit plus approprié pour révéler les rêves d'enfance ? Travailler à Electronic Arts, peut-être, juste en deuxième position. J'ai réalisé de façon concrète que je pouvais faire cela. Un jeune homme, Tommy Burnett, alors que j'étais prof en Virginie, m'a demandé s'il pouvait intégrer mon groupe de recherche. On a bavardé, il m'a dit avoir un rêve d'enfance. C'est facile de les reconnaître quand ils vous le disent en face. J'ai dit : "Oui Tommy, quel est ton rêve d'enfance ?" Je veux travailler sur le prochain film Star Wars. Gardez à l'esprit l'époque des faits. Où est Tommy ? C'était quelle année ? Tu étais en 2e année. Vers 1993. Qu'est-ce que tu fais dans le fond, jeune homme ? En 1993 donc. Je lui ai dit : "Tommy, tu sais qu'il ne vont jamais tourner la seconde trilogie." Il m'a répondu : "Si. Ils vont la faire." Tommy a travaillé quelques années à mes côtés, comme étudiant puis comme chercheur, et quand j'ai été muté à Carnegie Mellon tous les membres de mon équipe ont quitté la Virginie, pour Carnegie Mellon, sauf Tommy... ... qui a eu une meilleure offre. Et il a en effet travaillé sur chacun des trois films. Je me suis dit c'est bien, mais un élève à la fois, ce n'est pas très productif. Mon entourage connait mon obsession pour l'efficacité. Puis-je faire un tir groupé ? Tourner les gens de telle façon qu'ils se concentrent sur la réalisation de leurs rêves ? J'ai créé un cours à Carnegie Mellon que j'ai appelé "Construction de mondes virtuels". Un cours très simple. Combien d'entre vous ont assisté aux présentations ? Vous êtes nombreux à connaître. Pour ceux qui ne savent pas, c'est très simple. On prend 50 étudiants de tous les différents départements de l'Université, on compose des équipes au hasard, quatre personnes par équipe, qui changent à chaque projet. Un projet dure 2 semaines, vous fabriquez quelque chose, vous le présentez, puis je mélange les équipes, vous obtenez trois nouveaux compagnons et tout recommence. Toutes les 2 semaines, ça donne 5 projets par semestre. Dès la première année, je ne vous dis pas à quel point tout cela m'a échappé. C'était un défi. On venait d'apprendre à placer des textures sur des modèles 3D, pour faire des choses qui aient un peu de gueule. Mais les ordinateurs étaient des veaux comparé à aujourd'hui. Je me suis dit : "On va essayer." J'ai passé quelques coups de fil sur le campus, "je veux faire un cours inter-départements" Et en 24 heures le cours était était proposé dans 5 départements. J'aime cette université. C'est un endroit fantastique. Les étudiants ont demandé quel type de contenu ils devaient produire. "Je sais pas, moi. Faites ce qui vous plaît. Deux règles : pas de coups de feu, pas de porno." Je n'ai rien contre ça, mais vous savez, on fait souvent ça avec la Réalité Virtuelle, pas vrai ? C'est étonnant de voir combien de jeunes adultes sont à court d'idées quand on élimine ces deux options ! Voilà, j'ai commencé à faire ce cours... ... ils sont revenus 15 jours plus tard et m'ont littéralement mis sur le cul. Leur travail dépassait tellement mes espérances, j'avais copié le kit de Réalité Virtuelle de Disney, mais j'ignorais ce que des étudiants pourraient bien en faire. Sans parler des ordinateurs d'un autre âge. Ils sont revenus présenter leur premier projet, quelque chose de si impressionnant, qu'après 10 ans d'enseignement je ne savais pas quoi faire. Alors j'ai appelé mon mentor, Andy Van Dam Et j'ai dit : "Andy, je leur ai donné un travail sur 15 jours, ils sont revenus avec un résultat qui aurait mérité 20/20 s'il avait été réalisé sur un semestre. Sensei, qu'est-ce que je fais ? Il a réfléchi une minute et m'a répondu : Retourne en classe demain, regarde-les dans les yeux et dis-leur : "Les gars, c'était pas mal, mais je sais que vous pouvez faire mieux." C'était le bon conseil. Je ne savais manifestement pas où placer la barre. Et ce n'était pas leur rendre service que de la fixer arbitrairement. Ce fut vraiment un bon conseil, car ils n'ont pas arrêté de progresser. Pendant tout le semestre, c'est devenu un vrai spectacle. Je rentrais dans une salle avec 50 étudiants, mais il y avait 95 personnes dans la salle. Parce que c'était le jour de la démo. Les