C'est-à-dire que nos élus n'ont pas de pouvoir et ceux qui ont le pouvoir de l'institution européenne ne sont pas élus Et ça c'est programmé dans la partie 1 Il me semble que ça, ça méritait débat Le fait que ça n'est pas eu me conduit à penser que les institutions européennes sont illégitimes Alors, dans les points dont je voudrais vous parler parce que je sais que vous en entendrez pas reparler si je ne vous en reparle pas il y a ce que j'appelle: "les lois sans parlement" c'est le point E au milieu de la page « Les ministres et présidents accumulent les pouvoirs exécutifs et législatifs c'est-à-dire qu'ils sont à la fois législateurs -les ministres-sont à la fois législateurs et exécutifs sur une série de domaines CACHES au public Et je peux vous prouver que c'est caché au public c'est-à-dire que les articles que je vais vous montrer vous allez voir comme c'est difficile de vous apercevoir que ce sont des sujets sur lesquels le Parlement européen-c'est-à-dire vos élus- sont expressément mis à l'écart Mais pas clairement mis à l'écart ils sont expressément mis à l'écart et je voudrais attirer votre attention là-dessus Donc, je le lis avec vous pour être sûr de ne rien oublier « donc les ministres et présidents accumulent les pouvoirs sur une série de domaines cachés au public sous le nom trompeur de - notez bien ce nom- « procédure législative spéciale » et c'est l'article 289 du T F U E c'est au milieu de la page quatre Voyez, vous avez l'article 289 et vous voyez, j'ai mis en gras et j'ai surligné la définition le 1/ c'est la procédure législative ordinaire qui consiste en l'adoption d'un règlement, d'une directive, d'une décision conjointement par le Parlement européen et le conseil c'est-à-dire que la procédure ordinaire c'est que ce n'est pas le Parlement qui fait les lois c'est pas les gens que vous élisez qui font les lois ce sont : les gens que vous élisez accompagnés du conseil des ministres, en colégislateurs c'est-à-dire que les ministres ce sont bombardés colégislateurs ils se sont mis colégislateur à côté de vos parlementaires et JAMAIS, vous m'entendez JAMAIS dans pas une seule règle enfin, moi je n'en ai trouvé aucune dans aucune règle, dans aucun domaine le Parlement ne peut écrire les lois seules sans avoir cette espèce de « tuteur » derrière lui qui est le conseil des ministres Première chose… Mais c'est pas tout ! Donc déjà le parlement-vous savez déjà- ça on en avait beaucoup parlé en 2005 le Parlement européen n'a pas l'initiative des lois c'est-à-dire que ce n'est pas lui qui décide il ne peut pas décider des sujets sur lesquels il veut légiférer c'est-à-dire qu'il peut juste dire oui ou non sur des sujets qu'on lui présente 2:53 C'est MAJEUR ça, c'est absolument MAJEUR celui qui a l'initiative,il a une grande partie du pouvoir celui qui ne veut pas d'une loi et qui a ce pouvoir d'initiative, et bien il ne la proposera pas et cette loi dont il ne veut pas il s'en débarrassera de cette façon c'est très important l'initiative ! Pour un parlement souverain pour un parlement digne de ce nom c'est très important-ce serait très important- d'avoir l'initiative des lois Vous savez qu'en France, elle est partagée l'initiative que le plus gros des lois en France, vient du Parlement ça s'appelle des "projets de loi" alors que quand ça vient d'un parlementaire ça s'appelle une « proposition de loi » Mais au moins, les parlementaires ont un peu l'initiative dans les institutions européennes ils ne l'ont PAS DU TOUT Mais alors, c'est dans l'article 2 qu'on trouve le début pour comprendre ce que c'est que ce truc " Dans les cas spécifiques, prévus par les traités l'adoption d'un règlement, d'une directive, ou d'une décision donc c'est les trois niveaux possibles de loi dans l'Europe par le Parlement européen avec la participation du conseil par celui-ci, avec la participation du Parlement C'est-à-dire que l'un des