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Etienne Chouard. — Partie VI. — Conférence de Lyon, mars 2012.

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    - Je voulais prendre la parole pour...
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    Parce que j'ai le même sentiment qu'Alexandre qui a parlé auparavant ;
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    c'est vrai qu'on est quelques personnes à s'intéresser
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    à la démocratie et à ce dont vous parlez, et c'est vrai que la masse,
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    90 %, qui en a vraiment rien a faire.
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    Est-ce que la solution, finalement, c'est que tout le monde soit citoyen,
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    ou qu'on fasse une distinction entre les citoyens et les civils ?
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    Parce qu'être citoyen ça impose des devoirs, et donc en contrepartie
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    on reçoit des droits. En même temps, être citoyen, comme vous l'avez dit,
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    ça impose d'être volontaire ; donc il faut faire le premier pas.
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    Moi je pense qu'il faut avoir une distinction entre les citoyens et les civils,
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    mais par contre qu'il y ait un principe fondamental,
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    c'est que tout civil puisse devenir citoyen, tout civil puisse devenir citoyen.
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    Et ce principe ne pourra jamais être remis en cause par n'importe qui,
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    aucun religieux, c'est un principe fondamental.
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    Par contre il pourrait y avoir 10 % de citoyens et 90 % de civils,
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    90 % de citoyens et 10 % de civils. Mais à mon avis il faut faire une distinction...
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    - C'est très très très attrayant ça.
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    - ... et je dirais que cette distinction elle serait utile pour donner envie aux civils,
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    aux autres gens, aux consommateurs, d'être citoyens.
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    Parce que si on fait une distinction... En gros, le désir vient aussi de la distinction...
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    - Absolument. Absolument. Je suis tout à fait d'accord, je trouve ça très...
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    ... excusez-moi, j'utilise tout le temps le mot, mais c'est très...
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    - ... sexy !
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    - Absolument. Et pourtant c'est politiquement pas correct, hein,
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    parce que ça ressemble drôlement aux citoyens actifs-passifs,
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    ça ressemble au suffrage censitaire... Alors j'imagine que c'est pas à ça que vous pensez,
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    c'est-à-dire que le critérium ça va pas être l'argent...
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    - Non, alors par contre il y aurait un État de droit, les civils seraient soumis
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    aux mêmes lois que les citoyens. Par contre, vu que les civils, en gros...
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    - Il faudrait que vous preniez un micro pour que ce soit enregistré
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    parce que c'est très intéressant ça.
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    - Vu que les civils ne porteraient pas les armes
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    et donc n'auraient aucune responsabilité, en contrepartie ils n'auraient pas le pouvoir de décider,
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    c'est-à-dire qu'ils n'auraient pas le pouvoir.
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    C'est la seule distinction.
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    - Pas d'armes, l'obligation d'obéir, des droits protecteurs pour être sûrs
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    que la majorité ne va pas les écrabouiller... - Oui, bien sûr.
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    - ... et la possibilité - c'est super important - la possibilité à tout moment
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    de passer dans le camp des citoyens, à condition d'être prêts...
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    ... d'avoir appris peut-être, s'il y a un permis... avoir appris un minimum des institutions
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    et des valeurs de la démocratie, et puis ensuite être capables...
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    Mais moi... Enfin, ça me paraît pas... si c'est vraiment open et qu'il n'y a pas
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    une marche d'entrée insurmontable, c'est-à-dire que vraiment quelqu'un de bonne volonté,
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    même modeste y arrive, je trouve ça très attrayant.
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    C'est-à-dire que... Il me semble que ça permet à ceux... ça permet d'avoir un régime dans lequel on a...
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    Mais là on progresse, on fait un truc très important ce soir, parce que...
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    Ça permet d'avoir un système dans lequel les 90 % qui s'en foutent
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    ont une place protégée contre les injustices et...
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    Parce que c'est des gens qui, en fait, ne veulent pas de chef.
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    C'est des gens qui... enfin, pardon : les citoyens ne veulent pas de chef,
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    mais eux c'est des gens qui veulent un bon chef.
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    Ils veulent un bon maître. Et il veulent pas du tout être libres.
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    Y a plein de gens comme ça. Et ceux-là... Comment on fait société ?
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    Probablement avec deux vitesses, mais deux vitesses qui permettent de changer,
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    ça me paraît pas choquant, ça me paraît pas injuste si...
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    Quand on se met à avoir envie de faire de la politique, on peut changer de camp
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    et on devient citoyen avec des droits et des devoirs...
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    - Je rebondis un peu sur son idée...
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    - Ce qu'il y a c'est qu'il y en a qui ne parlent jamais, alors peut-être on peut...
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    Mais moi aussi il faudrait que je me taise, hein.
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    - 90 % ou 20 % ou même 50 %, est-ce que le 1 %, est-ce que les Versaillais ils vont nous laisser faire ?
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    - Ah ça c'est sûr que les Versaillais vont pas nous laisser faire.
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    Ça c'est une des objections.
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    - Le système en place, quoi.
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    - Oui mais ça c'est une des objections, mais peut-être qu'on peut la garder pour la fin,
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    parce qu'il me semble que ma façon de prendre les choses permet de...
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    ... enfin ça me paraît être une possibilité... la façon virale. Donc je vous en dis un mot
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    parce que comme ça vous voyez où je veux en venir.
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    J'imagine... j'imagine pas qu'on s'insurge aujourd'hui.
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    Parce qu'aujourd'hui on va perdre. On n'est pas assez nombreux, ils sont tellement forts,
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    et le rapport de force on le gagnera jamais. Ce que je dis
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    c'est que si nous arrivons à avoir une idée simple, puissante, parce qu'elle prend
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    toutes les injustices à la racine. Toutes ou presque, Alain.
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    Il en restera, je sais. Mais, déjà, imaginez qu'on en règle plein
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    en nous rendant suffisamment puissants pour résister aux injustices.
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    Et que... Imaginez que nous nous passions le mot entre nous,
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    c'est-à-dire qu'à chaque fois on se réunit, on est quarante, cinquante, soixante, une centaine.
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    Même si on est vingt ! Imaginez, même si on est dix !
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    Si vous arrivez avec un facteur dix à chaque fois que vous vous occupez
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    de fabriquer des nouveaux globules blancs. Vous les convainquez,
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    mais vous savez, il faut pas une fois, il faut les revoir deux fois, trois fois...
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    Ça se travaille, en fait, parce que y a une désintoxication...
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    Ça fait quarante ans qu'on est dressés à comprendre le contraire
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    de ce qu'on est en train de découvrir tout seul, et ça va pas venir en une soirée avec les gens.
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    Il va falloir discuter, revenir, trouver des trucs pour que la controverse ait du goût,
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    qu'ils aient envie... que les gens avec qui on s'est un peu pris le bec, là,
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    ils aient envie de revenir ; trouver des trucs. Mais imaginez que ce soit même un facteur dix,
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    ça va faire une exponentielle. Et une exponentielle ça va très vite.
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    Et il me semble que l'idée virale qui est rendue possible par Internet
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    - tant qu'on a Internet mais faut se magner -, c'est... Ça peut marcher
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    parce que si on est des milliards à le vouloir - ce qui n'est pas le cas en ce moment -,
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    mais si on est des milliards à le vouloir, on l'aura sans effusion de sang.