camarades, les amis, les parents J'avais jamais vu des parents venir en classe ! C'était à la fois flatteur et plutôt flippant. Il y a eu un effet boule de neige, on a eu l'envie étrange de partager tout ça. J'ai été élevé depuis toujours dans le partage, On doit présenter tout ça à la fin du semestre. Faire un vrai spectacle. On a réservé cette salle, McConomy. Beaucoup de bons souvenirs ici. On ne l'a pas réservé pour être sûr d'avoir de la place, mais pour son vidéoprojecteur en état de marche. C'était un vrai zoo. Des ordis partout, mais on l'a remplie. Et même plus que ça. On avait une partie du public dans les couloirs. Je n'oublierai jamais le doyen de l'époque Jim Morris il s'est assis sur la scène, à peu près là. On a quasiment dû le faire dégager. L'énergie dans cette salle était sans commune mesure avec mes expériences passées. Le Président Jerry Cohon a ressenti la même chose. Il a dit : "C'est comme un championnat de foot de l'Ohio mais avec des universitaires." Il m'a posé une excellente question : "D'où viennent tous ces gens ?" Le public vient de quel département ? On a fait un sondage, et ils venaient d'absolument partout. Ça m'a rassuré car j'étais nouveau, lui aussi, et ce nouveau directeur a découvert que cette université était celle qui réunissait tout le monde. C'était un sentiment vraiment grisant. On a fait ce spectacle avec tout le campus, les étudiants se déguisaient et le public pouvait suivre l'action, On pouvait voir ce qui est affiché dans les casques. Il y avait de gros supports, voilà un gars en plein rafting. Voilà Ben dans E.T. Je lui ai dit qu'on devait absolument voir le vélo devant la lune sinon il serait recalé. Une histoire vraie. J'ai pensé vous montrer... ... juste un monde, si on pouvait éteindre les lumières ? Apparement non. C'est pas grave. On va faire de notre mieux. Oh ! Salut toi ! Je me sens seule ! Dessine-moi un monde ! Fais-moi des arbres ! Ils vont la débrancher. Regardez. Le monde ne veut pas passer à l'étape suivante. Elle est prête à continuer, mais pas le monde. Qu'est-ce que tu fais ? Ne nous débranche pas ! Mais nous avons tant d'autres mondes à visiter ! Notre monde est le meilleur ! Nous allons t'éteindre. Control + Alt + Delete. Pas Control + Alt + Delete ! Nous t'aimions ! Ce n'était pas un cours comme les autres. Les étudiants les plus brillants, les plus créatifs du campus. C'était une joie que d'y participer. Ils ont pris cette cérémonie beaucoup trop au sérieux. C'est devenu l'attraction annuelle de la fac. Les gens faisaient la queue. C'était très flatteur. Les étudiants avaient de quoi se réjouir de présenter leur travail devant un public si excité. C'est un des meilleurs cadeaux qu'on puisse faire à quelqu'un : avoir la chance de lui montrer ce que ça fait de rendre les gens heureux. C'est un cadeau somptueux. On a toujours essayé de faire participer le public : certains avaient des bâtons lumineux, des ballons de plage... On pouvait les faire conduire. Cette technologie a été utilisée à Los Angeles pour l'avant-première de Spiderman 3, le public contrôlait quelque chose à l'écran. Je n'ai pas une photo de classe de chaque promotion, mais j'ai réuni toutes celles que j'avais, et je peux dire aujourd'hui que ce fut un privilège et un honneur d'enseigner dans ce cours pendant quasiment dix ans. Toutes les bonnes choses ont une fin. Je n'enseigne plus ce cours depuis l'année dernière. Les gens me demandent toujours quel fut mon meilleur moment. Je ne sais pas si on peut avoir une préférence, mais celui-ci, je ne l'oublierai jamais. C'était un monde virtuel avec un ninja qui fait du skateboard. La règle était de présenter les créations en direct, il fallait que ça fonctionne. Si jamais ça plantait, on passait une vidéo de secours, une décision plutôt embarrassante. On avait donc ce ninja sur scène, en train de faire ses trucs de skater, et le monde virtuel a totalement planté. Pouf ! Je crois que c'était Steve Audia, non ? Où est-il ? Ah, voilà mon gars. Steve Audia. Il faut savoir retomber sur ses pattes, pas vrai ? Je lui ai dit : "Désolé Steve, ton monde a planté, on va passer la vidéo de secours." Il dégaine son katana et crie : "Je suis déshonoré !" Et il