deux vous avez compris qu'ils sont deux colégislateurs et les procédures législatives spéciales disent : et bien suivant les articles quelquefois ce sera l'un et pas l'autre et quelquefois ce sera l'autre et pas l'un Donc quelquefois ce sera le conseil des ministres qui décide avec juste l'avis du Parlement et quelquefois ce sera le Parlement avec juste l'avis du conseil des ministres voilà ce qu'on nous dit ! Et ça s'appellera: "les procédures législatives spéciales" Or, il n'y a pas, il n'y a pas de liste des sujets sur lesquels c'est le conseil qui décide avec juste l'avis du Parlement l'avis… Et puis même s'il n'est pas d'accord eh bien ça se fera sans lui parce que c'est juste un avis Et puis la liste des sujets sur lesquels c'est le Parlement qui décide et puis juste avec l'avis du conseil des ministres Il n'y a pas de liste ! Moi je pose la question : « Pourquoi est-ce qu'il n'y a pas de liste ? » Parce que, il faut aller chercher... alors moi j'ai fait ce travail on a fait ce travail, on a cherché une liste de... alors il faut se tartiner des centaines d'articles de temps en temps vous tombez sur un article et vous dites à là, j'ai trouvé une procédure législative spéciale et une procédure législative spéciale toutes celles que je trouvais, elles sont TOUTES ce sont des domaines sur lesquels le conseil des ministres peut décider avec avis du Parlement Et je n'ai trouvé aucune procédure législative spéciale où ce soit le Parlement qui décide avec avis du conseil Et, je vais vous donner un exemple pour que vous compreniez comment ça marche ce système quels sont les sujets, un exemple de sujet sur lequel on a une procédure législative spéciale Alors, je vous en ai donné plusieurs vous en avez un juste en dessous l'article 153-alors voilà un exemple- oui, je vous mets entre crochets, au milieu de la page juste en dessous de ce que je viens de lire entre crochets : c'est moi qui vous parle pour un exemple d'acte non législatif voyez la politique de sécurité dans la case suivante, à côté pour les affaires étrangères, c'est incroyable tout est hors Parlement le Parlement il n'a pas droit au chapitre Mais bon, je vais prendre un autre sujet qui est plus social qui nous concerne plus en tant que salarié Pour comprendre les procédures législatives spéciales qu'on devrait plutôt appeler lois sans parlement c'est le nom que je leur donne moi parce que c'est plus clair parce que ça serait plus clair si on les appelait "lois sans Parlement" Il faut parcourir un à un les centaines d'articles des traités le fait de refuser de présenter la moindre liste de ces lois sans Parlement est en soi suspect,pourquoi cacher ces domaines réservés ? Alors voilà un exemple de procédure législative ordinaire et de procédure législative spéciale en matière de politique sociale les domaines de codécisions entre Parlement et ministres sont surlignées en gris et les domaines où l'exécutif légifère seul sont soulignés en noir Alors vous avez l'article 153 TFUE alors ça veut dire que vous vous en êtes déjà tartinés 152 vous attend train de chercher des procédures législatives spéciales et vous arrivez sur l'article 153 et où vous trouvez : «En vue de réaliser les objectifs visés à l'article 151 l'union soutient et complète nanananana dans les domaines suivants Est là pour l'instant on voit pas on voit pas encore que c'est une loi sans parlement vous allez voir que c'est dans un autre article que vous allez vous en apercevoir Et puis vous voyez une série de domaines Alors vous avez : a/ l'amélioration aux particuliers b/ les conditions de travail donc toutes les lois sur la sécurité sociale la protection sociale des travailleurs toutes les lois sur la protection du travailleur en cas de résiliation du contrat de travail toutes les lois sur… Et vous avez comme ça une liste Bon, vous voyez que l'union soutient et complète l'action des états Mais là on voit