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    Parce que les Versaillais, ils y arrivent quand on est quelques dizaines de milliers...
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    C'est fou, des dizaines de milliers c'est beaucoup de monde, hein,
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    faut voir les photos de la Commune, les photos de la Commune de Paris,
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    ils devaient se dire « on est invulnérables », les Parisiens.
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    Les rues étaient pleines de gens qui fraternisaient. Ils craignaient plus personne, quoi.
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    - Ils étaient plus de 500 000 en Grèce, ça a pas changé grand-chose.
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    - Et ça a pas changé grand-chose. Donc quand je parle de millions,
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    il faut vraiment qu'on soit... Non mais attends. Ils sont 500 000 en Grèce,
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    mais on est prêts à se disperser ! Si vous voulez, il nous manque le liant.
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    Il nous manque l'idée commune, et l'idée commune, dont on sait
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    qu'elle est commune et on sait qu'il faut pas se disperser.
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    C'est-à-dire que on peut parler du reste, évidemment,
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    mais on sait qu'il y a un truc sur lequel il faut pas qu'on transige :
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    on veut pas de professionnels dans l'Assemblée constituante.
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    On peut discutailler, mais ça on discutaillera pas.
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    Et si ça c'est notre liant, je trouve que c'est quelque chose...
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    Je lis, Marx, hein, et je trouve des tas de choses très intéressantes dans Marx.
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    Mais je trouve qu'il a... il a complètement... mais bon voilà, il a raté...
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    il a rien dit du processus constituant. Pour lui, la Constitution c'était le résultat.
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    C'était une conséquence du rapport de force. Il a raison, d'une certaine façon.
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    Mais il a tort aussi parce que ça pourrait être l'outil qui change le rapport de force.
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    Parce que... Hé ! Il y a un truc qui devrait vous tirer le neurone,
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    c'est que les banques écrivent la Constitution.
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    Et pourquoi ils écrivent la Constitution ? Ils sont moins bêtes que nous, quoi.
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    Nous on est là à dire : « Non, c'est le résultat d'un rapport de force,
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    c'est pas la peine de s'occuper de ça, ça viendra une fois qu'on aura changé le rapport de force. »
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    Les banquiers sont moins bêtes, ils écrivent la Constitution européenne,
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    elle a été écrite par les banquiers. Ils ont compris que c'est là que ça se jouait.
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    La gendarmerie elle obéit à la Constitution. L'armée elle obéit à la Constitution.
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    Les policiers ils sont très... légalistes. Ils obéissent à la Constitution.
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    « C'est trop long votre truc. » Vous vous embêtez pas ? Vous êtes gentils.
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    Vous pouvez m'écrire, hein, sur le site on continue à...
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    - Les banquiers...
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    - Oui. Les banquiers écrivent la Constitution, les policiers obéissent à la Constitution,
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    et si nous trouvons le moyen, non pas d'écrire une Constitution parfaite,
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    je sais qu'elle sera pas parfaite. Mais je sais... ce dont je suis sûr, et...
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    c'est ça dont j'essaie de faire partager la conviction avec d'autres
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    pour que ça finisse par marcher parce qu'on va être nombreux.
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    Je suis sûr que puisque c'est le conflit d'intérêt avec des gens
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    qui ont un intérêt à notre impuissance, qui écrivent les règles
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    dans lesquelles peuvent être programmées, soit notre impuissance,
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    soit notre puissance. Dans la Constitution, vous pourriez programmer soit notre puissance,
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    soit notre impuissance. Et si cette Constitution elle est écrite
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    partout dans le monde, à toutes les époques par des gens qui ont un intérêt personnel
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    à... notre impuissance ; on a là un truc... Marx il en a pas parlé, je sais.
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    Je ne suis pas anti-marxiste, c'est complémentaire.
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    Je pense que la classe des 99 % va avoir enfin les moyens de résister
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    quand elle va, au lieu d'abandonner le pouvoir... Ce pouvoir-là, au lieu de l'abandonner,
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    parce qu'elle a abandonné le super pouvoir qui dit comment vont être écrites les règles
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    et comment on va pouvoir résister quand on se fait enfumer.
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    Ce pouvoir-là il faut pas qu'on l'abandonne. Même si vous faites pas de politique...
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    Et si vous êtes là c'est que vous en faites un peu. Mais ce qu'il faut qu'on dise
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    à ceux qui font pas de politique... Alors, vous êtes pas concernés parce que vous venez, là.
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    Mais je reçois tous les jours des mails de gens qui sont tombés par hasard,
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    sur le Net, ils sont tombés sur une conférence - et eux ils faisaient pas de politique,
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    ils avaient renoncé -, ils m'écrivent en disant : « J'ai trouvé un truc,
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    je me remets à faire de la politique. » Parce que cette idée de reprendre le contrôle
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    du constituant, du processus constituant, pas de toute la politique.
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    Si vous prenez le contrôle du constituant en disant : « Je fais attention à ce que
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    ceux qui écrivent les règles, là-haut, soient pas en conflit d'intérêt. »
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    Là vous allez avoir plein de contre-pouvoirs... des contre-pouvoirs
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    qui vont faire qu'ils se surveillent entre eux et que vous, vous allez pouvoir les surveiller,
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    qui font que vous aurez beaucoup moins à craindre.
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    Vous n'aurez plus besoin, si ça vous intéresse pas, vous n'aurez plus besoin
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    de faire de la politique, vous serez mieux protégés parce que vous vous êtes occupés...
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    non pas de toutes ces conséquences, il y en a trop, qui nous divisent,
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    qui nous dispersent, mais vous vous serez occupés de la racine, du seul truc
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    qui devrait nous réunir qui est... ce terreau d'où poussent toutes les injustices,
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    qui est notre impuissance politique. Et là vous êtes remontés...
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    Mais pourquoi est-ce qu'il y a cette impuissance politique par la Constitution ?
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    Mais pourquoi il y a une mauvaise Constitution ?
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    Parce que ceux qui l'écrivent sont en conflit d'intérêt.
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    Mais comment on fait pour qu'il n'y ait pas de conflits d'intérêt ?
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    Eh ben on évite - là vous êtes remontés à la cause des causes - on évite...
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    Je fais l'image des racines où je remonte à la cause des causes,
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    à la racine qui déclenche tout. Le fait qu'il y ait des professionnels de la politique
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    qui ont un intérêt à la Constitution. La Constitution, il va falloir qu'ils la craignent.
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    Non mais faut pas que ce soit eux qui l'écrivent ! Ça c'est chouardesque.
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    - Vous pensez pas qu'en plus du contrôle de la Constitution,
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    il faudrait aussi reprendre le contrôle du logos, du champ des mots ?
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    - Du conseil constitutionnel ? Vous voulez dire de ceux qui appliquent la Constitution ?
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    - Non mais même de nous-mêmes. C'est-à-dire que comme vous disiez tout au début,
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    au début de votre conférence, le fait que maintenant les mots ont un sens inverse :
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    le mot « démocratie » quand même... - Ah bah oui, ça c'est sûr. - On devrait aussi se réapproprier le champ lexical,
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    le logos, et j'ai l'impression que de toute façon, de plus en plus, on se dirige en plus
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    vers un monde à la George Orwell avec la « novlangue ».