s'écroule ! C'est plutôt significatif que mon moment favori soit une improvisation si brillante après 10 ans de high-tech. Une fois la vidéo terminée et les lumières rallumées, il est resté planté là sans vie, et ses collègues l'ont traîné vers la sortie. Ce fut un moment inoubliable. Tout ce cours n'était qu'un prétexte pour créer des liens. Les gens me demandent ce qu'il faut pour réussir son monde virtuel. Je ne connais pas la recette, mais je peux vous dire si un monde sera réussi juste en observant le langage corporel. Si les membres de l'équipe sont proches, leur monde sera réussi. Building Virtual Worlds était un cours pionnier, sans entrer dans les détails, c'était compliqué à gérer. On m'a offert ceci quand j'ai quitté l'Entertainment Technology Center Si vous faites quelque chose de novateur on vous tirera dans le dos, et vous devrez faire avec. On a essuyé tous les plâtres. Mais au final, beaucoup de gens se sont éclatés. Dix ans à gérer quelque chose d'aussi précieux, c'est très difficile de passer la main. Je n'ai qu'un conseil : passez le relai à quelqu'un de plus doué que vous. C'est ce que j'ai fait. Il y avait ce gamin dans le studio de Réalité Virtuelle... Quelques minutes aux côtés de Jesse Schell et on devine que La Force est puissante en lui. Mes deux plus belles réussites à Carnegie Mellon sont d'avoir fait venir Jessica Hodgins et Jesse Schell. J'ai été ravi de confier le cours à Jesse. Il en a encore repoussé les limites. Le cours n'est pas entre de bonnes mains, mais entre les meilleures. Mais c'était juste un cours. On est allé encore plus loin. Nous avons créé une Usine à Réaliser les Rêves je me suis associé à Don Marinelli et avec les encouragements de l'Université on a monté ce truc de toutes pièces. Une idée complètement folle, personne ne devrait essayer. Aucune université digne de ce nom n'aurait jamais osé ouvrir ce boulevard d'opportunités. L'ETC était formé d'artistes et de techniciens qui réalisent des projets en équipes réduites. Un Master Pro en deux ans. Don et moi étions sur la même longueur d'onde. Mais les gens qui nous connaissent savent combien nous sommes différents. On aimait innover, et à dire vrai on ne se sentait pas à l'aise à l'Université. Je dis souvent qu'être professeur me met mal à l'aise, car dans ma famille les gens travaillent pour vivre. Je détecte des rires nerveux. J'aimerais souligner que Carnegie Mellon est le seul endroit au monde où l'on peut créer des choses comme l'ETC. Vraiment le seul endroit. Cette photo est l'idée de Don. On l'appelle : "Don Marinelli à la guitare et Randy Pausch au clavier". Nous étions vraiment les deux hémisphères cérébraux et on se complétait bien. Don déborde d'énergie. On a partagé un bureau, on a commencé dans un bureau minuscule pendant 6 ans. Tout le monde vous dira que Don déborde d'énergie. Vu mon état de santé, quelqu'un m'a demandé — une blague horrible, mais je vais la faire quand même — Don me pardonnera. Quelqu'un m'a dit : "Vu ton état de santé, t'es-tu demandé si tu allais en enfer ou au paradis ?" J'ai répondu : Aucune idée, mais si l'enfer m'attend ma peine sera raccourcie de 6 ans. C'était comme partager son bureau avec une tornade : Tant d'énergie, ne pas savoir ce qui va nous tomber dessus. Mais voir qu'un truc énorme est en train de se produire. Je sais qu'il faut rendre à César ce qui lui appartient. Toujours dans ma façon de représenter les choses si nous devions nous partager les mérites du ETC Don se taillerait la part du lion. Il a fait pratiquement tout le boulot, et a eu les meilleures idées. Du grand travail d'équipe, Comme le Yin et le Yang, mais plutôt "YIN & yang". Je lui donne sans concession tout le mérite parce que l'ETC est un endroit fantastique, Maintenant il le gère tout seul. On en reparle après. Dur de décrire l'ETC, j'ai trouvé une métaphore. Parler de l'ETC c'est comme parler du Cirque du Soleil. Si c'est nouveau pour eux, vous allez faire l'erreur : Vous allez dire : "C'est comme un cirque." Et la conversation va dévier sur "Combien de tigres ?" "Combien de lions, combien de trapézistes ?" Et ils vont passer complètement à côté. Quand on dit que c'est un Master, ça ne ressemble à aucun Master