pas encore que c'était un - on voit pas - que c'est une procédure législative spéciale Alors attendez, à quel endroit est-ce que ça se voit... tac à tac...alors je continue A cette fin le Parlement donc je suis à la fin de cette page quatre 2/ A cette fin le Parlement et le conseil peuvent adopter des mesures destinées à encourager (a/) b/ peuvent arrêter dans les domaines visés au paragraphe 1. a/ à i/ par voie de directives, de prescriptions minimales applicables progressivement compte tenu des conditions de la réglementation technique existant précédemment ces directives évitent d'imposer des contraintes administratives Et vous voyez que dans les domaines -troisième paragraphe de la page cinq- dans les domaines visés au paragraphe 1 .c, d, f et g du présent article le conseil statue conformément à une procédure législative spéciale à l'unanimité, après consultation du Parlement européen des dits comités Attendez ! Je ne sais pas si vous voyez le fouillis, le fatras dans lequel il faut-et l'attention soutenue qu'il faut avoir- pour repérer que: « Tiens !» - et là je l'ai mis en surligné noir - C'est dans les domaines visés au paragraphe gnagnagna donc il faut remonter et retrouver en surligné noir les domaines dont il est question dans ces domaines là le conseil statue… Et ça, ça veut dire sans le Parlement et là on a une procédure législative où le conseil statue avec un simple avis du Parlement là, on a sur les points c/ d/ f/ et g/ on a des lois sans Parlement Alors, qu'est-ce que c'est que ces points là ? c'est peut-être des points sans importance… c'est peut-être des points où c'est pas important que nos élus discutent et soient capables-publiquement-de débattre des interventions de l'union européenne sur le sujet Est-ce que c'est des sujets qui ne comptent pas ? la Sécurité sociale, la protection sociale des travailleurs la protection des travailleurs en cas de résiliation du contrat de travail Pourquoi les parlementaires n'ont pas droit au chapitre là-dessus ? Pourquoi c'est les ministres qui doivent décider ça ? Peut-être que je me trompe… Je répète que je suis « open » là-dessus je dis juste qu'on n'a pas eu de débat là-dessus qu'on arrive pas à avoir de débat là-dessus Et que ce que je lis, moi je trouve... ça me plaît pas ! je comprends pas du tout j'essaye de me mettre à leur place je ne comprends pas pourquoi, pourquoi on a mis des procédures législatives spéciales où ce sont des ministres ce sont les MINISTRES qui décident et pas mon Parlement Attend… Mais ils sortent d'où ces ministres ? ils ne sont pas élus, comment ils sont arrivés ministres qui a pris la décision de les mettre ministres Ça dépend des gouvernements ça ça dépend des pays Dans certains pays ils sont pris en Angleterre ils sont pris parmi les membres du Parlement Mais en France peut-être... Comment il s'appelle celui qui est candidat ? Ça peut être des gens qui n'ont jamais été élus Ça dépend, ça dépend des pays ça dépend des circonstances Mais c'est pas du tout systématiquement des élus et c'est pas des gens qui rendent comptes devant un Parlement Dans le cas particulier de la sécurité sociale ça va être des ministres de chaque pays ? oui Il y aura un ministre par pays ? La décision sera prise à l'unanimité ? Oui oui, à l'unanimité on vous dit là Unanimité des ministres ? Unanimité des ministres De chaque pays ? oui, voilà, sans Parlement ! Enfin, avec un avis des Parlements Un avis… Après consultation c'est comment France les ministres ne sont pas élus Comment ? les ministres ne sont pas élus Oui, mais attendez,en France les lois elles sont votées par le Parlement quand même Mais vous avez raison de souligner que le ver était déjà dans le fruit c'est-à-dire qu'on a déjà des lois sans Parlement en France Oui tout le pouvoir réglementaire les décrets, les arrêtés, même les ordonnances il y a déjà des tas de règles dans la constitution de la