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    C'est-à-dire que les termes sont complètement galvaudés, ils sont transformés,
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    ils veulent plus rien dire...
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    - Bien sûr, bien sûr, bien sûr.
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    D'accord. On se dit vingt minutes, et après y a un pot derrière.
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    Vingt minutes, c'est affreusement court.
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    À Grenoble, fin décembre à Grenoble, on a fini à une heure et demie
  • 12:33 - 12:35
    et, avec les yeux comme ça, hein, on s'est pas endormis, hein.
  • 12:35 - 12:37
    On a fini à une heure et demie parce qu'il fallait absolument arrêter.
  • 12:37 - 12:46
    - Je rebondis sur l'idée de... Boris... Je vais dans le même sens :
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    on est tous d'accord que comment c'est actuellement, c'est pas bien ;
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    mais moi je pars plus de l'idée qu'il faut, non pas séparer,
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    mais fusionner la politique et l'économiste et l'historien, que ce soit un même métier.
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    Mais par contre, que les électeurs ce soient des gens techniciens.
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    C'est-à-dire que n'ont le droit d'élire que ceux qui participent à des discussions
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    et qui deviennent techniciens. Et donc du coup, je pense que le discours va changer.
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    C'est-à-dire que ceux qui vont se présenter,
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    ils vont pas avoir un discours passionné comme « la France au travail »,
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    ils vont avoir un discours très technique, parce qu'ils vont savoir
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    que leur audience, que ceux qui les élisent, sont techniques aussi
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    et qu'ils vont faire les comptes, et qu'eux sont moins dupes
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    que les gens qui en ont, finalement, rien à faire et qui sont plus influencés
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    par le marketing actuel.
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    - Y a un argument là, y a un argument mais...
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    - Pas nous... en entrant... N'importe qui peut être technicien
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    en entrant...
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    - Ils se forment à être techniciens du coup ? - Voilà.
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    - Alors y a quelque chose d'attirant et de très repoussant en même temps,
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    je trouve dans cette idée. Elle est attirante, parce que c'est vrai
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    que les techniciens vont probablement avoir moins de passion.
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    Mais finalement, je crois que ça c'est un leurre, hein, parce que les techniciens...
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    On y est, là, dans le gouvernement des techniciens. Et c'est épouvantable.
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    - Non mais je veux dire le peuple de techniciens, c'est des gens... - C'est pas le bon terme.
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    - ... qui s'intéressent au moins à quelque chose...
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    - Non mais on revient sur l'idée de Boris, là.
  • 14:10 - 14:11
    - Ça va dans son sens...
  • 14:11 - 14:13
    - Oui, mais c'est pas forcément technicien, quoi. Parce que je trouve
  • 14:13 - 14:17
    que le pari des Athéniens qui dit que y a pas de compétence politique,
  • 14:17 - 14:22
    qu'il n'y a pas de technique politique. Nous sommes tous capables de goûter ce poulet
  • 14:22 - 14:24
    et de dire : « Il est bon, il est mauvais », et pourtant on n'est pas foutus

  • 14:24 - 14:29
    de le faire bon ou mauvais. C'est une image d'Alain dans les « Propos sur les pouvoirs ».
  • 14:29 - 14:32
    Je crois que c'est le meilleur livre que j'aie jamais lu - pourtant j'en lis un paquet -,
  • 14:32 - 14:35
    mais je crois vraiment le meilleur livre du monde. J'exagère un petit peu
  • 14:35 - 14:37
    parce que j'en mettrais peut-être deux ou trois quand même,
  • 14:37 - 14:41
    mais les « Propos sur les pouvoirs », c'est une merveille, une merveille.
  • 14:41 - 14:45
    Et lui il parle de l'objection de la compétence, il parle de... il dit :
  • 14:45 - 14:48
    « C'est pas raisonnable de se faire enfumer par des... »
  • 14:48 - 14:52
    Il utilise pas ces mots-là, mais c'est pas normal de se faire circonvenir
  • 14:52 - 14:56
    par des parlementaires qui nous font croire qu'ils sont compétents et nous pas.
  • 14:56 - 15:02
    Et il prend l'image du consommateur de politique que sont les citoyens
  • 15:02 - 15:06
    qui disent... donc qui ont délégué les parlementaires pour rendre des services,
  • 15:06 - 15:09
    et qui disent : « Je suis bien capable de savoir que ce que vous m'avez rendu c'est pas bon,
  • 15:09 - 15:12
    et de vous punir, même si je suis pas technicien de dire :
  • 15:12 - 15:18
    vous n'avez pas atteint le résultat. » Il a une autre image quand il parle de...
  • 15:18 - 15:24
    ... de savoir qui est le maître du navire, et en fait il dit : « Oui, peut-être qu'il nous faut
  • 15:24 - 15:27
    au parlement des techniciens qui sont le capitaine du navire,
  • 15:27 - 15:32
    qui savent comment diriger le navire, mais c'est nous l'armateur. »
  • 15:32 - 15:33
    C'est-à-dire que c'est nous qui disons où va le navire.
  • 15:33 - 15:36
    C'est pas le capitaine qui dit où va le navire. Donc il y a des images qui permettent de...
  • 15:36 - 15:40
    À mon avis le technicien... c'est Keynes qui disait : « Les économistes,
  • 15:40 - 15:42
    sur la banquette arrière ! C'est pas eux qui tiennent le volant. »
  • 15:42 - 15:46
    Et les techniciens, à mon avis, c'est pareil. Il faut pas qu'ils tiennent le volant.
  • 15:46 - 15:49
    Sinon on va à Big Brother. En même temps je comprends votre argument...
  • 15:49 - 15:53
    - Vous mélangez écnonomistes et banquiers, financiers...
  • 15:53 - 15:54
    - Eh ben pour moi c'est pareil.
  • 15:54 - 15:57
    - Non, un économiste c'est quelqu'un qui a travaillé, qui a des théories,
  • 15:57 - 16:01
    y a des grands bouquins de mille pages, et le but c'est quand même
  • 16:01 - 16:05
    l'enrichissement du peuple, la justice sociale... Les économistes
  • 16:05 - 16:09
    travaillent dans ce sens-là. C'est pas forcément les financiers et les banquiers
  • 16:09 - 16:10
    qui essaient de gratter le plus de sous possible.
  • 16:10 - 16:13
    - Enfin, l'immense majorité des économistes ont été payés par les financiers
  • 16:13 - 16:21
    et les commerçants pour légitimer la domination des plus riches, hein.
  • 16:21 - 16:23
    Il y a des exceptions, mais globalement les économistes c'est des...
  • 16:23 - 16:26
    - Je pense que la première chose à faire, c'est d'essayer de faire prendre conscience
  • 16:26 - 16:32
    à des gens qui sont dans la consommation pure de la politique actuelle,
  • 16:32 - 16:35
    que, peut-être, il y a une autre façon de voir la politique. Ce serait déjà ça.
  • 16:35 - 16:41
    C'est-à-dire de prendre conscience que nous on peut agir à notre niveau, quoi.