que vous connaissiez. Voici le cursus : Juste pour vous faire comprendre que vous faites 5 projets de Mondes Virtuels puis 3 autres. Vous êtes en permanence avec vos équipes. Aucun cours magistral. Don n'avait pas la patience pour faire des cours magistraux. Ils sont en Master, ils ont passé 4 ans dans les bouquins. Arrivés là, ils sont censés les avoir lus. La clé du succès : Carnegie Mellon nous a laissé carte blanche. Aucun rapport à faire aux doyens. On dépendait directement du recteur, idéal car le recteur est beaucoup trop occupé pour nous surveiller. On avait comme consigne de casser les habitudes Tout reposait sur les projets. On faisait des sorties scolaires ! Au début du deuxième semestre, en janvier, les 50 étudiants de première année visitaient Pixar, Industrial Light and Magic, et quand vous êtes accueilli par des gens comme Tommy tout devient facile d'accès. C'est un cursus très inhabituel. Parmi les projets qui revenaient souvent on a fait beaucoup de "jeux éducatifs". On a travaillé en partenariat avec les pompiers de New-York, un simulateur d'entraînement qui utilisait les techniques du jeu vidéo pour apprendre des choses concrètes. C'est pas mal. Les compagnies se sont engagées par écrit à embaucher nos étudiants. Vous voyez les contrats d'Electronic Arts et Activision. On a 5 entreprises maintenant ? Je parie que Drew le sait. On a donc 5 accords. Je n'ai vent d'aucune autre école qui a ce type d'accord écrit avec des entreprises. C'est une véritable avancée. Ces accords sont valables plusieurs années, donc ils s'engagent à prendre en stage des étudiants qui ne sont même pas encore admis. Ca en dit long sur la qualité du programme. Et Don, — ce type est dingue — Je dis ça comme un compliment. Il fait des choses qui me mettent sur le cul. Il n'est pas là ce soir. Il est à Singapour, parce qu'ils vont ouvrir un ETC là-bas. Il en existe un en Australie, un autre va ouvrir en Corée. Tout cela prend une échelle mondiale. Ca en dit long sur les autres universités. Carnegie Mellon est la seule à pouvoir faire ce genre de choses. Il faut étendre notre modèle au niveau mondial. Une autre réussite de l'ETC concerne l'investissement personnel J'entends les étudiants s'agiter. J'avais oublié son effet thérapie de choc. Pendant le cursus de Building Virtual Worlds vous êtes évalué par vos camarades. On fait un graphique, 3 évaluations pour 5 projets donne 15 valeurs, une statistique fiable. Vous obtenez un graphique qui vous donne un indice de votre faculté à travailler en groupe. Une façon de se mesurer aux autres. Un retour difficile à ignorer. Certains s'entêtent, mais majoritairement, ils réalisent qu'ils peuvent s'améliorer. Ils commencent à faire attention à ce qu'ils disent aux réunions. C'est une bonne leçon de pédagogie. Leur apprendre à être auto-critique. L'ETC cartonne, mais même avec les ambitions mondiales de Jon, ça reste quand même un boulot de dingue. Ce n'est pas Tommy, ni un groupe de recherche de 10 personnes. C'est 50 à 100 personnes sur chacun des 4 campus. Mais nous voulions une formation extensible afin que des dizaines de millions de gens puissent avoir un outil pour réaliser leurs rêves. C'est le genre d'objectif qui me fait passer pour le Chapelier Fou. Ainsi Alice fut un projet mûrement préparé. Une toute nouvelle façon d'enseigner la programmation. Des jeux et des films créés par les enfants. Encore une feinte. La meilleure manière d'apprendre quelque chose à quelqu'un est de lui faire croire qu'il apprend quelque chose d'autre. J'ai fait ça toute ma vie. La feinte ici est qu'ils apprennent à programmer en pensant faire simplement des films et des jeux. Alice a été téléchargé plus d'un million de fois. On a écrit 8 livres sur ce programme. 