Ve République qui ferait faire des tours de toupie à Montesquieu dans sa tombe ! Qui sont la plus totale confusion des pouvoirs Et d'ailleurs, toutes les régressions des 20 dernières années du droit du travail elles ont lieu très largement par le pouvoir réglementaire c'est-à-dire sans parlement C'est-à-dire que le pouvoir réglementaire qui pour moi c'est une aberration le pouvoir réglementaire Il ne devrait pas y avoir de pouvoir réglementaire Il faut trouver quelque chose qui permette de décider dans le menu détail l'application des lois je comprends ça, je comprends l'objectif je comprends l'objectif, la justification si vous voulez, en France, en droit vous avez la loi qui fixe les grandes règles et puis l'argument, c'est qu'on peut pas demander au parlement qui est une assemblée qui discute on peut pas leur demander de prévoir tous les petits détails l'application des lois C'est ça la justification officielle Mais qui est un mensonge… parce que c'est bien plus grave ce que l'on fait avec le règlement C'est ça la justification officielle du pouvoir réglementaire du pouvoir qu'on donne-ce qui devrait n'être que l'exécutif- et qui est en fait le gouvernement On lui donne un pouvoir de production de normes obligatoires sans limitation de durée et aussi grave et dangereuse aussi dangereuse que les lois On donne au gouvernement un pouvoir aussi puissant que le Parlement, avec beaucoup moins de garanties que la discussion publique qu'il y a au Parlement avec la possibilité de s'opposer, de discuter avec la navette avec l'assemblée enfin tout un débat public Quand c'est le gouvernement qui décide dans le cadre du pouvoir réglementaire c'est beaucoup plus opaque et il y a beaucoup moins de contres-pouvoirs il y a beaucoup moins de résistances possibles Il y a le terreau fertile d'une infinité d'abus de pouvoir avec le pouvoir réglementaire Mais je ne dis pas du tout que l'on passe du paradis des institutions françaises à l'enfer des institutions européennes Je sais bien qu'il y a déjà que la situation est déjà très grave dans les institutions de la V (république) Vraiment méconnu, méconnu J'ai fait beaucoup de droit constitutionnel quand je lis les manuels de droit constitutionnel je ne trouve pas cette révolte contre le pouvoir réglementaire par exemple Le pouvoir réglementaire dans les manuels de droit constitutionnel est présenté comme : « Ben voilà c'est comme ça…, c'est comme ça, et puis c'est comme ça depuis un moment depuis 1958, et puis on s'y fait… Et puis voilà, il y avait des raisons voilà ce qui a été invoqué Et puis on passe à autre chose parce que dans un manuel de droit constitutionnel est très épais, il y a beaucoup de choses à voir Je pense que c'est contre l'intérêt général de donner au gouvernement un pouvoir réglementaire aussi puissant Je vous rappelle que dans les institutions de 58 C'est incroyable ! Le pouvoir de la loi les domaines de la loi sont listés il y a la liste de ce que la loi peut faire donc si c'est listé, c'est limité Est le pouvoir réglementaire, c'est tout le reste Ça se voit, ça se voit que c'est De Gaulle qui a écrit les règles Excusez-moi, je voudrais poser une question peut-être plus subversive Si vous avez une panne de voiture vous ne vous mettez pas à voter pour décider quoi faire vous connaissez un expert, un garagiste qui vous répare votre voiture J'ai l'impression qu'on attend d'une constitution des lois de résoudre des problèmes d'empêcher les gens de mal agir Comme il y a 2000 ans ou plus on croyait aux esprits ou à la religion Vous ne croyez pas que finalement c'est le comportement humain qui pose problème ? Est-ce qu'on a besoin de lois pour résoudre les problèmes humains ? Moi c'est ce que je pose… Est-ce qu'on a besoin de représentants ? Ah, c'est pas pareil ! Moi je parle des lois, des représentants, tous ça c'est un fourbi finalement qui cache absolument notre incompétence