  • 16:41 - 16:45
    - Oui, mais il faut entendre Alexandre parce que moi je l'ai vécu aussi
  • 16:45 - 16:49
    plein de fois ça, hein. C'est-à-dire que il y a plein de gens,
  • 16:49 - 16:51
    quand vous leur parlez de politique, ils disent : « Attends, là tu m'as parlé de politique,
  • 16:51 - 16:54
    je t'ai écouté parce qu'on est potes, hein. Mais là faut pas
  • 16:54 - 16:57
    que tu me fasses ça une deuxième fois, sinon je viens plus jamais, quoi, hein. »
  • 16:57 - 17:01
    Et donc ils veulent pas en entendre parler du tout. Ils veulent entendre parler de foot,
  • 17:01 - 17:04
    de télé, de couillonnades... Et pourtant ils votent. Donc l'idée de Boris je la trouve très bonne.
  • 17:04 - 17:06
    - Ils ont tout fait pour que ça soit comme ça...
  • 17:06 - 17:09
    - Mais attention, faites gaffe. Non, s'il vous plaît, faites gaffe.
  • 17:09 - 17:13
    Dans ce qu'a dit Boris, y a quelque chose de très important.
  • 17:13 - 17:17
    Il y a plusieurs choses, hein, je crois. C'est de dire que les civils doivent être protégés...
  • 17:17 - 17:19
    Enfin, ce qu'il appelle « civils », ça m'intéresse comme mot ; j'avais jamais utilisé ça comme ça.
  • 17:19 - 17:22
    Pourquoi pas ? Mais ça pourrait être citoyens et électeurs, quoi.
  • 17:22 - 17:25
    C'est-à-dire que les civils ce seraient des électeurs. Des gens qui sont...
  • 17:25 - 17:27
    - Mais pourquoi vous faites des différenciations ?
  • 17:27 - 17:29
    - Mais si, mais si, parce que les gens sont pas les mêmes, c'est vrai.
  • 17:29 - 17:32
    - Est-ce qu'on est égaux en tant qu'êtres humains ?
  • 17:32 - 17:35
    - Qu'est-ce que vous voulez dire ? Essayez de développer, peut-être,
  • 17:35 - 17:36
    votre pensée, vous voulez dire quoi ?
  • 17:36 - 17:41
    - On n'est pas égaux. - On n'est pas égaux dans la volonté qu'on peut avoir.
  • 17:41 - 17:46
    - Si on a des citoyens et des civils d'un côté, alors y a plus d'égalité...
  • 17:46 - 17:48
    - C'est quoi votre prénom ?
  • 17:48 - 17:49
    - Monique.
  • 17:49 - 17:55
    - Monique, est-ce qu'on peut pas dire que on est tous égaux
  • 17:55 - 17:59
    dans le sens où on a tous le droit de devenir citoyen dès qu'on le veut.
  • 17:59 - 18:05
    Monique, c'est pas une pirouette ça, hein. C'est pas un mensonge de politicien
  • 18:05 - 18:08
    qui cache un non en disant oui ou le contraire. C'est vrai ça ce que je vous dis.
  • 18:08 - 18:13
    Est-ce que c'est pas une vraie liberté, une vraie égalité que de dire :
  • 18:13 - 18:19
    « Tant que tu veux pas, tu l'es pas, et dès que tu veux tu le seras. »
  • 18:19 - 18:23
    Ça c'est une égalité, non ? Et après ça, on n'est pas obligés de faire tous la même chose, Monique.
  • 18:23 - 18:26
    - C'est comme devenir Français, faut le choisir. Ben on va aller où là ?
  • 18:26 - 18:27
    - Oui mais c'est pareil...
  • 18:27 - 18:30
    - Moi, je suis pas du tout dans ce...
  • 18:30 - 18:31
    - Pourquoi ça vous choque ça ?
  • 18:31 - 18:32
    - Moi je trouve ça choquant.
  • 18:32 - 18:34
    - Et y a pas que les Français. Je crois que tous les humains du monde disent ça. Ils disent...
  • 18:36 - 18:38
    - On est tous des citoyens...
  • 18:38 - 18:43
    - Faites des opérations, alors, sur des gens... le lendemain... Vous pouvez pas être docteur
  • 18:43 - 18:46
    du jour au lendemain... Vous pouvez aussi parler de l'égalité des chances.
  • 18:46 - 18:49
    Si vous voulez être docteur, lui est docteur...
  • 18:49 - 18:54
    - Ah non, Alexandre, c'est pas ça l'objection. Non mais, Alexandre,
  • 18:54 - 18:56
    c'est pas une objection ça parce qu'en politique, normalement, y a pas de compétences :
  • 18:56 - 19:00
    on peut pas faire l'image du médecin. C'est pas ça la réponse.
  • 19:00 - 19:03
    Parce que c'est pas une question de compétence, c'est une question de volonté.
  • 19:03 - 19:07
    Le médecin il a une compétence. Et je trouve que la réponse du médecin
  • 19:07 - 19:10
    elle convient pas pour répondre à Monique, parce que Monique dit :
  • 19:10 - 19:14
    « Mais attends. Ou on est égaux ou on n'est pas égaux. Si on est égaux,
  • 19:14 - 19:17
    on commence pas à faire des différences politiques. »
  • 19:17 - 19:22
    Et vous dites : « Non mais il faut reconnaître qu'on n'est pas égaux.
  • 19:22 - 19:25
    Le médecin il a une compétence qu'il faut lui reconnaître et... »
  • 19:25 - 19:29
    Mais les démocrates, les Athéniens, ils disaient pas du tout
  • 19:29 - 19:32
    que le médecin il fallait le tirer au sort, hein.
  • 19:32 - 19:34
    - C'est pas l'égalité des connaissances...
  • 19:34 - 19:37
    - C'est l'égalité politique que demande Monique, c'est pas l'égalité des connaissances.
  • 19:37 - 19:50
    Mais, Monique... Non mais c'est super intéressant... C'est un sujet intéressant là, important.
  • 19:50 - 19:55
    - Pour moi l'égalité, c'est pas l'égalité des chances ou l'égalité de [?] C'est l'égalité des volontés.
  • 19:55 - 19:58
    C'est-à-dire qu'on n'est pas tous égaux envers la volonté
  • 19:58 - 20:02
    qu'on peut avoir envers un objet. Voilà. Il faut vraiment le vouloir.
  • 20:06 - 20:10
    - On est tous égaux, on est tous...
  • 20:10 - 20:13
    - Non mais Monique...
  • 20:13 - 20:14
    - Faut pas imposer l'égalité en fait, tout simplement.
  • 20:14 - 20:20
    - Monique, ce que dit Boris, n'est pas une inégalité politique.
  • 20:20 - 20:24
    Ce qu'il dit c'est pas une inégalité politique. Il dit qu'il y a une égalité politique,
  • 20:24 - 20:26
    mais y a une inégalité des volontés.
  • 20:26 - 20:34
    - Moi je suis pas compétente... Ça fait trois semaines que je vous connais,
  • 20:34 - 20:39
    j'ai pas mon bac, je suis pas compétente, je suis peintre en bâtiment, j'y connais rien.
  • 20:39 - 20:45
    J'y connais rien. Ce que je veux dire c'est que... Mais Boris y a des personnes comme moi
  • 20:45 - 20:48
    qui sont pas compétentes. On est plusieurs.
  • 20:48 - 20:49
    - Mais si t'es compétente puisque t'es là...
  • 20:49 - 20:54
    - Non, je suis pas compétente. La politique je ne voulais pas m'y intéresser. Les 99 % j'en fais partie.