10% des universités US l'utilisent aujourd'hui. Et le meilleur reste à venir dans la prochaine mise à jour. Comme Moïse, j'apperçois la Terre Promise sans l'atteindre. Mais ça me suffit de pouvoir la voir. Ma vision est claire comme de l'eau de roche. Des millions d'enfants qui s'éclatent en apprenant quelque chose de difficile. Je peux considérer ça comme mon héritage. La prochaine version sera lancée en 2008. Elle intègrera le langage Java si vous voulez qu'ils le sachent, mais sinon ils penseront faire des scripts de films. Elle va inclure les personnages du jeu PC le plus vendu, Les Sims. Tout ça fonctionne déjà en labo, il n'y a pas vraiment de risque technologique. Je n'ai pas le temps de remercier toute l'équipe d'Alice, je voulais juste dire que Dennis Cosgrove en est le concepteur principal. Alice est son bébé. Si vous voulez savoir à qui envoyer un email sur Alice dans quelques mois ?" Où est Wanda Dann? Lève-toi, que tout le monde te voit. Dites bonjour à Wanda. Envoyez-lui un email. Je voudrais aussi parler de Caitlin Kelleher, mais elle a eu son doctorat à l'Université de Washington. Elle va aider Alice à se propager jusque dans les collèges. Une vision à long terme, au delà de notre simple vie. Je perdurerai à travers Alice. Troisième partie de la conférence : Leçons retenues. On a parlé de mes rêves de comment aider les autres à accomplir les leurs. Quelque part sur votre route, vous trouverez un indice de ce qui vous permet d'atteindre vos rêves. D'abord, le rôle respectif parents - professeurs - élèves J'ai eu la chance de naître dans une famille incroyable, voilà ma mère à son 70e anniversaire. Je suis derrière, elle a un tour d'avance. Voilà mon père sur une montagne russe à 80 ans. Non seulement il est courageux, mais en plus il est très doué, parce qu'il a gagné l'ours en peluche juste après. Mon père était plein de vie. Chaque moment était une aventure. J'ignore ce qu'il tient dans ce sac, mais je sais que c'est un truc chouette. Il se déguisait en Père Noël mais il a fait beaucoup pour aider plein de gens. Voici un dortoir en Thaïlande financé par mes parents. 30 étudiants vont à l'école chaque année grâce à eux. Et ma femme et moi avons repris le flambeau. Le genre de choses que chacun devrait faire : aider son prochain. La meilleure histoire à propos de mon père : Quand il est mort l'année dernière, on a commencé à ranger ses affaires... — Il a fait la bataille des Ardennes pendant la Seconde Guerre — et quand on a rangé ses affaires on a découvert sa Médaille de Bravoure. Ma mère n'en savait rien. Il n'avait rien dit en 50 ans de mariage. Voilà ma mère. Les mères vous aimeront toujours, même si vous leur tirez les cheveux. J'ai deux belles histoires avec ma mère. Quand j'étais en Master recherche, je passais un examen pour être doctorant Je peux vous affirmer qu'il n'y a rien de pire à part une chimiothérapie. Je me plaignais à ma mère de combien ce test était dur de combien il était affreux, Elle s'est penchée sur moi, m'a pris le bras et m'a dit : "Je compatis mon chéri, mais rappelle-toi qu'à ton âge, ton père combattait les allemands." Quand j'ai eu mon doctorat, ma mère a pris un malin plaisir à me présenter comme docteur, mais pas celui qui soigne les gens. Les photos sont un peu sombres, mais quand j'étais au lycée j'ai repeint ma chambre. J'ai toujours voulu un sous-marin et un ascenseur. Ce qui est génial... - Que puis-je dire ? Ce qui est génial, c'est qu'ils m'ont laissé faire. Ils ne m'ont pas grondé, et la peinture est toujours là. Dans la maison de mes parents. Si vous êtes parent, faites moi une faveur, si vos enfants veulent peindre leur chambre : laissez-les faire. Ne vous préoccupez pas du prix de revente de la maison. Après nos parents : nos profs, nos mentors, nos amis et nos collègues. Que puis-je dire sur Andy Van Dam ? Quand je suis entré à Brown, il était sur le départ. Tout le monde parlait de ce Andy Van Dam. Une créature mythique, tel un centaure. Un centaure qui serait vraiment sur les nerfs. Tout le monde regrettait son départ, mais tout le monde était aussi soulagé. J'ai compris pourquoi en travaillant avec lui. J'ai été son assistant en seconde année. J'étais jeune et arrogant. Je suis venu pour bosser, il était 9h du soir, Andy était toujours là, de qui vous donne une idée de quel type de professeur il était. J'arrivais en fanfaronnant, je voulais sauver le monde. Tous ces élèves ont besoin d'aide... Andy m'a sermoné, il est hollandais, il m'a sermoné comme un hollandais, Il a passé son bras sur mon épaule, et m'a emmené faire un tour, Randy, comme c'est dommage que les gens voient tant d'arrogance en toi. Parce que ça