à gérer les problèmes Alors je vous signale-je n'ai pas amené ce bouquin- mais je vous le recommande très chaleureusement Peut-être il faudrait que je pense à le prendre systématiquement Il y a, sur la compétence des gens sur la compétence des humains et la prétendue, et peut-être réelle incompétence du peuple a décider de ses propres affaires Il y a eu une très intéressante controverse au milieu du vingtième siècle, entre un gars qui s'appelait Lippman, qui était un journaliste de niveau international, une pointure un cerveau brillante qui discutait avec tous les grands de ce monde qui était un libéral endurci et qui avait un bouquin qui s'appelait « Le public fantôme » Qui a été réédité récemment, qui est une merveille qui est très intelligent, assez déprimant qui prétend que nous ne sommes pas capables que personne n'est capable d'avoir un avis éclairé sur les questions compte tenu des problèmes qui se posent Alors c'est important ce qu'il dit et puis il le démontre et c'est vrai que c'est très bien argumenté et on sent, on s'ent que largement il a raison Mais ce qu'il disait Lippman il ne disait pas seulement que le peuple était incapable il disait que les gouvernements AUSSI étaient incapables que personne d'après lui était capable d'avoir… De prétendre prendre la bonne décision Et les interprètes, les gens qui ont suivi Lippman on oubliaient que Lippmann avait dit qu'il n'y avait pas que le peuple qui n'était pas capable il y avait aussi les princes et les gouvernants Machiavel disait ça, Machiavel disait aussi que le peuple était tout aussi vertueux que les princes que les princes étaient pas plus vertueux que le peuple que les princes n'étaient pas du tout mieux capable de prendre des décisions que le peuple On trouve chez Machiavel bien autre chose que sa caricature Je vous recommande vraiment la lecture de Machiavel c'est beaucoup plus intéressant que la caricature qu'on en dresse d'habitude Il cherchait lui aussi le bien commun, c'était très étonnant Alors bien sûr, il y a des aspects propres à l'époque qui nous paraissent brutaux Mais c'est beaucoup plus nuancé que la caricature qu'on en fait souvent Mais pour revenir à ce que vous disiez Donc Lippmann avait écrit ce livre «Le public fantôme » défendant l'idée que nous ne sommes pas capables et c'est complètement lié à mon sujet j'ouvre la parenthèse parce qu'elle est complètement liée à cette réflexion sur si on organise une démocratie est-ce qu'on est capable nous-mêmes de prendre des décisions ? sur nos problèmes, sur ce qui nous concerne Et donc Lippmann prétendait que non Et il prétendait aussi que le représentant non plus Est un penseur formidable qui s'appelle Dewey (John) qui était un mathématicien, un logicien et qui était un théoricien de l'enquête qui avait beaucoup travaillé sur la compétence des gens à partir de la méthode de l'enquête un petit peu comme Socrate conduisait à progresser par la réflexion sur nous-mêmes Dewey était confiant dans les vertus de l'enquête d'une méthode de travail, c'était un matheux, un logicien pour améliorer notre compétence Et je trouve… Alors la controverse entre Lippman et Dewey elle est brillante absolument passionnante pour nous pour comprend et puis en plus dans un langage tout à fait compréhensible c'est pas des mots compliqués Ces gens-là discutent du bien commun très concrètement Lippmann dit: « Les humains ne sont pas capables de prendre des décisions » et donc lui a plutôt tendance finalement à justifier une tyrannie un despote éclairé qui sera mieux Et puis de Dewey dit : " Pas du tout, si l'on se donne les moyens d'institutionnaliser les conditions d'une enquête véritable honnête et complète on va faire monter le niveau des gens qui vont permettre de prendre des décisions pas si mauvaises que ça En complément de cette controverse entre ces deux points de vue je voudrais souligner que dans dans les assemblées