  • 20:54 - 20:56
    - T'es pourtant là, t'es pourtant là...
  • 20:56 - 20:58
    - Je suis contente parce que ça m'a intéressée. Il y a quelque chose
  • 20:58 - 21:04
    qui m'a interpelée. - Parce qu'elle le veut, voilà. - Je suis motivée, et donc...
  • 21:04 - 21:07
    - Puisque t'es là ton vote vaut plus que quelqu'un qui n'est pas là.
  • 21:07 - 21:09
    C'est tout. C'est ce qu'on esssaie de dire.
  • 21:09 - 21:12
    - Et donc c'est important de pas parler de compétences, Alexandre.
  • 21:12 - 21:16
    - Je suis pas contre... ce que je veux dire. Je pense qu'il y a un problème de...
  • 21:16 - 21:16
    - De mots.
  • 21:26 - 21:28
    - Vous dites que ça fait six ans que vous le suivez, moi ça fait trois semaines.
  • 21:28 - 21:32
    - Je choisis mal mes mots, mais je pense que quelqu'un comme vous
  • 21:32 - 21:35
    est plus apte à voter que quelqu'un qui n'est jamais venu ici...
  • 21:35 - 21:37
    - Parce qu'elle le veut. Parce qu'elle le veut.
  • 21:37 - 21:40
    Mais c'est vrai ça, Monique ; non ça se défend quand même ?
  • 21:40 - 21:42
    - Qu'est-ce qui vous choque, Monique ?
  • 21:42 - 21:44
    - Et pour moi ça c'est pas inégal. Donc c'est pour ça que ça m'énerve
  • 21:44 - 21:46
    quand on dit que c'est inégal. Parce que pour moi, le fait que vous êtes là,
  • 21:46 - 21:51
    c'est la preuve que ça n'a rien à voir avec le social, c'est juste la volonté de vouloir.
  • 21:51 - 21:54
    Et rien que ça, rien que l'avoir, eh ben ça suffit. Et si on l'a pas,
  • 21:54 - 21:57
    on devrait pas pouvoir voter parce que c'est une arme de destuction massive
  • 21:57 - 22:02
    pour quelqu'un qui n'en a rien à foutre de pouvoir voter.
  • 22:02 - 22:16
    - Qu'est-ce qui vous choque, Monique ? - Moi, je dis l'extrême droite, à ce moment-là, ils ont la volonté, hein.
  • 22:16 - 22:26
    - Pourquoi vous parlez de l'extrême droite ? Il y a l'extrême droite et l'extrême gauche et le centre...
  • 22:26 - 22:28
    - Non mais on parle de la volonté d'être citoyen ou pas là.
  • 22:28 - 22:34
    - Oui, voilà.
  • 22:34 - 22:38
    - Ils sont dans le noir. Est-ce qu'on peut allumer un peu la lumière... ?
  • 22:38 - 22:48
    - Comment on peut juger de l'aptitude...
  • 22:48 - 22:52
    Comment peut-on juger de l'aptitude de quelqu'un à être un citoyen,
  • 22:52 - 22:59
    à être apte ? Parce que là on est en train de parler de l'aptitude individuelle.
  • 22:59 - 23:04
    - Non, on parle de volonté ! S'ils le veulent, s'ils le veulent.
  • 23:04 - 23:10
    - Et une personne qui n'en a pas de volonté. C'est une question d'éducation là...
  • 23:10 - 23:16
    Chacun en nous, qu'est-ce qui nous conditionne ? Comment on en arrive à s'y intéresser
  • 23:16 - 23:19
    et comment on est capable de faire la distinction entre un civil et un citoyen ?
  • 23:19 - 23:24
    - L'idée c'est d'essayer d'écarter le marketing, l'influence du marketing
  • 23:24 - 23:26
    sur les gens qui n'en ont rien à faire. Qui à la fin arrivent,
  • 23:26 - 23:30
    et qui sont pas décidés, qui votent oui ou non sur un feeling :
  • 23:30 - 23:33
    « Ah ben lui il a l'air beau, machin, je vais voter oui ou non. » Alors qu'au final,
  • 23:33 - 23:37
    il pourrait faire plus de mal que de bien. Et il suffit de s'intéresser...
  • 23:37 - 23:42
    - Je trouve qu'il y a beaucoup de jugements de valeur...
  • 23:42 - 23:44
    - Non mais c'est bien qu'elle réponde quand même.
  • 23:50 - 23:53
    - Attendez, c'est super le ping-pong, là, mais il faudrait que les autres
  • 23:53 - 23:56
    ne parlent pas en même temps. Vraiment, c'est super ce ping-pong,
  • 23:56 - 24:00
    il est très intéressant. Mais ce qu'il faudrait c'est que quand... on est dans une une espèce de discipline,
  • 24:00 - 24:04
    c'est que quand il y en a un qui parle, on parle pas en même temps parce que c'est...
  • 24:04 - 24:07
    À chaque fois c'est intéressant, hein, et en fait, quand il y en a un qui a repondu,
  • 24:07 - 24:09
    il faut que l'autre puisse répondre parce que c'est pas fini.
  • 24:09 - 24:13
    Monique elle n'a pas fini, hein... Faut qu'elle arrive à défendre son point de vue aussi.
  • 24:13 - 24:16
    Mais simplement il faudrait pas parler en même temps.
  • 24:16 - 24:19
    Parce que là moi j'arrive à m'imposer parce que j'ai un micro, alors que là,
  • 24:19 - 24:23
    vous n'avez pas de micro, donc il faut tendre l'oreille. Donc c'est important
  • 24:23 - 24:28
    qu'on se taise tous quand vous faites votre ping-pong. Mais c'est intéressant parce qu'il y a...
  • 24:28 - 24:32
    C'est juste une question de mot je pense. Parce que c'est tout à fait défendable
  • 24:32 - 24:36
    l'idée d'avoir des régimes différents. Un peu comme comme on accepte
  • 24:36 - 24:41
    que quelqu'un n'aille pas voter. On lui donne le droit de voter,
  • 24:41 - 24:46
    et il n'exerce sa puissance que s'il vote. Mais, Monique, c'est exactement ça, hein ? Non ?
  • 24:46 - 24:51
    Vous les obligez pas à voter ? - Pas du tout. - Eh ben ce serait pareil là.
  • 24:51 - 24:55
    C'est-à-dire que celui qui n'est pas citoyen, il peut le devenir s'il le veut.
  • 24:55 - 24:58
    - Pourquoi lui donner un nom particulier à ce non-votant ?
  • 24:58 - 25:02
    - Bah parce qu'il y aurait un pouvoir pour ceux
  • 25:02 - 25:07
    qui sont citoyens parce qu'ils le veulent... Mais ça peut se régler...
  • 25:07 - 25:10
    Eux, ils sont en train d'imaginer un statut. Mais moi, à mon avis,
  • 25:10 - 25:14
    quand il y a une grande assemblée et que viennent, donc comme à Athènes,
  • 25:14 - 25:17
    et viennent ceux qui veulent sur les sujets, on a ça.
  • 25:17 - 25:18
    - Voilà, tout à fait.
  • 25:18 - 25:22
    - Et y a pas besoin d'avoir un statut, Boris. Tu comprends ce que je veux dire ?