va limiter ce que tu pourras accomplir dans ta vie. Quelle belle manière de dire : "T'es vraiment un connard." Il n'a pas dit que j'étais un connard. Il a dit qu'on me perçevait comme tel, et que ça allait me desservir. En devenant proche d'Andy, les coups sont devenus plus directs. Je pourrais vous parler d'Andy pendant des mois, je vais vous raconter le moment où il a fallu commencer à réfléchir à quoi faire une fois diplomé de Brown, Je n'avais jamais imaginé continuer mes études. Jamais de la vie. Ce n'était pas le genre de choses qu'on faisait dans ma famille. On trouvait, comment dit-on ? Des emplois ! Andy m'a dit : ne fais pas ça. Fais une thèse, deviens professeur. J'ai demandé "Mais pourquoi ?" Il m'a dit : Tu es si bon vendeur que toutes les entreprises t'emploieront comme vendeur. Alors que tu pourrais vendre des choses qui valent le coup, comme l'éducation. Merci. Andy fut mon premier patron, à proprement parler. J'ai eu la chance d'avoir beaucoup de patrons. Le cercle rouge n'est pas bien placé, Al est à côté. Je ne sais pas ce qui s'est passé. Al nous regarde probablement depuis le web en se disant : "Il m'a encore loupé !" Je n'ai pas grand chose à dire sur mes patrons, à part qu'ils ont été géniaux. Je connais beaucoup de gens qui ont eu de mauvais patrons, mais je n'ai pas eu à en subir un moi-même. Je suis redevable de chaque personne à qui j'ai dû faire un rapport. Ils ont été incroyables. Mais nous apprenons aussi de nos étudiants. La meilleure feinte pédagogique vient de Caitlin Kelleher. Pardon, Docteur Caitlin Kelleher, qui venait de partir d'ici pour aller à Washington, elle a vu Alice comme un outil sympa pour apprendre à programmer, et elle a dit : "Mais en quoi c'est sympa ?" J'étais genre : "Parce que je suis mâle compulsif, j'adore commander les soldats de plomb, ça m'amuse. C'est elle qui a dit : On va considérer Alice comme un moyen de raconter des histoires. Elle a fait un merveilleux travail en particulier avec des collégiennes. Si vous présentez Alice comme un outil de narration elles trouvent la motivation pour apprendre à programmer. Le prix de la meilleure feinte revient à Caitlin Kelleher. Quand j'ai dit au Président Cohon que j'allais faire cette conférence, il m'a demandé de vous dire de vous éclater dans la vie, car c'est le souvenir qu'il a de moi. J'ai répondu que c'était comme un poisson qui vous rappelle l'importance de l'eau. Je ne sais pas comment ne pas m'amuser. Je suis mourant et pourtant je m'éclate. Je continuerai à m'éclater chaque jour qu'il me reste, car il n'y a pas d'autre façon de vivre. Conseil suivant : vous devez choisir entre être Tigrou ou Bourriquet. Je me positionne plutôt clairement sur cette échelle. Ne perdez pas votre émerveillement d'enfant. C'est le plus important. C'est ce qui nous guide. Aidez votre prochain. Denny Proffitt en connait un rayon en matière d'altruisme. Il en a oublié plus que je n'ai jamais appris. Il m'a appris à diriger une équipe, à faire attention aux autres. M.K. Haley : "Les enfants de familles nombreuses sont meilleurs car ils ont appris à être sociables très tôt." M. K. Haley vient d'une famille de 20 enfants. Je sais, c'est incroyable. Elle disait toujours : "C'est amusant de faire l'impossible." Quand je suis arrivé chez Disney Imagineering, elle a été la première à me tailler une veste : "Vous bossez sur le Projet Aladdin. Que savez-vous faire ?" Je suis professeur titulaire en informatique. "C'est génial, monsieur le professeur mais ce n'est pas ce que j'ai demandé. Que savez-vous faire ? J'ai parlé de mes racines prolétaires. Nous gardons près de nous ce qui nous semble important. J'ai gardé ma veste d'athlète universitaire. J'aimais la porter en étant doctorant, mon amie Jessica Hodgins dirait : Pourquoi tu portes cette veste ? J'ai regardé tous les gars pas sportifs mais bien plus intelligents et j'ai dit : "Parce que moi je peux." Elle a apprécié ma plaisanterie et elle a fait fabriquer cette poupée de chiffon Randy. Elle a aussi la veste d'athlète. C'est ma préférée. Le parfait cadeau pour un égocentrique. J'ai rencontré tant de gens fabuleux dans ma vie. La loyauté est à double sens. Il y a eu Dennis Cosgrove à l'Université