tirées au sort et on a des centaines d'exemples d'assemblées tirées au sort dans l'histoire des hommes le tirage au sort n'est pas du toute une nouveauté on teste le tirage au sort depuis longtemps je vous parlerai de l'époque athénienne tout à l'heure Mais aujourd'hui à l'époque moderne page beaucoup d'assemblée, les jurés citoyens des sondages délibératifs toutes sortes d'assemblées composées du commun des mortels au juger de sujets techniques ont existé, et sont un terrain d'observation un observatoire qui permet de savoir et donc il y a un livre qui fait le récapitulatif un florilège moderne qui s'appelle « Le pouvoir au peuple » de Yves Sintomer donc ce livre là je vous le recommande c'est un livre qui intéresse les citoyens Parce que c'est l'histoire... D'abord il y a une bonne partie de la façon dont les athéniens tirés au sort à Athènes Donc la procédure qu'ils utilisaient parce que tous les matins ils tiraient au sort Est donc il explique comment ça se passait le tirage au sort tous les matins est vraiment intéressant ! L'exemple athénien, vous verrez je suis enthousiaste là-dessus Et donc Sintomer explique une partie de son bouquin un petit quart, il explique bien la procédure mais il explique aussi les expériences de jurés citoyens, de sondages délibératifs dans lesquelles on étudie la compétence des gens on étudie les décisions qu'ils prennent Et on s'aperçoit finalement que loin d'être les incompétents qu'on nous promettait loin d'être les abrutis avinés qui comprenent rien à rien et qui sont finalement... qui ne s'occupent que de leur intérêt personnel au lieu de s'occuper… Et qui sont incapables de s'occuper de l'intérêt général C'est pas DU TOUT ce que l'on observe Ce que l'on observe quand on met ensemble des gens à s'occuper, à parler du bien commun les gens CHANGENT Quand on leur donne… Attention... quand on leur donne le pouvoir de TRANSFORMER les choses Si vous vous foutez de leur gueule… Si vous vous moquez d'eux -faut pas dire des gros mots- si vous vous moquez d'eux et que vous ne leur donnez qu'un pouvoir consultatif c'est-à-dire que vous allez faire bosser mais qu'après ça c'est d'autres qui vont décider C'est sûr que vous n'obtiendrez pas l'effort on n'attrape pas les mouches avec du vinaigre vous n'obtiendrez pas d'eux l'investissement les efforts, l'engagement personnel qui va les transformer Parceque que vous ne leur avez pas fait confiance Moi je suis prof J'en parle souvent dans mes conférences parce que vraiment c'est ça qui m'y fait croire je sais, parce que je le vis que quant je fais confiance à quelqu'un il change ! En bien Et inversement, quand je ne fais pas confiance à quelqu'un quant je m'en méfie, il change, en mal ! et les gens ne sont pas noirs ou blancs ils ne sont pas toujours les mêmes ça dépend des circonstances et il y a des institutions qui poussent les gens dans le bon sens et des institutions qui poussent les gens dans le mauvais sens ce que je prétends, c'est que nos institutions sont fermées et qu'elles nous dissuadent de faire de la politique elles nous dissuadent de nous donner du mal pour le bien commun et c'est pour ça qu'on a l'air d'être des citoyens passifs qui se foutent de tout; qui sont individualistes c'est multifactoriel, il n'y a pas que ça Mais je pense que le rôle d'institutions fermées dans cette situation de citoyens passifs est important. Je sais que ce n’est pas une panacée ce dont je vous parle Mais je pense que des institutions qui seraient plus ouvertes Qui permettraient aux gens de discuter entre eux Dans le cadre d’assemblées tirées au sort Ou partiellement tirées au sort si ça vous fait peur, On en parlera tout à l’heure Des institutions qui permettraient aux gens De discuter et de DECIDER De décider vraiment Et donc de prendre le risque de se tromper Avec la possibilité Quand on s’est aperçu qu’on s’est trompé De changer de décision pour modifier