  • 25:22 - 25:26
    C'est-à-dire que si nous votons nos lois, c'est-à-dire si on arrête d'accepter
  • 25:26 - 25:29
    d'avoir des représentants. On dit : « On veut plus de représentants,
  • 25:29 - 25:33
    on veut voter nous-mêmes nos lois. » À ce moment-là, on s'assemble
  • 25:33 - 25:37
    quartier par quartier, commune par commune, et on vote directement nos lois.
  • 25:37 - 25:41
    Dans ce cas-là, on est bien à la fois dans ce que vous connaissez, à mon avis,
  • 25:41 - 25:44
    ce que vous admettez, quand même, là. C'est-à-dire que viennent ceux qui veulent,
  • 25:44 - 25:47
    vous allez pas les forcer à venir. Viennent ceux qui veulent,
  • 25:47 - 25:49
    et donc ceux qui viennent, ceux qui veulent, c'est bien les citoyens,
  • 25:49 - 25:51
    y a pas besoin de leur mettre une étiquette ou pas une étiquette.
  • 25:51 - 25:53
    - Ce que vous préconisez, c'est le but ultime. Moi j'aimerais
  • 25:53 - 25:55
    qu'on arrive jusque là...
  • 25:55 - 25:55
    - Et y a pas besoin de statut, là.
  • 25:55 - 25:59
    - ... mais entre-temps, il faudrait une politique, on va dire, d' « évangélisation » des citoyens.
  • 26:04 - 26:06
    - C'est pas le bon mot ! - Ce que tu cherches, c'est un levier...
  • 26:06 - 26:10
    - Prenez pas mal les trucs, c'est un mot...
  • 26:10 - 26:13
    - Il faut une distinction, il faut deux statuts au départ pour motiver tout le monde
  • 26:13 - 26:17
    pour devenir citoyen. Il faut motiver les civils pour qu'ils deviennent citoyens.
  • 26:17 - 26:22
    - Bon, mais en même temps Boris, tu... enfin vous sentez que... je comprends votre aptitude...
  • 26:22 - 26:25
    enfin, vous comptez sur le côté aristocratique, sur le côté...
  • 26:25 - 26:27
    mais aristocratique dans le bon sens du terme.
  • 26:27 - 26:29
    C'est-à-dire un peu comme une légion d'honneur, enfin comme un...
  • 26:29 - 26:30
    - Voilà, oui.
  • 26:30 - 26:32
    - ... une espèce de diplôme qui donnerait envie aux gens
  • 26:32 - 26:34
    de s'en occuper parce qu'on leur met un... les gens sont très sensibles
  • 26:34 - 26:38
    à l'insigne, hein. Et d'autres interprètent ça comme une discrimination
  • 26:38 - 26:41
    en disant : « Attends, il va y avoir deux catégories de citoyens. »
  • 26:41 - 26:43
    Il va y avoir, comme on disait pendant la Révolution française,
  • 26:43 - 26:47
    c'était honteux, hein, y avait les citoyens actifs, ceux qui votaient,
  • 26:47 - 26:51
    et puis les citoyens passifs qui valaient rien quoi, hein. Et ça c'était révoltant.
  • 26:51 - 26:54
    Mais c'est pas à ça que vous pensez, et c'est pourtant ça que suggère
  • 26:54 - 27:00
    - « c'est trop long votre truc » - c'est ça que suggère le statut, le diplôme, quoi,
  • 27:00 - 27:01
    mais à mon avis on n'en a pas besoin.
  • 27:01 - 27:04
    - La volonté est la chose du monde la mieux partagée,
  • 27:04 - 27:06
    tout le monde a de la volonté, quelles que soient les classes sociales, quels que soient les...
  • 27:17 - 27:19
    - C'est très intéressant, mais je trouve que avec ce que tu proposes,
  • 27:19 - 27:24
    qui est intéressant à nouveau, on suppose le problème déjà résolu.
  • 27:24 - 27:27
    Qu'est-ce qu'on va faire si le peuple a déjà repris le pouvoir politique
  • 27:27 - 27:31
    et comment il va s'organiser ? Je trouve que ce qui est le plus intéressant,
  • 27:31 - 27:36
    et dans ce cas-là on peut imaginer plein plein de choses positives, créatives, etc.
  • 27:36 - 27:41
    ... tu comprends ce que je veux dire... juste pour dire que...
  • 27:41 - 27:43
    En tout cas, moi, ce qui m'intéresse plus c'est comment on fait passer le message,
  • 27:43 - 27:47
    comment on fait boule de neige, comment on arrive à se fédérer
  • 27:47 - 27:49
    pour être des globules blancs et mettre des outils en place en commun
  • 27:49 - 27:55
    pour travailler avec Internet, avec une gestion décentralisée ; ça ça m'intéresse beaucoup.
  • 27:55 - 27:59
    Et aussi la forme, comment on va présenter les choses. Il me paraît...
  • 27:59 - 28:03
    ... des critiques, mais elles sont pas vraiment sur le fond du tirage au sort ;
  • 28:03 - 28:07
    c'est plus sur la présentation. Est-ce que le tirage au sort
  • 28:07 - 28:11
    c'est vraiment ça qui est essentiel ? Ou est-ce que c'est le contrôle des élus ?
  • 28:11 - 28:15
    Et à la fois... les mandats qui sont courts, non renouvelables,
  • 28:15 - 28:20
    et l'épée de Damoclès qui pèse sur les élus. Donc, si on veut faire un mouvement
  • 28:20 - 28:24
    où on veut faire passer des idées, est-ce qu'on parle de tirage au sort avant tout ?
  • 28:24 - 28:29
    Ça apparaît être essentiel dans le processus constituant,
  • 28:29 - 28:31
    mais ensuite je pense que c'est plutôt sur d'autres idées
  • 28:31 - 28:33
    qui me paraissent presque plus importantes ;
  • 28:33 - 28:36
    et comme c'est marqué « procédure centrale : tirage au sort »,
  • 28:36 - 28:38
    je demande à Étienne si tu penses pas qu'au final c'est pas moins central
  • 28:38 - 28:44
    que d'autres choses. Et la deuxième chose, pour finir,
  • 28:44 - 28:47
    c'est sur la cause des causes, je pense qu'il n'y a pas de cause des causes,
  • 28:47 - 28:49
    dans le sens où la causalité n'est pas linéaire, cartésienne,
  • 28:49 - 28:52
    mais qu'elle est complexe, c'est-à-dire qu'il y a plusieurs choses
  • 28:52 - 28:55
    qui vont co-construire la réalité. Et donc il y a plusieurs choses.
  • 28:55 - 28:58
    Donc, est-ce que c'est le système monétaire ou est-ce que c'est
  • 28:58 - 29:05
    le manque d'attention dans qui écrit la Constitution ? Ou est-ce que c'est,
  • 29:05 - 29:09
    par exemple, simplement la rareté ? Le fait qu'avant... que quand il y a un pain disponible
  • 29:09 - 29:12
    pour cent personnes, on va tous se battre pour l'avoir, et ça c'est mécanique.