de Virginie, et dans sa jeunesse il y a eu certains événements. Je me suis retrouvé à le défendre contre un doyen. Pas le doyen Wormer. Il avait une dent contre Dennis, je n'ai jamais compris pourquoi. Dennis est quelqu'un de bien. Mais ce doyen avait vraiment une dent contre lui. Je me suis porté garant pour Dennis. Il m'a répondu : "Vous n'êtes même pas titularisé, et vous vous portez garant pour un étudiant de 3e année ?" Oui, je me porte garant, car j'ai confiance en lui. Il m'a dit qu'il s'en souviendrait au moment de ma titularisation. J'ai dit : "Pas de problème." Je suis allé voir Dennis : "J'apprécierais vraiment que tu... ... ça serait cool. La loyauté est à double sens. C'était il y a très longtemps, mais ce même Dennis Cosgrove porte maintenant le projet Alice. Il a été à mes côtés toutes ces années. Si nous n'avions qu'une personne à envoyer rencontrer une race alien, je choisirais Dennis. Vous ne pouvez pas faire de conférence à Carnegie Mellon sans remercier une personne très spéciale. C'est Sharon Burks. Je plaisantais avec elle : "Si vous partez à la retraite, ça ne vaudra plus la peine de vivre." Il n'y a pas de mot pour décrire combien elle est merveilleuse. Et pour tous ceux qu'elle a aidés, ça dépasse l'entendement. J'aime cette photo d'elle avec Syl. Syl est quelqu'un de super, qui m'a donné le meilleur conseil de ma vie. Toutes les jeunes filles devraient le connaître. "Ca m'a pris du temps, mais j'ai finalement compris. Quand un homme tente de vous séduire, c'est très simple : ignorez tout ce qu'ils disent, et faites attention à tout ce qu'ils font." Aussi simple que ça. Je repense à mes années de célibat, et je me dis souvent : "La vache..." N'abandonnez pas. J'ai raté le concours d'entrée à Brown. J'étais sur liste d'attente. Je les ai appelés, ils en ont finalement eu marre que j'appelle chaque jour et m'ont laissé rentrer. J'ai raté mon entrée en doctorat. Andy m'avait guidé : "Deviens doctorant, tu vas entrer à Carnegie Mellon. Tous mes bons étudiants vont là-bas." Vous connaissez la suite. "Tu iras à Carnegie Mellon, sans problème." Il avait oublié de me dire que c'était devenu très difficile de faire financer son doctorat. Il ignorait que j'allais rater l'examen d'entrée, parce qu'il avait confiance en moi. Une mauvaise idée à en croire mes notes. Je n'ai pas réussi à entrer à Carnegie Mellon. Personne n'est au courant, mais voilà la vérité. Mon admission à Carnegie Mellon a été refusée. J'étais alors un gamin odieux. Je suis allé voir Andy, j'ai jeté la lettre de refus sur son bureau. "Voilà ce que valent vos lettres de recommandation pour Carnegie Mellon." Avant même que la lettre touche son bureau, sa main était sur le téléphone, et il a dit : "Je m'en occupe." J'ai dit : Non, je ne veux pas être pistonné. On ne m'a pas élevé comme ça. D'autres fac voudront peut-être de moi... Il m'a dit : "Tu vas entrer à Carnegie Mellon, mais on va passer un marché. Va voir les fac qui acceptent ton inscription et si aucune ne te convient vraiment alors tu me laisses appeler Nico." Nico Habermann. J'ai accepté. J'ai été dans les autres fac, que je ne nommerai pas — Berkeley, Cornell — qui m'ont si mal reçu que j'ai dit à Andy : Je vais trouver du travail. Il m'a répondu : "Hors de question." Il a décroché son téléphone, il a parlé en néerlandais Il a raccroché et a dit : "Nico dit que si tu es sérieux, tu dois être dans son bureau demain matin à 08:00." Pour ceux qui connaissent Nico, il y a de quoi s'inquiéter. Je suis allé au bureau de Nico le lendemain à 08:00. On a discuté... Je crois qu'il ne tenait pas à faire cet entretien. Je crois que je ne l'intéressais pas. Il a dit : "Randy, pourquoi sommes-nous ici ?" Parce qu'Andy vous a téléphoné ? Depuis que vous m'avez reçu, j'ai obtenu une bourse. Du Bureau de la Recherche Navale, une bourse prestigieuse. Ce n'était pas dans mon dossier lorsque je me suis présenté. Une bourse c'est de l'argent, de l'argent on en a plein. C'était vrai à l'époque. On a plein d'argent. Pourquoi pensez-vous que cette bourse nous importe ? Il y a des moments qui changent votre vie. Si vous savez reconnaitre ces moments avec 10 ans de recul, vous avez beaucoup de chance. Mais