Donc d’évaluation des institutions Qui permettent d’évaluer les décisions Et de changer Ces institutions là si elles étaient ouvertes, elles nous transformeraient, je prétends ça Voilà, je… Et les institutions,... les expériences de tirage au sort que j’observe dans le bouquin de Sintomer, Je les trouve enthousiasmantes parce qu’elles vont dans ce sens-là, elles montrent que quand une assemblée de maliens, donc au Mali se réunissent pour… sont tirés au sort pour parler de n’importe qui, il y a de tout là-dedans, il y a beaucoup de paysans parce qu’il y a pas mal de paysans mais il n’y a pas que des paysans il y a des gens de toutes les catégories socioprofessionnelles. Et quand ces gens se réunissent pour parler des OGM, ils ne connaissent rien des OGM au départ Et on leur donne des crédits et pendant des mois ils travaillent là-dessus Ils font venir des experts de partout dans le monde ils ont des crédits pour ça Ils font venir des gens ils font venir des experts ils écoutent les experts ensuite ils font venir des experts contradictoires pour se faire entendre… pour entendre tous les sons de cloche. Les entendre publiquement, tout ça est diffusé à la radio, à la télé, sur internet Y a les gens, les gens peuvent assister à ces délibérations, peuvent intervenir, peuvent poser des questions, peuvent dire vous avez voulu poser cette question ben on pose la question à Monsanto quand il vient pour expliquer pourquoi il veut les OGM ensuite on va écouter les gens de la confédération paysanne pour savoir pourquoi ils veulent pas passer aux OGM, ensuite on va écouter les paysans d’Amérique latine qui sont tous aux OGM en leur disant « pourquoi vous y êtes passés ? Est-ce que vous êtes contents d’y être passés» et on entend tout ça, et après des mois, des gens qui ne connaissaient rien sont devenus compétents. Voilà. Et ça c’est enthousiasmant ! C’est-à-dire que les expériences pratiques confirment ce que je vous dis sur le plan théorique, c’est-à-dire que les humains sont des animaux politiques mais pas à tout prix, c'est à dire que s'il n'y a pas d'enjeu on ne fait rien parce qu’on n’a pas de raison de le faire mais si par contre il y a un enjeu et que si, quand on se donne du mal, ça peut changer les choses, là on le fait Vous avez vu en 2005, on nous annonçait qu’on n’allait pas discuter des institutions, que la constitution c’est un texte poussiéreux, ennuyeux, qui fait chier tout le monde y vont même pas s’en occuper c’est même pas la peine de faire de référendum taratata On a eu… Il y avait un referendum, on a senti qu’on pouvait dire oui, non qu’il y avait un enjeu, on s’est mis à discuter on a dit on peut changer mais regardez comme on en a parlé. C’aurait pu être mieux, ça a pas été assez long, on n’a pas bien parlé de la partie I à mon avis. On aurait dû être 80%, 90% à dire non mais parce qu’on n’a pas eu le débat qu’il fallait. Je pense qu’il y a plein de gens, des amis, avec qui j’ai discuté longuement, qui ont votés oui parce qu’on n’avait pas eu le temps de discuter comme il fallait, je pense que c’est… regardez comme ça nous a changé. Donc, sur la compétence, je pense que nous avons besoin de lois. Je pense que quand il n’y a pas de loi c’est la loi du plus fort qui règne et ça me parait moins sympa quand je vois la loi du plus fort. Elle est partout la loi du plus fort. Notre régime d’état de droit, est, dans la nature, tout à fait exceptionnelle, il n’y a que les humains pour faire prévaloir, pour imaginer et faire valoir un état de droit. Et il me semble que c’est loin d’être parfait et on verra pourquoi quand on parlera du gouvernement représentatif qui n’est pas la démocratie. Mais il me semble quand même que l’on a un outil qui devrait nous permettre de nous pacifier, de nous protéger de nous rendre la vie moins pénible Mais par contre, est ce qu’on a vraiment besoin de représentants, ça mérite vraiment une