  • 29:12 - 29:15
    C'est comme ça que ça a toujours marché. Et on a effacé la rareté
  • 29:15 - 29:20
    grâce à la technologie. Aujourd'hui on vit dans une société d'abondance,
  • 29:20 - 29:25
    ou même d'opulence parfois, et on maintient, et ça c'est un appel à une réflexion
  • 29:25 - 29:28
    sur le système économique et ses mécanismes et ses contingences,
  • 29:28 - 29:31
    mais plutôt ses mécanismes dans ce cas-là, c'est qu'on maintient la rareté
  • 29:31 - 29:36
    pour maintenir le système monétaire. C'est Thorstein Veblen qui disait ça au début du siècle,
  • 29:36 - 29:41
    un économiste institutionnaliste, qui avait une vision d'ensemble de la société :
  • 29:41 - 29:44
    sociologie, économie, politique, droit, etc.,
  • 29:44 - 29:49
    et qui montrait que y a un vrai paradoxe entre la valeur d'usage et la valeur marchande.
  • 29:49 - 29:54
    Donc la valeur d'usage c'est ce que les ingénieurs... c'est l'utilité que vous avez
  • 29:54 - 29:58
    de tel bien ou service. Les ingénieurs, donc, vont essayer de créer l'abondance,
  • 29:58 - 30:01
    de créer les systèmes qui vont produire plus avec moins, etc.,
  • 30:01 - 30:05
    et la valeur marchande, en fait, c'est la loi de l'offre et de la demande.
  • 30:05 - 30:08
    C'est plus un bien est abondant, moins il est cher.
  • 30:08 - 30:10
    Plus une compétence est rare, plus elle est chère.
  • 30:10 - 30:14
    Je sais pas si vous m'avez compris. Plus un bien est abondant,
  • 30:14 - 30:16
    moins il est cher et moins il y a de profit.
  • 30:16 - 30:20
    Donc on maintient les usines, les machines pour qu'elles produisent pas trop.
  • 30:20 - 30:25
    Donc la rareté est maintenue par le système économique même, par la logique de profit.
  • 30:25 - 30:31
    Ça c'est quelque chose qui est central... Bon, j'essaie de recentrer
  • 30:31 - 30:34
    un peu le débat sur l'économie plutôt que sur : qu'est-ce qu'on fera
  • 30:34 - 30:51
    quand le problème est déjà résolu ?, quoi.
  • 30:51 - 30:54
    - Je vais commencer par la deuxième, sur le multifactoriel.
  • 30:54 - 30:58
    C'est vrai que tout est multifactoriel et que quand on cherche la cause des causes,
  • 30:58 - 31:03
    on va pas trouver une cause unique. C'est pas ça qu'on cherche : on cherche
  • 31:03 - 31:09
    à soigner une maladie. Et la cause des causes, c'est parmi toutes les causes premières
  • 31:09 - 31:16
    - et c'est vrai qu'il peut y en avoir plusieurs - on en cherche au moins une qui soit déterminante ;
  • 31:16 - 31:23
    c'est-à-dire qu'elle détermine les autres. Ça veut dire que par définition si tu la changes, tu changes tout
  • 31:23 - 31:26
    en aval. C'est ça qu'on cherche. Donc c'est peut-être, peut-être tu as raison :
  • 31:26 - 31:35
    peut-être que on trouvera un autre moyen que celui que je suggère qui est de changer le droit du droit
  • 31:35 - 31:40
    pour arrêter d'avoir un droit injuste et sortir de toutes les injustices parce que nous allons...
  • 31:40 - 31:46
    Si tu veux quand je dis si nous rétablissons notre puissance politique,
  • 31:46 - 31:52
    moi, je compte ensuite sur le hasard et la multiplicité, la biodiversité de nos exigences
  • 31:52 - 31:58
    et de nos luttes, une fois que nous serons rendus puissants, nous serons capables
  • 31:58 - 32:01
    de corriger toutes les injustices, ou en tout cas un grand nombre d'injustices,
  • 32:01 - 32:04
    parce que nous avons réglé quelque chose qui est déterminant.
  • 32:04 - 32:07
    Je sais bien que c'est pas tout,
  • 32:07 - 32:08
    je sais bien que c'est multifactoriel, hein,
  • 32:08 - 32:13
    notre prison politique, elle a été fabriquée par les plus riches,
  • 32:13 - 32:16
    parce que les plus riches ont commencé grâce a cette richesse
  • 32:16 - 32:22
    à corrompre les acteurs politiques du moment de façon à devenir encore plus riches que riches.
  • 32:22 - 32:30
    C'est Bonaparte, il faut pas que je dise de gros mots, cet affreux jojo de Bonaparte,
  • 32:30 - 32:31
    qui est poussé par les financiers qui veulent faire la Banque de France,
  • 32:31 - 32:35
    qui gagne toutes ses guerres, parce qu'on lui paye ses guerres,
  • 32:35 - 32:40
    parce que on l'aide partout, parce que à chaque fois qu'il y a des ennemis on l'en débarrasse,
  • 32:40 - 32:42
    on lui fabrique sa chance !
  • 32:42 - 32:45
    Jusqu'à ce que... Il renvoie l'ascenseur et crée la banque dite de France,
  • 32:45 - 32:50
    qui est en fait le début du grand racket qui fait que ces gens-là
  • 32:50 - 32:53
    vont ensuite tout contrôler tout le temps.
  • 32:54 - 32:57
    Je sais bien que au point de départ ça a été la richesse,
  • 32:58 - 33:04
    mais ce qui a décuplé leurs richesses c'est le suffrage universel.
  • 33:04 - 33:10
    C'est ça qui leur a permis, par les parlementaires, de prendre le contrôle de la production du droit.
  • 33:11 - 33:17
    Moi ce que je dis, puisque c'est ça qui permet de booster... On ne va peut-être pas
  • 33:17 - 33:22
    se débarrasser des riches ou de la cupidité, mais on va leur retirer le turbo au moteur, on va leur retirer...
  • 33:22 - 33:28
    En leur retirant le suffrage universel qui, après 200 ans, a fait la preuve
  • 33:28 - 33:31
    qu'il ne tient pas ses promesses, en retirant le turbo, en mettant à la place un tirage au sort avec tous les contrôles
  • 33:31 - 33:38
    qui vont avec, on va se rendre une partie au moins de la puissance politique qui va nous permettre de régler les problémes.
  • 33:38 - 33:41
    Mais je sais bien que ce n'est pas une panacée, hein, je ne m'attends pas à une perfection.
  • 33:41 - 33:44
    Donc, bah j'ai répondu aux deux, je crois, hein.
  • 33:45 - 33:48
    Parce que quand tu me dis « le tirage au sort n'est pas essentiel,
  • 33:51 - 33:56
    il est pas central, c'est le contrôle des élus. » Le problème c'est que le contrôle des élus,
  • 33:58 - 34:02
    il va falloir le programmer dans une Constitution,
  • 34:02 - 34:05
    Frédéric. C'est Frédéric, hein ? - Sébastien. - Sébastien, pardon.
  • 34:05 - 34:11
    Sébastien, il va y avoir le contrôle des élus, il va falloir l'écrire dans une Constitution.
  • 34:11 - 34:14
    Donc, tu me dis : « Le plus important c'est le contrôle des élus. »
  • 34:14 - 34:17
    Non mais le contrôle des élus, je l'ai bien vu, moi. Quand j'ai analysé,
  • 34:17 - 34:20
    j'ai dit : mon impuissance politique, elle vient du fait que j'arrive pas a contrôler mes élus.
  • 34:20 - 34:23
    Et pourquoi j'arrive pas à contrôler mes élus ? C'est parce que j'ai une mauvaise Constitution.