reconnaître ce moment en temps réel ! Quand Nico lit en vous comme dans un livre... J'ai dit : "Je ne parlais pas d'argent. Je parlais du prestige. Seulement 15 personnes la reçoivent. Je prends ça comme un honneur, une reconnaissance au mérite. Je m'excuse si c'était présomptueux. Il a souri. Et c'était bon. Comment obtenir de l'aide. Vous ne pouvez pas tout faire seul. Je crois au karma. Il faut renvoyer l'ascenseur. On vous aidera si vous êtes honnête et sincère. Je préfèrerai toujours quelqu'un de sincère à quelqu'un de sympa, car branché ça dure un temps, mais sincère c'est pour toujours. Présentez vos excuses quand vous vous plantez, et consacrez-vous aux autres, pas à vous-même. Comment puis-je illustrer ça de manière concrète ? Peut-on trouver un exemple concret d'altruisme dans cette salle ? Pourrait-on le montrer ? Hier, c'était l'anniversaire de ma femme. Le moment idéal pour ne penser qu'à moi serait sûrement mon Dernier Cours. Mais je supporte mal que ma femme n'ait pas eu un vrai anniversaire, je trouvais sympa que 500 personnes le lui souhaitent. Tu dois souffler. Une raison de plus de venir à la soirée. Les murs de briques permettent de montrer notre détermination. Ils font la différence entre nous et ceux pas suffisamment motivés pour réaliser leurs rêves d'enfance. Perséverez ! Pour chaque pépite il faut remuer une tonne de merde. Steve ne vous a pas raconté l'année sabbatique chez EA, J'y étais depuis 48h, ils adoraient l'ETC, ils nous adoraient. Quelqu'un m'a dit : "Au fait, on va donner 8.000.000 $ à l'Université de Californie pour copier votre cursus. On espère que vous pourrez les aider à monter ça. Steve est arrivé : "Ils ont dit quoi ? Mon Dieu." Pour citer quelqu'un de célèbre : "Je m'en occupe." Il a tout arrangé. Steve a été un partenaire incroyable, On a passé de grands moments, personnels comme professionnels. Il a joué un rôle clé pour obtenir des modèles 3D pour améliorer l'éducation de millions d'enfants. C'est juste incroyable. Il aurait été raisonnable que je m'en aille 48h après cet événement, mais ce n'était pas la meilleure chose à faire. Quand vous faites le bon choix, de bonnes choses peuvent arriver. Obtenez des retours et tenez-en compte. Que ce soit ce classement stupide, ou bien une personne formidable qui vous dit ce que vous devez entendre. La difficulté reste d'en tenir compte. On se fait tous réprimander. Mais rares sont ceux qui l'acceptent. La plupart essaient de se justifier. On a tous vécu ça. Quand on vous donne un retour, tenez-en compte. Montrez votre gratitude. Quand j'ai été titularisé, j'ai emmené toute mon équipe de recherche pendant une semaine à DisneyLand. Un des professeurs de Virginia a dit : "Comment pouvez-vous faire ça ?" Ils m'offrent le meilleur job au monde. Comment j'aurais pu ne pas le faire ? Ne vous plaignez pas. Travaillez plus dur. Jackie Robinson : son contrat stipulait de ne pas se plaindre, même sous les crachats. Soyez bon dans un domaine. Cela vous confère de la valeur. Travaillez dur. J'ai été titularisé une année plus tôt, comme disait Steve. Les étudiants de 3ème année me demandaient souvent Vous avez eté titularisé plus vite. Quel est votre secret ? C'est très simple. Appelez-moi un vendredi soir à 22:00 au bureau, et je vous expliquerai. Trouvez le meilleur en chacun. Une des choses que Jon Snoddy m'a dites est que l'on peut devoir attendre longtemps, même des années mais les gens finiront par vous montrer leur bon côté. Attendez. Peu importe combien de temps. Personne n'est complètement mauvais. Tout le monde a un bon côté. Attendez, il apparaîtra. Et soyez prêt. La chance c'est la rencontre de la préparation et de l'opportunité. Notre causerie ce soir était autour de mes rêves d'enfance, comment développer les rêves des autres, et de quelques leçons à retenir. Vous avez repéré la feinte pédagogique ? Il ne s'agit pas de comment réaliser vos rêves, Mais de comment mener votre vie. Si vous menez votre vie correctement, vous n'aurez pas à gérer votre karma. Le rêve viendra à vous. Vous avez repéré la seconde feinte pédagogique ? Cette conférence n'était pas pour vous, mais pour mes enfants. Merci à tous. Bonne nuit. Sous-titres : © Bidule200