discussion. Des représentants comme on a aujourd’hui c’est-à-dire des représentants à qui, tous les 5 ans, on donne tous les pouvoirs sans même pouvoir les choisir parce que le choix, c’est un faux choix, les gens pour qui je vote je ne les ai pas du tout choisi. Je choisis parmi des gens que je n’ai pas choisis du tout ! Cet exemple, c’est un exemple académique de faux choix ! Les exemples qu’on nous présente aux élections ce ne sont pas des vrais choix, ce n’est pas moi qui ai choisi ces gens là Et donc, donner tous les pouvoirs, parce que c’est exactement ça, donner absolument tous les pouvoirs à des gens que je n’ai pas choisi, et sans avoir ensuite, dans l’intervalle du mandat, sans avoir la moindre possibilité de les révoquer, de les mettre en cause, même de contester une de leurs lois, sans avoir aucun moyen de… ça ne me parait pas du tout, du tout, du tout souhaitable. Mais, ça ça n’est pas la démocratie, ils appellent ça la démocratie parce qu’ils savent qu'on veut la démocratie. Et parce qu’ils ont compris, c’est fabuleux, Mais ça, c’est vachement malin de jouer avec les mots comme ça. En appelant un régime qui est l’antithèse absolu de la démocratie, qui est le contraire de… quand vous choisissez vos maitres, c’est-à-dire des gens qui vont tout choisir à votre place, ça veut dire que mécaniquement ce n’est pas vous qui allez décider donc ce n’est pas la démocratie ! Si ce n’est pas vous qui allez décider c’est que ce n’est pas la démocratie. La démocratie, je suis désolé, c’est une question de définition. Là, fin on peut en discuter si vous voulez parce qu’on peut discuter de tout mais, la démocratie, une démocratie digne de ce nom, ce n’est pas le régime actuel. Le régime actuel c’est le contraire : c’est un régime…, peut être défendable mais faut pas appeler ça démocratie Et quand on appelle ça démocratie, on nous englue intellectuellement, volontairement ou pas, ça m’est égal mais nous nous retrouvons englués dans une situation dans laquelle nous nommons une situation qui est problématique du nom de la solution. On n’arrive donc pas à formuler la solution. On n’arrive pas à dire « moi je voudrais la démocratie » parce qu’on nous répond « mais vous l’avez déjà » « mais gnagnagna tu joues avec les mots » Il faut faire la grève du mot démocratie pour parler du régime actuel. Le régime dans lequel nous vivons n’est pas du tout et n’a jamais été voulu comme une démocratie. Il est prétendument démocratique depuis le début du 19e siècle mais il n’a pas été pensé comme une démocratie au départ, il a été pensé comme une aristocratie élective où on désigne les meilleurs, où le peuple désigne ceux qui vont choisir à sa place et les concepteurs du régime actuel qui s’appelle le gouvernement représentatif, savaient très bien… ils l’ont fait en connaissance de cause, ce n’est pas par hasard, ils savaient très bien qu’ils n’instituaient pas une démocratie. Ils voulaient que ça ne soit pas une démocratie, ils connaissaient la démocratie, ils savaient ce que c’était et ils n’en voulaient pas. Et aujourd’hui, nous appelons ce régime démocratie. Quand on reviendra tout à l’heure à ce qui caractérise une démocratie et ce qui a permis aux athéniens de faire marcher une démocratie digne de ce nom pendant deux cent ans et ce que ça avait d’extraordinairement séduisant pour aujourd’hui, vous verrez que, les rouages d’une démocratie, ça n’a rigoureusement rien à voir avec ce que l’on vit aujourd’hui. Donc je crois que j’ai répondu à la parenthèse un peu trop longuement mais bon… Présentateur : Etienne, je vais proposer une courte pause, on avait dit qu’on ferait un pause à 7h30, on a pas mal débordé. Pour ceux qui veulent, il y a de quoi se restaurer, des sandwiches, des bières, du jus de fruits, de l’eau, etc à côté. Et on reprend, on va dire à moins dis, moins le quart, moins dix Etienne : vous vous n’embêtez pas ? (Rires) (brouhaha)