  • 34:23 - 34:27
    Pourquoi j'ai une mauvaise Constitution ? C'est parce que c'est les élus qui l'ont écrite !
  • 34:27 - 34:31
    Donc, je sais bien ce que tu m'as dit, mais pour moi c'est en aval.
  • 34:31 - 34:34
    C'est une des causes, et je suis déjà, moi, plus sur la cause des causes.
  • 34:34 - 34:40
    Parce que si tu me dis : « Il suffit de contrôler les élus. » Bah, je te dis : « Bah, effectivement. » Mais comment tu vas faire ?
  • 34:40 - 34:44
    Parce que si tu règles pas le problème de qui écrit la Constitution, si tu laisses les élus
  • 34:44 - 34:46
    écrire la Constitution, tu vas attendre longtemps qu'ils écrivent le contrôle des élus !
  • 34:46 - 34:49
    Ils ne l'écriront jamais ! Tu comprends ce que je veux dire ? Dans la logique, c'est multifactoriel,
  • 34:49 - 34:56
    mais t'en as qui sont déterminants. C'est parce que c'est des élus qui ont écrit la Constitution
  • 34:56 - 34:59
    qu'il n' y a pas de contrôle des élus dans la Constitution, et pas le contraire !
  • 34:59 - 35:07
    - Mais pour moi, c'est parce qu'il y a rareté qu'on est obligés d'être organisés avec le principe du marché, puisqu'il n'y avait pas assez
  • 35:07 - 35:11
    pour distribuer pour tout le monde, donc on était obligés de rentrer dans ce modèle de concurrence...
  • 35:12 - 35:15
    - Quel rapport entre le marché et qui écrit la Constitution ?
  • 35:15 - 35:17
    - La cause des causes de quoi ? La cause des causes de nos problèmes actuels ?
  • 35:17 - 35:19
    - De notre impuissance politique !
  • 35:19 - 35:20
    - Ah, d'accord.
  • 35:20 - 35:27
    - De notre impuissance politique à résister sur la monnaie, à résister sur la rareté, à résister sur le droit injuste dans l'entreprise,
  • 35:27 - 35:34
    à résister sur... Notre impuissance politique elle a une cause puissante qui, à mon avis, est réglée par le tirage au sort.
  • 35:34 - 35:39
    - Ce qu'il veut dire c'est qu'on aurait peut-être besoin, à un moment ponctuel, d'avoir une masse de tirés au sort qui écrivent
  • 35:39 - 35:46
    une Constitution robuste et... - Et juste. - Suffisamment robuste pour qu'on n'ait plus besoin de tirer au sort. C'est peut-être ça qu'il voulait dire.
  • 35:46 - 35:52
    - Absolument, mais absolument, je suis d'accord avec ça ! À mon avis, il en faudra un petit peu. On n'est pas obligés d'avoir une démocratie complète.
  • 35:52 - 35:59
    Pas du tout. Moi, je m'en fais le... Je deviens, progressivement, sans le vouloir le défenseur de ce régime,
  • 35:59 - 36:05
    apparemment, parce que, en l'expliquant ça aide à comprendre ce qui nous aiderait à sortir du pétrin ;
  • 36:05 - 36:10
    parce que c'est des choses qui ont marché, qui ont été testées, rodées, améliorées pendant 200 ans,
  • 36:10 - 36:17
    donc on pourrait vraiment s'en servir. Mais j'ai en même temps que cette réflexion sur une pure démocratie,
  • 36:17 - 36:25
    une vraie démocratie, j'ai une réflexion très avancée, très variée, très documentée sur l'amélioration du gouvernement représentatif.
  • 36:25 - 36:31
    C'est-à-dire on garderait les élus, on garderait des représentants, simplement, on les contrôlerait mieux.
  • 36:31 - 36:37
    Mais j'ai toujours besoin du tirage au sort pour l'Assemblée constituante,
  • 36:37 - 36:42
    sauf si vous trouvez une idée meilleure que le tirage au sort pour avoir une Assemblée constituante désintéressée.
  • 36:45 - 36:46
    - Bah une dictature royaliste. - Pourquoi pas ? Mais il me faut des garanties, hein.
  • 36:46 - 36:47
    Comment ?
  • 36:49 - 36:53
    - Le problème du rapport Sauvé : les parlementaires se sont gentiment assis dessus. C'est ce que vous disiez :
  • 36:53 - 37:00
    demander aux élus de créer les règles auxquelles ils seraient soumis, sur les conflits d'intérêts en particulier,
  • 37:00 - 37:02
    on voit bien que ça ne fonctionne pas. Le rapport Sauvé [?]
  • 37:07 - 37:13
    Les sénateurs ne veulent pas voter de loi, l'Assemblée nationale pas plus que ça non plus. Donc je rejoins votre position là-dessus.
  • 37:15 - 37:21
    - Donc, est-ce qu'on est d'accord pour faire une priorité ? Peut-être pas la seule,
  • 37:21 - 37:23
    mais une priorité c'est mieux quand elle est seule, quand même.
  • 37:23 - 37:36
    De faire une priorité pour régler, peut-être pas tous, Alain. Il est parti Alain ? - Oui. - Mince. Peut-être pas pour régler tous nos problèmes,
  • 37:36 - 37:38
    mais pour en régler une grande partie, est-ce qu'on est d'accord sur l'idée d'une priorité qui serait de... - Changer le système.
  • 37:42 - 37:46
    - C'est-à-dire d'imposer, de mettre dans ce que nous voulons...
  • 37:46 - 37:51
    Une Assemblée constituante sans professionnels de la politique.
  • 37:51 - 37:56
    Des gens qui ne veulent pas du pouvoir. On veut que dans la Constituante ce soit des gens
  • 37:56 - 37:59
    qui renoncent d'abord au pouvoir pour le futur, mais qui ne sont pas des professionnels,
  • 38:01 - 38:03
    c'est-à-dire c'est des gens qui ont... Ou bien est-ce qu'il y a quelque chose qui vous chiffonne là-dedans ?
  • 38:04 - 38:08
    - Là, ça va déjà trop loin et le Venezuela a démontré que même avec des professionnels de la politique
  • 38:08 - 38:09
    on peut quand même avoir quelque chose qui est beaucoup mieux que ce qu'on a, nous,
  • 38:09 - 38:12
    aujourd'hui en France. Même si ce n'est pas encore de la démocratie réelle,
  • 38:12 - 38:17
    ils ont quand même via des professionnels qui ont écrit cette Constitution,
  • 38:17 -
    même si elle a été votée... - Par le peuple, hein. C'est eux qui l'ont écrite, hein.
Title:
Etienne Chouard. — Partie VI. — Conférence de Lyon, mars 2012.
Description:

PARTIE VI : Débats
— Une proposition originale de Boris, débattue ensuite avec Monique.
— Une idée simple et puissante : «Nous ne voulons pas de professionnels de la politique dans l'assemblée constituante.»
Retour sur :
- L'importance de la constitution.
- Le conflit d'intérêt.
- La cause des causes.
- Les questions de la compétence et de la volonté.

Bibliographie :
- Alain, Propos sur les pouvoirs. — Éditions Gallimard (1 janvier 1985).

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Video Language:
French
Duration:
38:45

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